pour une amélioration
continue de la prévention
Le paramètre variétal influence également la propagation de la maladie : les variétés les plus communément cultivées en Belgique sont sensibles et favorisent ainsi son développement, contrairement aux variétés tolérantes qui empêchent ou limitent son extension.
La lutte se base sur l’application de fongicides, qui demeurent généralement efficaces.
Le recours à la phytopharmacie et les dégâts causés peuvent représenter un coût élevé, évalué il y a quelques années par un chercheur hollandais, à quelque 55 millions d’euros/an dans notre pays.
Une lutte devenue plus complexe
Quelques éléments d’inquiétude sont à prendre en compte dans le cadre de la lutte, relève l’orateur. On observe en effet depuis quelques années une évolution du mildiou avec l’apparition de nouveaux génotypes plus agressifs. On remarque également que certaines souches du champignon sont moins sensibles, voire résistantes à certains fongicides. Par ailleurs, à l’instar d’autres espèces cultivées, le nombre de matières actives disponibles pour combattre la maladie s’affiche à la baisse.
Avertissement et lutte chimique
Les systèmes d’avertissement contre l
Caractériser les populations de Phytophthora infestans, un travail de longue haleine
En cours depuis une dizaine d’années, le projet de recherche baptisé « Mildiou » s’attelle à caractériser les populations de mildiou sur notre territoire. Ses objectifs sont multiples :
– mieux connaître ces populations pour optimiser la lutte ; il existe en effet bien plus qu’une souche unique de mildiou ;
– adapter, améliorer les modèles épidémiologiques de développement de la maladie en fonction des populations de mildiou présentes sur le territoire (outils d’aide à la décision) ;
– identifier et caractériser le comportement des variétés vis-à-vis de ces populations ; en effet, certains mildious sont plus agressifs et le comportement connu des variétés peut évoluer, et il est utile de le savoir ;
– orienter les programmes de sélection variétale menés au Cra-w (par un choix adapté des géniteurs) ;
– recommander des stratégies de lutte, en fonction des souches résistantes présentes sur le territoire.
Comment procéder à cette étude en région wallonne ?
Le travail principal consiste à collecter des échantillons dès l’émergence des premières plantes, dans des écarts de triage, sur les repousses, dans les champs, dans les potagers…
Il convient parallèlement d’encoder les données de ces échantillons (date de prélèvement, lieu, variété, traitement fongicide éventuel…). Suivent des tâches d’isolement et de purification en laboratoire pour obtenir les souches de mildiou sur leur milieu de culture optimal. Et enfin intervient une mise en collection des souches. C’est de cette manière qu’il a été possible d’identifier 750 souches de mildiou depuis 2013.
Pour les caractériser, le Centre wallon de recherches agronomiques soumet, en partenariat, ces souches à des analyses génotypiques et phénotypiques.
Analyses génotypiques des souches de mildiou
Dans le cadre d’un consortium européen sous le nom de Projet Euroblight qui rassemble de nombreux Instituts de recherche, les analyses génotypiques portent sur l’identification du génome (ADN) des champignons, et une cartographie est produite, qui est consultable sur le site www.euroblight.net. Les cartes produites révèlent la diversité des souches en Europe (figure 1).
Qu’en est-il de la situation en Wallonie, La figure 2 montre les résultats de la caractérisation des populations de Phytophota infestans à l’échelle du sud de notre pays, de 2013 à 2019, sur la base de l’analyse de 500 souches de 2013 à 2018, et de 80 souches en 2019.
De 2013 à 2016, 3 génotypes se montrent majoritairement présents sans grande variation : 13_A2, 1_A1, 6_A1. En 2017, leur présence régresse, laissant une grande place à un nouveau venu, le génotype 37_A2. L’année qui suit, le paysage « génotypique » évolue encore fortement : les 3 premiers génotypes évoqués continuent de perdre du terrain, tandis qu’un deuxième nouveau venu, le génotype 36_A2, conquiert une place importante.
Et enfin, pour la toute récente année 2019 caractérisée par un été très sec, les résultats montrent que les nouvelles venues 36_A2 et 37_A2 demeurent majoritaires, représentant ensemble près de 80 % des souches présentes en Wallonie. La 13_A2 ne représente plus que 10 % de l’ensemble des souches collectées et analysées.
Pour expliquer, cette évolution significative des populations de mildiou depuis 2017, plusieurs hypothèses sont évoquées, dont le changement climatique, indique Vincent César. Les conditions météorologiques très sèches en 2017 ont peut-être favorisé cette évolution, des souches étant subitement fortement favorisées par rapport à d’autres. Autre cause possible : l’impact de l’agressivité des nouvelles souches, comme la 36_A2, beaucoup plus agressive que les souches présentes auparavant. Et enfin, des phénomènes de résistance aux fongicides (voir plus loin) sont également identifiés.
Analyses phénotypiques des souches de mildiou
Les souches collectées dans le cadre du projet « Mildiou » sont également soumises à des analyses phénotypiques portant notamment sur la résistance aux fongicides et sur leur profil de virulence ou capacité à se développer sur une variété résistante.
1. Résistance des souches aux fongicides
Cette analyse est réalisée en laboratoire sur des feuilles détachées de plantes de Bintje cultivées en serre. Deux matières actives ont été testées sur les souches présentes en Wallonie : le métalaxyl et le fluazinam, à différentes concentrations. Le métalaxyl n’est plus utilisé en Belgique, mais il est maintenu dans les tests.
Concernant le métalaxyl, sur les 5 souches présentes en Wallonie et analysées, une seule manifeste de la résistance et celle-ci est totale : la 13_A2. En clair, le métalaxyl n’a plus aucune efficacité sur ce génotype de mildiou.
Quant au fluazinam, un phénomène très préoccupant est apparu en 2017 : la souche 37_A2 manifeste une résistance totale à cette matière active. En
Évaluer la résistance des anciennes et nouvelles variétés : le projet Milvar
Parmi d’autres études menées au Centre wallon de recherches agronomiques, également très utiles pour alimenter et affiner les performances du système d’avertissements contre le midiou, Vincent César met en avant le projet baptisé Milvar. Celui-ci porte sur l’évaluation du comportement des variétés vis-à-vis de Phytophtora infestans. Les objectifs poursuivis sont multiples :
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Spatialisation des données météorologiques











