Accueil Archive

Assurer la reprise

et contruire la ramure des fruitiers

Dans notre édition du 9 décembre, nous avons envisagé le choix du site, le choix d’un système de plantation et la réalisation de la plantation d’un verger extensif haute-tige ou demi-tige. Nous aborderons ici les soins particuliers à apporter au verger au cours de la première année, puis les soins d’entretien des années suivantes.

Temps de lecture : 5 min

La première année, une série de soins particuliers doivent viser à garantir la reprise des arbres et à leur assurer un bon départ de vie dans le verger

Il faudra arroser en période sèche, même dès le printemps, afin de maintenir une bonne fraîcheur autour du système radiculaire. La surface du sol doit être affermie une seconde fois en mars-avril, et désherbée. Si le paillis (voir Le Sillon Belge du 9 décembre) se décompose, on le rechargera, par exemple d’herbe de tonte. Il peut être utile d’apporter en juin un engrais azoté : nitrate ou sulfate d’ammoniaque, qui stimulera la croissance. Pendant l’été, une taille « en vert » à pratiquer sans sévérité excessive consistera à supprimer les pousses mal placées ou inutiles. En fin de saison, on placera des ligatures définitives non-étrangleuses, qui permettent au tronc de coulisser

Pendant la saison, il faudra combattre les maladies et ravageurs qui endommagent le feuillage : sur fruits à pépins, la tavelure (sauf chez les variétés réputées tolérantes) ; sur poiriers, la rouille grillagée (deux traitements en mai et deux en juin) ; sur toutes les espèces, les chancres (fongicide cuprique sur des plaies, et lors de la chute des feuilles), les pucerons et les chenilles défoliantes appartenant à diverses espèces, et qui peuvent être très dommageables avant qu’un équilibre naturel s’installe dans un verger nouveau.

Les soins des années ultérieures

Une fois que la reprise des arbres est assurée grâce aux soins de première année, il va falloir, pendant les cinq à six ans que dure la phase juvénile, obtenir une bonne croissance et construire au mieux une belle ramure. Celle-ci est constituée d’un axe central, de branches charpentières et sous-charpentières garnies de bois fruitier. L’entretien du sol, l’apport d’une fumure, les tailles d’hiver et d’été ainsi que la protection du feuillage et des branches contre les maladies et les ravageurs vont y concourir.

Désherbage

Que le verger soit pâturé ou fauché, il convient pendant quelques années de désherber le pied des arbres sur une surface qui correspond aux dimensions de la fosse de plantation. On recourt à un désherbage manuel ou thermique puisqu’aucun herbicide actuel ne peut être appliqué avant deux ou trois ans.

Comme la première année, un mulch de matière organique brute est conseillé dès la fin de l’hiver, puis renouvelé au fur et à mesure de sa décomposition ; il facilite le désherbage.

Arrosages

En cas de sécheresse, des arrosages suffisamment copieux pour hydrater toute la fosse doivent être faits.

Fertilisation et chaulage

En fin d’hiver, on épandra un engrais composé N+P+K pour jardins réparti sur toute la surface qui est surplombée par la couronne + 50 %. En juin, on apportera un peu d’azote comme en première année. Les apports d’azote plus tard dans la saison sont déconseillés ; en stimulant une croissance tardive, ils nuisent au bon aoûtement (=lignification) du bois de l’année.

En fonction du pH du sol, après trois ou quatre ans, un apport de chaux peut être nécessaire ; il se fera en automne.

L’hiver, place à la taille de formation

La taille de formation se pratique en hiver. Elle vise à obtenir une charpente robuste et à donner à la couronne une forme buissonnante harmonieuse, qui sera à l’âge adulte conique pour les poiriers, et globuleuse pour les autres espèces.

On choisit comme charpentières basales des branches suffisamment espacées sur la tige, réparties dans toutes les directions, et implantées en oblique avec idéalement un angle de 50 à 60º (souvent chez les pruniers et les cerisiers à fruits doux, les branches font avec l’axe central un angle trop fermé).

Sur les charpentières, on privilégie les ramifications implantées latéralement, en oblique ou à l’horizontale, et on supprime celles qui sont érigées ou pendantes. Il faut veiller à équilibrer la vigueur entre les différentes charpentières d’un même niveau en taillant davantage les plus fortes, parce qu’un déséquilibre initial ne fera que s’accentuer au fil du temps : une branche initialement vigoureuse devient toujours plus vigoureuse, et une branche faible finit par s’annuler. Il faut aussi contrecarrer la tendance naturelle de la vigueur à se déplacer vers le sommet de la couronne, en taillant moins sévèrement sur les charpentières basales que dans le haut de l’arbre.

Lors de la taille de formation, les plaies doivent être traitées avec un produit cicatrisant.

Après avoir formé une charpente basale, au fur et à mesure que l’axe central de l’arbre se développe, on conservera plus haut d’autres branches obliques réparties dans toutes les directions ; elles doivent être distantes d’au moins 60 à 80 cm par rapport à la charpentière sous-jacente, afin d’assurer une bonne pénétration de l’air et de la lumière dans la couronne.

Un allongement excessif et trop rapide de l’axe, des charpentières et sous-charpentières donne des branches trop grêles et fragiles, qui risquent de casser lorsque l’arbre sera en production. Après quelques années, on devra aussi supprimer l’une ou l’autre charpentière en surnombre ou devenue trop dominante.

Et en été ?

En été, il faudra enlever les gourmands : pousses verticales vigoureuses inutiles qu’il faudra de toute manière supprimer l’hiver suivant. Chez les cerisiers et chez les pruniers, la taille de formation peut se faire en août ; la cicatrisation des plaies sera meilleure que suite à une taille d’hiver.

Afin d’assurer au feuillage et aux rameaux un bon état sanitaire, on se reportera aux conseils donnés pour la première année.

Ir. André Sansdrap

Wépion

La Une

Quels agriculteurs sommes-nous?

Voix de la terre En observant le monde agricole autour de moi, les uns et les autres fermiers, j’ai pu constater que nous sommes à la fois tous semblables et tous différents, selon notre nature et notre vécu, selon notre âge et les particularités de notre région. Sur le mode humoristique, je me suis amusé à définir et classer différents types d’agriculteurs. Au cours de notre carrière, nous passons de l’un à l’autre, et souvent cumulons plusieurs modèles…
Voir plus d'articles
Le choix des lecteurs