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L’agriculture, angle mort de l’abstention belge

En s’abstenant sur l’accord de libre-échange entre l’UE et les pays du Mercosur, la Belgique met en lumière un débat dominé par les considérations économiques et institutionnelles, tandis que les inquiétudes du monde agricole restent en marge.

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À la Chambre, le Premier ministre Bart De Wever a défendu le texte par une démonstration chiffrée qui peine à dissiper le malaise du secteur.

La position belge tient moins d’un choix que d’un empêchement. Favorable au texte, M. De Wever n’est pas parvenu à réunir l’accord des entités fédérées, condition nécessaire pour engager la Belgique sur la scène européenne. Le pays s’est dès lors abstenu, exposant une nouvelle fois les limites du compromis fédéral lorsqu’il s’agit de politique commerciale. Pour le chef du gouvernement, l’accord constitue un levier stratégique. Il ouvrirait aux entreprises européennes, et belges en particulier, un marché de quelque 273 millions d’habitants, notamment dans des secteurs comme l’automobile, la chimie ou la pharmacie. Face aux critiques, il invoque le précédent du Ceta, l’accord avec le Canada, dont les effets redoutés sur l’agriculture ne se seraient pas matérialisés.

Le « steak argentin » comme argument

C’est sur le terrain agricole que la défense du Mercosur se fait la plus concrète. Le Premier ministre insiste sur les quotas d’importation prévus pour les produits sensibles, qu’il traduit en équivalents domestiques : « 300g de steak argentin, deux hamburgers et trois filets de poulet » par consommateur et par an. Une arithmétique destinée à rassurer, mais qui laisse de côté une inquiétude moins quantitative que structurelle, liée aux conditions de concurrence et aux normes imposées aux producteurs européens. Dans le débat, les préoccupations agricoles apparaissent en creux. L’accord est évalué à l’aune de ses gains économiques et de sa portée géopolitique, tandis que la question de la cohérence du modèle agricole européen reste peu abordée. En contrepoint, la Fédération des entreprises de Belgique a dénoncé une abstention qu’elle juge incompatible avec la tradition d’ouverture commerciale du pays. Entre pressions économiques, équilibres institutionnels et réticences agricoles, la Belgique avance sans trancher. L’abstention devient alors un mode de gestion du désaccord, révélateur d’une difficulté persistante à intégrer pleinement certaines inquiétudes dans la décision politique.

Marie-France Vienne

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