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Intervenir au bon moment pour contrôler au mieux la cercosporiose

La cercosporiose peut entraîner de lourds dommages dans les parcelles betteravières, caractérisés par une baisse du rendement racinaire et, par conséquent, par un recul du rendement en sucre. Ce qui n’est pas sans impact sur la rentabilité de la culture… Pour s’en prémunir, il convient de respecter quelques mesures prophylactiques et, le cas échéant, d’intervenir au moment opportun.

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Lors des journées techniques organisées par l’Institut royal belge pour l’amélioration de la betterave (Irbab) en ce début d’année, Eline Vanhauwaert et Chloé Dufrane, toutes deux chefs de projet, se sont intéressées à la cercosporiose de la betterave, une maladie bien présente en 2021 et dont il convient de limiter l’expansion.

Rendement racinaire et en sucre en baisse

« La cercosporiose est une maladie fongique causée par Cercospora beticola, un pathogène retrouvé dans de nombreuses parcelles l’année dernière », explique Eline Vanhauwaert. « Les attaques ont commencé à la fin du mois de juillet, pour atteindre un niveau d’infestation élevé dès début août et se prolonger durant les semaines qui ont suivi. » Un traitement s’est avéré nécessaire en de nombreux endroits.

Cercospora beticola est en mesure d’infester tant les betteraves sucrières que fourragères. Il passe l’hiver sur les résidus racinaires ou foliaires qui n’ont pas été incorporés au sol, ou dans les tas de terre restés en bord de parcelle. Au printemps, le champignon produit des spores pouvant être transportés par le vent sur de longues distances (jusqu’à plusieurs centaines de mètres). Au sein de la parcelle, la dissémination d’une plante à l’autre est favorisée par l’effet « splash » par temps de pluie.

« Le champignon produit une toxine qui attaque les cellules foliaires. C’est ainsi qu’apparaissent les taches caractéristiques de la cercosporiose : rondes et grisâtres, entourées d’une bordure rougeâtre. En fin d’été, l’expansion de la maladie est telle que les taches fusionnent, entraînant la mort de la feuille. »

Une situation sanitaire qui n’est pas sans impact sur le rendement. « En vue de maintenir sa photosynthèse, la betterave produit de nouvelles feuilles au détriment du rendement racinaire et en sucre. L’extractibilité du sucre est, elle aussi, impactée négativement. »

Prévenir l’infection

En vue de minimiser les risques d’infection, il convient de respecter quelques pratiques culturales.

Dans un premier temps, il est vivement recommandé de respecter une rotation la plus longue possible (trois cultures au minimum) et d’éviter de semer des betteraves deux années consécutives sur la même parcelle. Aussi, on sera attentif au choix du champ : on s’abstiendra d’emblaver une terre voisine d’une autre ayant été touchée par la cercosporiose et dont les résidus culturaux n’ont pas été éliminés.

Le labour figure parmi les pratiques conseillées. Comme Cercospora beticola survit jusqu’à deux ans sans travail du sol, il permet de mieux incorporer les résidus culturaux et d’accélérer leur décomposition. Enfin, opter pour une variété tolérante permet de maintenir un feuillage sain le plus longtemps possible. À ce titre, l’Irbab délivre chaque année ses conseils en la matière.

Réagir face à la cercosporiose

En cas d’infection, réagir à temps et de manière appropriée est essentiel. « Les traitements fongicides permettent de stopper le développement fongique. Toutefois, une fois la période de rémanence passée, le champignon reprend « son travail ». Les traitements ne le tuent pas, mais ralentissent sa progression », explique Mme Vanhauwaert. Dans tous les cas, une intervention n’est nécessaire qu’une fois le seuil de traitement atteint (voir tableau), ce qui sera déterminé en observant une cinquantaine de feuilles, une à une et minutieusement. Bon à savoir : une feuille ne présentant qu’une seule tache est déjà considérée comme étant touchée.

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Plusieurs fongicides sont disponibles sur le marché. On notera qu’Agora (10470P/B) et Mirador Xtra (9502P/B) vivent leur dernière saison. En effet, leur utilisation n’est plus autorisée au-delà du 30 novembre 2022.

Une fois le traitement effectué, reste à savoir si un second passage est nécessaire. Pour y répondre, l’Irbab a mené plusieurs essais l’année dernière. Trois variétés de betterave sucrière présentant différents niveaux de tolérance à la cercosporiose (Raison, Caprianna et Camelia) ainsi que plusieurs sites plus ou moins touchés par le champignon ont été sélectionnées. « Nous avons tout d’abord constaté qu’une variété tolérante n’atteint pas forcément le seuil de traitement plus tard. En corollaire, une variété sensible n’atteint pas forcément le seuil de traitement plus tôt », explique Chloé Dufrane.

Les essais montrent également qu’un premier traitement améliore fortement la santé du feuillage en présence du champignon, qu’importe le niveau de pression. « On peut même affirmer que ce premier traitement est nécessaire dans tous les cas, peu importe la variété, pour autant qu’il soit effectué au bon moment. »

Le second traitement, lui, n’apporte que peu ou pas d’amélioration pour les variétés tolérantes. Pour les variétés plus sensibles, il permet d’améliorer la santé foliaire, surtout si la pression fongique est élevée.

Qu’en est-il financièrement ? De ce point de vue, pour un coût de traitement évalué à 50 €, la première intervention confère un gain financier. La seconde, elle ne permet qu’un très léger gain financier voire, dans certaines situations, entraîne une perte de rentabilité. « Du moins, dans les parcelles à faible ou moyenne pression en cercosporiose. Car dans les parcelles fortement touchées, on observe qu’un second traitement accroît nettement le rendement financier. »

Enfin, un traitement effectué après le 10 septembre n’est pas rentable car il n’augmentera pas significativement le rendement.

J. Vandegoor

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