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La roquette, l’atout fraîcheur et épicé

La roquette trouve sa place dans la 4e gamme, les restaurants, la restauration au sens large et le circuit court. Son goût est influencé par la technique de culture, rapide ou plus lente, et par l’âge de la plante au moment de la récolte.

Temps de lecture : 5 min

Les roquettes font partie de l’assortiment alternatif et complémentaire des salades depuis une trentaine d’années. L’aspect fraîcheur est déterminant.

Peu gourmande en azote

Pour une récolte estivale, les besoins en azote s’élèvent à 160 unités par ha et les exportations sont d’environ 100 unités par ha prélevées dans les 30 premiers cm en cas de plantation et dans le profil complet en cas de semis en place. Les apports sont donc faibles, les disponibilités des cultures précédentes et la minéralisation apportant une large part des besoins.

Les exportations en P2O5, K2O, MgO, S et autres éléments ne sont pas élevées. Les restitutions se feront dans un contexte de rotation.

Des variétés de deux espèces

Dans les catalogues des semenciers, nous pouvons trouver des variétés de roquettes issues de deux espèces différentes, Eruca sativa (synonyme de Eruca vesicaria) et Diplotaxis tenuifolia.

Eruca sativa pousse naturellement dans le bassin méditerranéen, elle a un goût de noisette, ses feuilles sont vert-foncé et découpées.

Diploraxis tenuifolia, appelée aussi roquette sauvage, pousse naturellement en Allemagne, nous l’y trouvons le long des voies de chemin de fer, de murs, de rivières ; son goût de noix est épicé, ses feuilles sont très découpées.

Plutôt rustique

La culture peut être menée sur une large gamme de textures de sol.

Nous pouvons semer la roquette en place ou planter des plants élevés en mottes pressées.

Le semis en place

Avec ce mode d’implantation, la culture s’étend entre 5 et 7 semaines en été, contre 3 à 4 semaines dans le cas d’une plantation. Cela joue sur la gestion de l’enherbement qui est forcément plus compliquée après des semis en place.

Le lit de semis doit être impeccable, vu la petitesse des graines.

Les semences de la roquette sauvage (Diplotaxis tenuifolia) sont très fines, elles pèsent 0,25 g/1.000 graines et leur faculté germinative peut parfois causer des soucis. L’espèce Eruca sativa se distingue par des graines moins fines qui pèsent 2,0 g/1.000 graines.

Nous prévoyons 10 à 20 graines par motte pressée selon le débouché visé (feuilles récoltées jeunes ou plus longues).

Pour les semis en place, nous prévoyons 150 g/are pour Eruca sativa et 20 à 100 g/are pour Diplotaxis tenuifolia en fonction du débouché.

En fonction de la taille des feuilles souhaitée pour la récolte, la densité de plantation sera modulée au départ d’une densité standard de 20 mottes pressées par m².

Pour les semis en place, notamment pour ceux destinés aux récoltes de feuilles jeunes, nous semons finement en rangs espacés de 12,5 cm ; pour les récoltes en feuilles plus longues, les rangs sont espacés de 25 cm.

La plantation

Nous plantons à partir du mois de mars. La croissance est très lente tant que la température demeure sous les 7ºC. Les voiles de forçage sont les bienvenus, même s’ils favorisent les maladies foliaires. Les premières cultures sont sensibles à la montée prématurée à graines.

La durée de la culture entre la plantation et la récolte est de 3 à 4 semaines en été, 5 à 6 semaines en automne et au printemps.

Chaîne du froid

Pour la récolte de feuilles jeunes, nous pouvons semer en place ou planter des mottes semées à densité élevée.

Il y a aussi une demande pour des plantes épanouies récoltées entières, avec le collet ; nous choisissons alors une densité de semis ou de plantation plus faible.

Les feuilles jeunes sont récoltées en 2 ou 3 passages.

La récolte peut aussi être unique, concernant la plante entière.

Elle peut être mécanisée dans les exploitations spécialisées et qui travaillent sur de grandes surfaces.

Dès la récolte, les feuilles sont lavées, triées, emballées et refroidies. Le refroidissement rapide dès la récolte et le maintien de la chaîne du froid permet de conserver la fraîcheur un peu plus d’une dizaine de jours.

La récolte se fait en feuilles très jeunes (5 cm de long, babyleaf) à jeune (12 ou 15 cm de long). Nous tenons compte de ce débouché pour les distances d’installation de la culture.

En combinant les cultures de plein air et sous serre maraîchère, nous pouvons commercialiser les roquettes environ 10 mois par an.

Maladies et ravageurs

Le faux-mildiou, les altises, les pucerons et la mouche mineuse préoccupent les maraîchers.

Les altises

Plusieurs espèces d’altises dont l’altise des crucifères (Phyllotreta nemorum) peuvent pulluler et provoquer d’importants dégâts en creusant des trous dans les feuilles. Il est facile de les repérer. Les altises sautent et se laissent tomber sur le sol dès qu’elles sont dérangées.

Elles prolifèrent également sur d’autres crucifères parmi lesquelles le radis, le navet, les choux et des adventices. Les plus gros dégâts sont constatés d’avril (sous abri) ou de juillet (plein air) à septembre. Les températures élevées et l’air sec leur sont favorables.

Les adultes se réfugient dans le sol. Les œufs sont déposés sur le sol, à proximité des collets de plantes hôtes. Les larves se nourrissent de feuilles. Quand leur développement est terminé, après environ 4 semaines, elles descendent dans le sol pour la nymphose. On compte une génération par an.

La lutte contre la prolifération des altises commence par une bonne rotation.

Comme la sécheresse et les températures élevées leur sont favorables, nous pouvons arroser chaque jour, très tôt le matin ou en début d’après-midi, pour maintenir le sol humide.

La pose de bandes collantes permet une certaine limitation des populations.

L’aspiration a déjà prouvé son efficacité, avec une limite: les auxiliaires sont aspirés également.

Encarsia formosa peut être introduite dans les serres maraîchères au printemps.

Enfin, plusieurs produits sont homologués en culture conventionnelle, consulter https ://fytoweb.be/fr

Les pucerons

Ils peuvent s’installer en colonies en cultures sous abris précoces. C’est plus rarement le cas dès que les auxiliaires s’installent, en mai ou début juin.

Les maladies

Plusieurs maladies peuvent s’installer sur les roquettes, comme le faux-mildiou ou la sclerotiniose. Une bonne aération des serres maraîchères et le respect d’une rotation sont la base de la prévention.

F.

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