un choix audacieux pour accueillir la relève

Du lait toute l’année
Une clientèle solide
La production laitière annuelle de la ferme s’élève actuellement à 55-60.000 l, écoulés via différents débouchés qui n’ont pas toujours été faciles à trouver.
Ainsi, si Pierre et Isabelle ont rapidement su vendre leur production à la laiterie de Chimay, cette collaboration commerciale n’a été que de courte durée, de 1988 à 1992. S’en sont suivies plusieurs années difficiles, résultant principalement de la méconnaissance du public pour le fromage de brebis. Depuis, le couple s’est forgé une clientèle solide, notamment auprès d’artisans fromagers, et le fromage de brebis a su trouver ses lettres de noblesses auprès des consommateurs.
C’est d’ailleurs à la demande d’un de ses clients, la Fromagerie du Gros Chêne, que la famille Artoisenet a converti sa ferme à l’agriculture biologique, voici quatre ans. Un avantage financier certain auquel s’ajoute sa capacité à fournir du lait durant toute l’année. « Le prix du lait a considérablement augmenté quand nous sommes passés en bio », précise l’éleveur. En outre, certains fromagers offrent une prime supplémentaire pour le lait livré en hiver.
Une petite partie de la production est également vendue à des particuliers et, en hiver, à des éleveurs-transformateurs ne pratiquant pas le désaisonnement de leur cheptel. Enfin, moins de 10 % du lait sont transformés à la ferme (lire ci-dessous).
Quant aux agneaux, ceux-ci sont engraissés à la ferme jusqu’à un poids d’environ 20 kg puis vendus à Coprosain.
La jeune génération transforme
Fin 2016, une nouvelle activité a vu le jour sur la ferme suite à l’arrivée de Julien et Adèle. « Afin qu’ils puissent s’installer, nous nous devions de trouver une source de revenus supplémentaire. C’est ainsi que sont nés l’atelier de transformation et le magasin », éclaircit Pierre.
Pour ce faire, la famille a acquis un container qu’elle a entièrement aménagé, intérieurement et extérieurement, pour qu’il soit isolé et adapté à ses besoins et aux normes sanitaires. Il a ensuite été recouvert de bois, de sorte qu’il se fonde dans le paysage de l’exploitation. À l’intérieur, la première partie du container est dédiée au magasin avec son comptoir et ses frigos. La seconde partie est quant à elle consacrée à la transformation à proprement parler.
Depuis maintenant six mois environ, Julien et Adèle transforme chaque semaine 150 l de lait en divers fromages frais ou affinés, yaourts, maquées et fromages « type feta » vendus à la ferme. « Nous sommes encore dans une phase de test mais nous pourrions, dans un futur plus ou moins proche, monter à 200 voire 250 l de lait transformés par semaine. » La possibilité de faire, un jour, des tommes est également étudiée.
En toute autonomie, ou presque
Du côté de l’alimentation, la famille vise un maximum d’autonomie. Sur la petite trentaine d’hectares que compte l’exploitation, deux tiers sont consacrés aux prairies permanentes et temporaires. Sur ces dernières, différents mélanges sont implantés : luzerne – dactyle, trèfle violet – fléole et ray-grass anglais – dactyle – fétuque élevée – luzerne – trèfle violet – trèfle blanc – lotier. Ces prairies sont soit pâturées, soit fauchées. Le produit de la fauche est consommé par les brebis sous forme de foin ou d’enrubanné.
Aux prairies viennent s’ajouter deux cultures énergétiques : un mélange orge – pois protéagineux destiné aux brebis et agneaux et une association triticale – pois fourrager réservée aux brebis. Prairies et cultures ne sont fertilisées qu’avec les effluents d’élevage et, selon les besoins, de la chaux magnésienne.
Cependant, atteindre l’autonomie totale en élevant 280-300 brebis sur 30 ha s’avère compliqué. Une part des aliments doit donc être achetée à l’extérieur de la ferme. « Pour que l’on soit autonome, je souhaiterais limiter le troupeau à 260-270 animaux. Mais tout en augmentant leur productivité en vue de maintenir constante notre production annuelle », commente Pierre. Afin de rencontrer cet objectif, l’éleveur mise sur la génétique et sélectionne ses béliers dans ce sens pour le renouvellement du troupeau. Après reproduction (en saison et contre-saison), 80 agnelles environ sont conservées chaque année, dont une cinquantaine en désaisonnement au vu de la bonne héritabilité de ce caractère faisant la force de l’élevage Artoisenet.
