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Le Petit Farceur

Temps de lecture : 3 min

Avez-vous déjà reçu vos étrennes, auprès des nombreux commerçants qui gravitent autour de l'agriculture? Sempiternels calendriers pour marquer les dates des vêlages, agendas de tous formats pour inscrire les chaleurs, essuie-mains ma foi fort utiles pour les césariennes, boîtes de pralines à l'huile de palme pour boucher nos artères, bouteilles de vin ou de bière pour nous rendre alcooliques, stylos-billes qui coulent après deux pages, jeux de cartes et porte-clefs, ... Chez nos généreux donateurs, l'imagination n'est guère au pouvoir pour nous surprendre, mais c'est le geste qui compte, bien entendu! Ne boudons pas notre plaisir, car parmi ces «riches» cadeaux, il s'en trouve UN, tout à fait remarquable, particulièrement attendu par ses innombrables aficionados agriculteurs: le Petit Farceur!

Dans chaque ferme digne de ce nom, il trône bien en vue, accroché au mur de la cuisine, face à la table, entre le grand calendrier des vêlages et les dessins de Saint-Nicolas des petits-enfants. Ses grands chiffres annoncent la date en un coup d'oeil. On peut y découvrir le saint du jour, les phases de la lune. Et au verso, ô surprise, une citation, une recette, un proverbe, ou une blague vous attend au tournant, laquelle est souvent stupide, macho, convenue, parfois surprenante et drôle, et toujours lue avec avidité. Le Petit Farceur, c'est tout un poème, une institution, un guide, une bible! Chaque jour, c'est basse-messe au matin, quand l'enfant qui sommeille en vous détache le feuillet et découvre les bêtises inscrites à l'envers de la date.

Notre existence elle-même n'est-elle pas un Petit Farceur, avec ses phases de lune, ses saints baladeurs et toutes les idioties qu'on nous raconte à longueur d'année? Prenons 2018, par exemple... On a bien rigolé -parfois jaune- des farces au verso qui nous tombaient sur le dos. Tout le monde s'y est mis pour nous surprendre: la météo, humide au printemps et très sèche en été et durant l'automne; la peste africaine des sangliers; les prix de vente ridicules à la ferme -on n'a pas fini d'en rire à pleurer...-. Nos politiciens furent particulièrement inspirés cette année, pour nous divertir avec leurs vaudevilles de série B, les «je t'aime mais je te quitte», «laisse-moi vivre ma vie de NVA», les amants cachés sous le lit ou ressortis du frigo, les portes qui claquent et les déclarations théâtrales. On ne s'est pas trop ennuyé grâce à eux, et l'année prochaine promet un Petit Farceur politique (venant de ces gros farceurs) d'antologie, avec les élections de fin mai...

2019! Deux mille disent «neuf»? Deux mille disques neufs? Quoi de neuf en 2019? La météo nous resservira-t-elle ses bonnes blagues des dernières années, ses longues périodes de sécheresse, ses mini-tornades, ses inondations pontuelles, ses 25°C en avril et ses 35 en juillet? C'est fort possible. Les marchés agricoles vont-ils amorcer une remontée salvatrice? Rien n'est moins sûr. L'Afsca et l'Arsia vont-elles cesser leurs farces d'un goût saumâtre? Ceux qui nous vendent des produits vont-ils devenir un peu moins gourmands? Ceux qui nous achètent seront-ils moins affameurs? L'un après l'autre, les petits feuillets de 2019 nous livreront leur verdict, auquel il faudra bien se conformer...

Le sablier égrènera ses jours sans se presser, et le Petit Farceur viendra nous raconter ses plaisanteries et nous distraire. Voici celles du jour, deux pour le prix d'une: «L'argent ne fait pas le bonheur, mais il est plus confortable de pleurer en Mercédes qu'à vélo.», «L'alcool ne résout pas les problèmes, mais le lait non plus.»

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