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Les plants de pommes de terre

seront dans ce cas issus de semis !

Cultiver des pommes de terre à partir de semences ? Est-ce l’avenir ou une utopie ? Solynta, une maison de sélection néerlandaise, estime que cette technique présente de nombreux avantages. Les premières semences de pommes de terre hybrides pourraient être proposées sur le marché dans les quatre ans à venir.

Temps de lecture : 5 min

En pommes de terre, les variétés hybrides sont l’avenir, clame-t-on chez Solynta, une maison de sélection basée à Wageningen, aux Pays-Bas. Celle-ci sélectionne des pommes de terre mais d’une tout autre manière en comparaison avec ses concurrentes.

La sélection de nouvelles variétés de pommes de terre est vraiment indispensable car il s’agit de la plus grande culture alimentaire mondiale après le maïs, le blé et le riz, en termes d’hectares cultivés. La pomme de terre offre des avantages évidents pour une population mondiale croissante. Elle est utilisable quasi directement ; elle est nourrissante, pas chère, saine, et elle est moins gourmande en eau que les autres cultures alimentaires.

Des points faibles

Les pommes de terre ne peuvent être cultivées qu’à partir de plants dont on sait qu’ils sont volumineux, sensibles aux endommagements, aux contaminations, et en plus, ils peuvent dégénérer. La sensibilité aux maladies oblige le planteur à y faire face en recourant à divers pesticides.

La structure génétique de la pomme de terre est complexe, et il est bien difficile de sélectionner de nouvelles variétés. Les rendements des céréales, du maïs, de la betterave, mais aussi de la tomate, du concombre… progressent depuis des années. On ne peut pas en dire autant de la pomme de terre. Nous cultivons aujourd’hui encore des variétés qui ont plus de 100 ans. C’est tout dire, même si d’autres raisons peuvent expliquer cette longévité.

Enfin, la pomme de terre pose des problèmes sur le plan logistique. Solynta entend changer cela. Michiel De Vries, ingénieur agronome chez Solynta explique : « Nous produisons des pommes de terre à partir de semences, et pas à partir de plants. Cultiver des pommes de terre à partir de graines constituerait une solution à divers problèmes, notamment à la formation de résistances. »

Cela paraîtrait en effet assez facile. Michiel De Vries présente, dans la main, un sachet contenant 40.000 graines de pommes de terre, des graines pas plus grosses que celles de tomate. C’est suffisant pour ensemencer un ha de plants de pommes de terre. Bref, un sachet de 25 g pour remplacer 2.500 kg de plants.

Les avantages de la semence

Le recours à des semences présente quelques avantages. On peut envoyer celles-ci par voie postale, le stockage est facile et il peut durer longtemps. Les semences enfermées dans un sachet sont peu sujettes aux maladies, pour autant que le surveille de près le taux d’humidité. Un autre et important avantage : les semences sont propres et n’hébergent aucun pathogène.

En outre, Michiel De Vries affirme que la sélection peut gagner en rapidité : « On peut, de façon plus rapide, rassembler les meilleures caractéristiques de variétés par l’hybridation. On sait d’avance quelles caractéristiques on recherche. Du fait de la production de semences, on peut présenter sur le marché de nouvelles variétés en seulement deux ans, contrairement à 10 ans dans le cas des tubercules qui sont plantés. »

De la sorte, dans sa sélection, Solynta peut s’intéresser au goût, à la valeur alimentaire, à la résistance à la sécheresse et à l’accroissement des rendements. La recherche montre qu’en 10 ans, les rendements des pommes de terre pourraient augmenter de 30 % dans les pays développés, et même doubler dans les pays en développement. Un autre intérêt est l’introduction de résistances naturelles face aux maladies et ravageurs, ce qui permettrait de diminuer de 60 % l’emploi de produits phytosanitaires. Ce n’est pas seulement bon pour l’environnement, c’est également intéressant pour le portefeuille du planteur, sans compter la question de la main-d’œuvre.

La problématique des résistances

Le mildiou de la pomme de terre est le pire ennemi de cette culture. On estime qu’il génère, chaque année au niveau mondial, des pertes se situant entre 6 et 10 milliards d’euros.

Pour le moment, on ne connaît que quelques variétés présentant des gènes de résistance face à cette terrible maladie. On veut aller plus loin chez Solynta : « En deux ans, nous avons réussi à introduire dans une variété deux gènes de résistance contre le Phytophthora. Un grand avantage, c’est que l’hybride est stable, en culture comme en transformation.

La semence n’est pas encore sur le marché. Michiel De Vries : « Il faut encore deux à quatre ans pour mettre un produit valable sur le marché. Nous avons déjà des variétés qui produisent autant que Bintje, c’est-à-dire 50 tonnes par ha. Dans 10 ans, ce sera 65 tonnes par ha »

Mais pourront-ils créer une Bintje au goût de Fontane ?

De la semence à la pomme de terre

La technologie de Solynta fait appel à la reproduction sexuée. Dans ces conditions, on espère que les bonnes qualités des parents (deux variétés) seront transmises au descendant (la nouvelle variété). Cela ne se fait plus comme avant par « essais et erreurs », mais via un processus bien ciblé. Le croisement des deux lignées parentales se traduit par la production de milliers de graines par plante sur une seule saison, au lieu d’environ 10 tubercules dans le cadre des techniques de sélection traditionnelles.

Les semences sont indemnes de maladies et forment donc un matériel parfait pour le démarrage d’une nouvelle culture de pommes de terre. La production d’une telle quantité de semences a l’avantage direct de pouvoir satisfaire un besoin urgent. Les semences sont stockées chez Solynta ou chez les entreprises de préparation.

La semence est semée sous châssis froid et elle se développe en plantules en six semaines. Les plantules sont alors plantées mécaniquement au champ. Michiel De Vries : « Nous sommes des spécialistes de la génétique, notre société ne travaille pas dans le domaine des machines. Nous collaborons avec des spécialistes de la mécanisation, notamment dans le secteur des planteuses de choux, pour adapter la technique à la plantation en champ. La technologie existe, elle doit être adaptée. »

Une fois au champ, les plantules produiront des plants de pommes de terre ou des pommes de terre de consommation. Michiel De Vries : « Dans nos régions, il est clair que la culture des plantules fournira des plants. Les producteurs de plants de pommes de terre recevront les plantules et ils produiront des plants qui seront livrés, au printemps suivant, aux planteurs de pommes de terre de consommation.

D’après M.V.

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