et Olivier Mahieu,
du Carah et Condorcet
à Ath, en Hainaut.
« Afin de suivre cette tendance et d’appuyer les viticulteurs dans leur démarche, le service d’expérimentations et d’avertissements du Centre agronomique de recherches appliquées du Hainaut a initié dès 2016 la plantation d’un vignoble de démonstration et d’expérimentations sur les terres de sa ferme expérimentale. Actuellement, aucune autre structure wallonne n’offre de soutien technique à cette communauté viticole grandissante, qui n’a pas à rougir devant ses voisins frontaliers en termes de qualité. En effet, plusieurs vins belges ont récemment été reconnus pour leur qualité dans des concours internationaux », explique Olivier Mahieu.
Le Hainaut, plus grand producteur en Belgique
Cépages mûrement sélectionnés
C’est pourquoi, une première sélection de 23 cépages différents a été plantée à Ath, soit un total de plus de 500 pieds de vigne : Cabernet cortis*, Monarch*, Régent*, Rondo*, Dornfelder, Pinot meunier, Pinot noir, Hélios*, Johanniter*, Muscaris*, Souvignier gris*, Seyval blanc*, Bacchus, Chardonnay, Chasselas, Chenin, Madeleine angevine, Müller-thurgau, Ortega, Pinot blanc, Pinot gris, Riesling et Siegerrebe ; les cépages interspécifiques résistants sont identifés avec un astérisque.
Ces cépages ont été soigneusement sélectionnés sur la base de leur présence sur le territoire belge, mais aussi pour leur adéquation à notre terroir et /ou leur résistance naturelle aux maladies.
En effet, dans une optique de gestion intégrée du vignoble, le choix d’un cépage adapté à notre terroir est primordial. C’est le cas des cépages interspécifiques et de nombreux cépages allemands, pourtant peu utilisés par nos voisins français, dont le choix est souvent cadenassé par leurs appellations.
Qu’est-ce qu’un cépage « interspécifique » ?
Les principaux bio-agresseurs ravageurs de la vigne en Europe ont été importés d’autres continents et principalement d’Amérique au XIXe siècle suite à l’intensification des échanges internationaux : c’est le cas du mildiou (Plasmopara viticola), de l’oïdium (Uncinula necator) ou encore du fameux phylloxera (Daktulosphaira vitifoliae).
La vigne européenne (Vitis vinifera), alors isolée sur le continent européen, n’a pas évolué avec ces organismes et n’a donc pas développé de mécanismes de défenses naturelles pour lutter contre. En revanche les espèces américaines y sont adaptées de par leur évolution génétique.
« C’est pourquoi dès le début du XIXe siècle, certains chercheurs ont eu l’idée de croiser la vigne européenne avec certaines espèces américaines, afin de conserver la principale qualité de la vigne européenne : sa capacité à produire un vin de grande qualité, et d’y associer la résistance des vignes américaines. C’est ainsi que sont nés les cépages dits interspécifiques. Neuf des 23 cépages étudiés par le Carah font partie de cette catégorie, poursuit Anouck Stalport.