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Pensez aux parasites, en hiver aussi !

Le parasitisme, surtout gastro-intestinal et pulmonaire, est souvent associé au pâturage, mais certains parasites passent très bien l’hiver, et d’autres se plaisent mieux à l’intérieur des étables que dehors.

Temps de lecture : 4 min

En hiver aussi, il faut penser aux parasites ! C’est le moment idéal pour faire le bilan de l’année écoulée. En fonction de cela, établissez avec votre vétérinaire un calendrier afin de gérer de manière raisonnée le parasitisme auquel tout éleveur est confronté.

Pourquoi raisonner le parasitisme ?

Rappelons qu’il y a plusieurs enjeux à la gestion raisonnée du parasitisme, et ce chez tous les herbivores.

Des enjeux sanitaires : laisser l’immunité naturelle de l’animal se développer et ralentir les phénomènes de résistance.

Les animaux peuvent développer une immunité contre la majorité des espèces de parasites qui se trouvent dans leur milieu environnant, à condition d’avoir un temps de contact suffisant et régulier avec ceux-ci. On évitera donc de vermifuger « par précaution », ce qui retarde l’acquisition de l’immunité. On essaiera de mettre progressivement les jeunes animaux (qui n’ont pas encore d’immunité antiparasitaire) en contact avec les parasites.

Quant à la résistance de la part des parasites vis-à-vis des molécules antiparasitaires, il est maintenant prouvé que c’est l’utilisation trop fréquente et parfois inutile ou inadaptée de ces molécules qui en est la cause. Et lorsqu’on est face à des parasites résistants à une ou plusieurs familles de molécules, ces dernières n’ont pas plus d’effet que de l’eau ! Ralentir l’apparition de résistances, c’est donc également préserver l’arsenal thérapeutique dont les vétérinaires disposent actuellement pour faire face au parasitisme.

Des enjeux écologiques : l’écosystème de la prairie est perturbé quand on vermifuge l’animal qui pâture.

En effet, des résidus de molécules antiparasitaires se retrouvent dans les matières fécales, où ils nuisent aux insectes qui y sont inféodés. Si le nombre de ces insectes diminue, les matières fécales sont moins bien dégradées et enfouies dans la terre. Les prédateurs insectivores (oiseaux, chauves-souris, hérissons…) sont également impactés par une diminution de leurs ressources de nourriture.

Dans les milieux à haute valeur biologique, tels que les prairies Natura 2000 ou les prairies à haute valeur biologique (MC4), où l’on essaie de préserver voire de restaurer la biodiversité, il est donc normal de limiter l’utilisation des molécules antiparasitaires les plus écotoxiques. Si l’utilisation de molécules très écotoxiques ne peut être évitée, autant le faire quand les animaux sont à l’intérieur et n’ont pas accès à une prairie.

Des enjeux économiques : en utilisant les antiparasitaires de façon judicieuse, il y a moyen de faire de substantielles économies.

Les antiparasitaires coûtent chers, surtout s’ils sont à large spectre. Utiliser le bon produit au bon moment, et uniquement si nécessaire, c’est aussi diminuer les frais liés à ce poste qui représente une bonne partie du budget médicamenteux de la ferme.

Que faire lorsque les animaux sont à l’intérieur ?

Le début d’année est opportun pour élaborer la stratégie antiparasitaire pour la saison à venir. On vérifiera plus particulièrement si des animaux sont morts de parasitisme au cours de l’année écoulée (confirmé ou non par autopsie), s’il y a eu des baisses de production (retard de croissance, retard de mise à la reproduction, baisse de production laitière…) ou d’autres symptômes qui pourraient être attribués à des parasites.

Ce n’est pas toujours facile d’établir quelle est la source principale d’un problème. Il peut alors être intéressant d’avoir recours à des examens vétérinaires complémentaires pour parfaire le diagnostic.

Pour établir la stratégie pour l’année en cours, il faudra tenir compte de l’historique et du risque parasitaire de l’exploitation. Chaque situation est différente. Il n’existe pas de solution toute faite qui conviendrait à tous les éleveurs !

Les pratiques de pâturage, l’environnement et ses parasites spécifiques (les milieux humides, par exemple, sont plus propices aux douves du foie et du rumen), l’âge des animaux, leur niveau de production, leur statut physiologique, et parfois leur race… sont autant d’éléments à prendre en compte.

Un élément impossible à maîtriser mais prépondérant dans le risque parasitaire est la météo. En saison de pâturage, un temps moyennement chaud (20-25ºC) et humide accélère les cycles des parasites. Ce qui peut provoquer des dégâts, surtout chez les animaux moins bien immunisés tels que les jeunes ou très vieux bovins et ovins. Surveiller est essentiel. Il faudra éventuellement ajuster la stratégie antiparasitaire en cours de saison, en fonction de la météo.

Avec le vétérinaire, vous pourrez établir un « calendrier-type » : quand faut-il faire des examens complémentaires ? Sur quels animaux ? Et si cela s’avère nécessaire, quand faut-il traiter ? Tout le groupe troupeau ou seulement certains animaux ?

D’après Ariane Meersschaert,

vétérinaire chez Natagriwal

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