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Les enseignements d’une étonnante campagne

A l’issue d’une incroyable saison 2017-2018, l’heure des premiers semis approche. Tout commence par un choix variétal équilibré et réfléchi.

Temps de lecture : 5 min

Tout avait pourtant bien commencé, lorsque l’on repense aux circonstances qui ont entouré les semis des orges d’hiver, l’automne dernier.

Un excellent démarrage

Fin septembre, début octobre 2017, le temps s’est en effet montré très favorable au moment de réaliser les semis d’escourgeon dans d’excellentes conditions de structure du sol.

La chaleur a favorisé la levée de la culture. Les températures ont diminué de manière progressive au cours de l’automne, permettant un bon endurcissement des plantes. Le développement des plantes avant l’hiver a été très rapide, mais il s’est aussi accompagné d’une prolifération des maladies cryptogamiques.

Sombre hiver

L’hiver a été pluvieux et caractérisé par une faible luminosité. Le froid a sévi tardivement atteignant, par exemple, un minimum de -9ºC le 28 février à Gembloux. Sur des plantes développées, cette chute tardive de la température a provoqué des dégâts qui ont pu avoir un impact négatif sur le rendement de certaines variétés.

L’été au printemps

À la sortie de l’hiver, des dégâts de typhula étaient parfois visibles sur les variétés les plus sensibles.

Le froid de la fin d’hiver a laissé espérer la destruction des champignons : c’était sans compter sur un printemps chaud avec des températures frôlant les 30ºC en avril et avec parfois des précipitations pouvant localement être importantes. Dans ces conditions, la rouille naine, la rhynchosporiose, l’oïdium mais surtout l’helminthosporiose n’ont eu de cesse de se développer, cette dernière s’avérant difficile à contrôler avec des produits fongicides réputés efficaces comme les SDHI et les triazoles. La pression des maladies est restée constamment très élevée et a permis de caractériser les tolérances et sensibilités de chaque variété.

Par la suite, l’été s’est montré très chaud et très sec ce qui a conduit à une maturité rapide de la culture dès le mois de juin. Durant cette période, des orages très ponctuels ont pu favoriser la verse çà et là. La maturité a coïncidé au temps très chaud de la fin juin, période durant laquelle la plupart des récoltes ont eu lieu.

Partout en Wallonie, les rendements obtenus furent inférieurs à ceux espérés. Le nombre d’épis par m², le poids spécifique et la taille du grain s’avérant plus que corrects, c’est plutôt dans le nombre réduit d’épillets par épi qu’en réside la cause, en lien avec la météo.

Les variétés en 2018…

Les résultats 2018 concernant les variétés d’escourgeons proviennent d’un réseau de 6 essais répartis sur l’ensemble de la Wallonie :

– deux essais mis en place par le Carah situés à Ath et Béclers (Tournaisis) ;

– trois essais conduits par le Cra-w étaient situés respectivement à Gembloux (Namur), Acosse et Terwagne (Condroz) ;

– un essai implanté à Gembloux par Gbx Agro-biotech et le Cepicop.

Au total 24 variétés ont été retenues dans la présente synthèse, dont 7 variétés hybrides (tableau 1).

Le tableau 1 présente les résultats de ces variétés dans les six essais avec un ou deux traitements fongicides en fonction de la pression locale des maladies. Ces résultats sont exprimés en % de 4 variétés témoins (KWS Tonic, Quadriga, Rafaela, Veronika). Les rendements moyens de chaque essai sont indiqués en kg/ha en bas de tableau.

Les essais comportaient des lignées et des hybrides, identifiés par un (h). Sept variétés hybrides ont été expérimentées cette année.

Au rang des variétés « lignées », Hedwig, Veronika, KWS Tonic, Monique, Quadriga et parmi les nouveautés, KWS Orbit et SU Jule, se distinguent avec des résultats supérieurs ou égaux à la moyenne des témoins. Elles sont suivies par les variétés Verity, KWS Keeper et Rafaela.

Sans prendre en compte le surcoût des semences, les hybrides Smooth, Tektoo, Wootan, Mercurioo et Bazooka se montrent, dans l’ordre, les plus performantes.

… et au cours des trois dernières années

Le tableau 2 reprend les résultats obtenus par 17 variétés présentes dans les essais au cours de la période 2016 à 2018. Ces résultats sont exprimés en % de la moyenne des témoins précisés ci-avant.

En moyenne sur trois années d’essais, les six variétés hybrides Smooth, Wootan, Tektoo, Bazooka et Mercurioo arrivent en tête, la variété Jetto se plaçant juste derrière la première variétés lignées Hedwig suivie des lignées KWS Tonic, Veronika, Quadriga, Rafaela et Verity.

Lignées ou hybrides ? À chacun ses avantages et ses situations privilégiées

Depuis une bonne dizaine d’années, les variétés d’orge hybrides sont présentes dans les essais. Actuellement, une variété sur trois est un hybride. La rentabilité et l’intérêt des agriculteurs à semer ce type variétal sont à jauger en fonction des éléments suivants.

Les terres de la zone « Condroz-Famenne » y sont assez superficielles et les stress abiotiques (froid, sécheresse…) y sont ressentis davantage qu’ailleurs. Les variétés hybrides s’y comportent en général bien et s’avèrent rentables.

En revanche, dans les terres profondes à bonne structure, comme c’est généralement le cas en Hainaut et en Hesbaye, les variétés lignées sont souvent plus rentables que leurs homologues hybrides.

La rentabilité des hybrides par rapport aux lignées dépend donc avant tout du type de sol et de sa structure. Dans les terres profondes à bonne structure, l’utilisation des hybrides entraîne globalement une perte financière pour l’agriculteur. Dans les situations plus difficiles, sols superficiels, trop filtrants ou compactés, elles ont leur intérêt et s’avèrent actuellement rentables.

Parmi les avantages des variééts hybrides, on peut également citer leur bon poids spécifique qui n’entraîne que très rarement de réfactions. Concernant les maladies, elles sont dans l’ensemble assez tolérantes à l’helminthosporiose et à la rhynchosporiose. En revanche, ces hybrides sont pour la plupart sensibles à la rouille naine, à l’oïdium et à la ramulariose. Par ailleurs, elles sont généralement hautes et assez sensibles à la verse.

Le principal défaut des hybrides réside évidemment dans l’impossibilité pour l’agriculteur de produire lui-même ses semences : l’effet d’hétérosis qui confère à la variété ces suppléments de rendements s’estompe dès la première génération.

Au prix actuel des semences et pour un prix à la récolte de 185 € la tonne, le surcoût des semences d’escourgeon hybrides a été évalué à 400 kg/ha.

D’après Le Livre Blanc

, septembre 2018

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