Un excellent démarrage
Fin septembre, début octobre 2017, le temps s’est en effet montré très favorable au moment de réaliser les semis d’escourgeon dans d’excellentes conditions de structure du sol.
La chaleur a favorisé la levée de la culture. Les températures ont diminué de manière progressive au cours de l’automne, permettant un bon endurcissement des plantes. Le développement des plantes avant l’hiver a été très rapide, mais il s’est aussi accompagné d’une prolifération des maladies cryptogamiques.
Sombre hiver
L’hiver a été pluvieux et caractérisé par une faible luminosité. Le froid a sévi tardivement atteignant, par exemple, un minimum de -9ºC le 28 février à Gembloux. Sur des plantes développées, cette chute tardive de la température a provoqué des dégâts qui ont pu avoir un impact négatif sur le rendement de certaines variétés.
L’été au printemps
À la sortie de l’hiver, des dégâts de typhula étaient parfois visibles sur les variétés les plus sensibles.
Le froid de la fin d’hiver a laissé espérer la destruction des champignons : c’était sans compter sur un printemps chaud avec des températures frôlant les 30ºC en avril et avec parfois des précipitations pouvant localement être importantes. Dans ces conditions, la rouille naine, la rhynchosporiose, l’oïdium mais surtout l’helminthosporiose n’ont eu de cesse de se développer, cette dernière s’avérant difficile à contrôler avec des produits fongicides réputés efficaces comme les SDHI et les triazoles. La pression des maladies est restée constamment très élevée et a permis de caractériser les tolérances et sensibilités de chaque variété.
Par la suite, l’été s’est montré très chaud et très sec ce qui a conduit à une maturité rapide de la culture dès le mois de juin. Durant cette période, des orages très ponctuels ont pu favoriser la verse çà et là.
Partout en Wallonie, les rendements obtenus furent inférieurs à ceux espérés. Le nombre d’épis par m², le poids spécifique et la taille du grain s’avérant plus que corrects, c’est plutôt dans le nombre réduit d’épillets par épi qu’en réside la cause, en lien avec la météo.
Les variétés en 2018…
… et au cours des trois dernières années
Lignées ou hybrides ? À chacun ses avantages et ses situations privilégiées
Depuis une bonne dizaine d’années, les variétés d’orge hybrides sont présentes dans les essais. Actuellement, une variété sur trois est un hybride. La rentabilité et l’intérêt des agriculteurs à semer ce type variétal sont à jauger en fonction des éléments suivants.
Les terres de la zone « Condroz-Famenne » y sont assez superficielles et les stress abiotiques (froid, sécheresse…) y sont ressentis davantage qu’ailleurs. Les variétés hybrides s’y comportent en général bien et s’avèrent rentables.
En revanche, dans les terres profondes à bonne structure, comme c’est généralement le cas en Hainaut et en Hesbaye, les variétés lignées sont souvent plus rentables que leurs homologues hybrides.
La rentabilité des hybrides par rapport aux lignées dépend donc avant tout du type de sol et de sa structure. Dans les terres profondes à bonne structure, l’utilisation des hybrides entraîne globalement une perte financière pour l’agriculteur. Dans les situations plus difficiles, sols superficiels, trop filtrants ou compactés, elles ont leur intérêt et s’avèrent actuellement rentables.
Parmi les avantages des variééts hybrides, on peut également citer leur bon poids spécifique qui n’entraîne que très rarement de réfactions. Concernant les maladies, elles sont dans l’ensemble assez tolérantes à l’helminthosporiose et à la rhynchosporiose. En revanche, ces hybrides sont pour la plupart sensibles à la rouille naine, à l’oïdium et à la ramulariose. Par ailleurs, elles sont généralement hautes et assez sensibles à la verse.
Le principal défaut des hybrides réside évidemment dans l’impossibilité pour l’agriculteur de produire lui-même ses semences : l’effet d’hétérosis qui confère à la variété ces suppléments de rendements s’estompe dès la première génération.
Au prix actuel des semences et pour un prix à la récolte de 185 € la tonne, le surcoût des semences d’escourgeon hybrides a été évalué à 400 kg/ha.
, septembre 2018