Le nez dans le guidon

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Voir l'offre d'abonnementLa classe politique vit une année fort active en Belgique : c’est le moins que l’on puisse dire ! Nous avons eu droit à trois élections en juin -fédérale, régionale, européenne- en attendant deux autres en octobre -communale et provinciale-. Tout ce beau monde est affairé depuis le printemps à séduire les électeurs, puis à mettre sur pied des gouvernements, dans le chef des gagnants. La Belgique est très complexe à gérer ; les diverses sagas nationales et régionales occupent la quasi-totalité de l’espace médiatique. Les cénacles de l’Union Européenne intéressent moins les journalistes, dirait-on…
J’ai repris ici le titre d’un roman d’Armel Job, écrivain de Bastogne, non pas pour me lancer dans une hasardeuse critique littéraire, mais bien pour vous parler -encore !- de la Langue Bleue. Que GLB et ses sbires n’aboient point comme des roquets, je ne vais pas non plus disserter sur la langue bleue du libéralisme engagé, blatérée depuis trois mois en Wallonie dans les cénacles du pouvoir politique… Une autre Langue Bleue préoccupe toutes nos pensées : une catastrophe sanitaire inimaginable, le pire désastre qu’aient connu nos élevages depuis la guerre 40-45 ! Par action ou par omission, où avons-nous péché pour mériter une telle punition ? En d’autres mots plus crus : qui a merdé, dans cette affaire ?
Notre vieille voiture a rendu l’âme. Qu’elle repose en paix… Elle a très peu roulé : un peu plus de soixante mille kilomètres en dix-huit ans ! Je voyage tout le temps partout dans ma tête, mais quitte rarement notre ferme physiquement, au contraire de la plupart des gens, qui passent des centaines d’heures chaque année au volant de leur véhicule. L’être humain est un grand voyageur devant l’Éternel, et un vaste mouvement perpétuel motorisé anime le monde entier ! Pour le meilleur ? Ou pour le pire ?
Ils ne meurent pas tous, mais tous sont frappés ! Nos moutons sont malades de la Fièvre Catarrhale Ovine, FCO pour faire court, ou encore BTV – Blue Tong Virus –, virus de la langue bleue. Bref, une belle saloperie au goût de déjà-vu, de déjà-subi.
La fête des moissons à l’abbaye de Bonne Espérance, c’est traditionnellement un voyage dans le temps au pays des tracteurs millésimés. L’eau n’occupe généralement qu’une petite place, discrètement, loin derrière la bière de l’abbaye au col de mousse incomparable.
Après avoir passé un joyeux juillet et un mois d’août doux, élèves et enseignants reprennent le chemin des écoles. Fini de rire et de s’amuser, quoique… Un fils d’agriculteur m’a avoué ne pas être mécontent de rejoindre les bancs de son institut pour s’y reposer, après deux mois intenses à travailler à la ferme! Un autre rentre avec des pieds de plomb et des bras ballants, tant l’enseignement scolaire l’assomme et ne répond pas à sa nature profonde, active et manuelle. Un autre encore se réjouit d’aller apprendre de nouvelles notions, pour se préparer au mieux à son futur métier agricole.
J’ai bien aimé l’expression, cri du cœur d’un agriculteur excédé par les pluies à répétition, des bombardements d’eau essuyés tout au long du printemps et de l’été ! Il se plaint également des rendements « médiocres » de ses céréales, selon ses dires. « Depuis dix ans, ça ne va plus. Les terres donnent de moins en moins, qu’il pleuve trop ou pas assez. Elles sont malades ! ». Il habite pourtant une région où le limon atteint une épaisseur de deux mètres, où l’altitude n’excède pas 150 mètres. « Elles vieillissent mal, comme moi, depuis que je n’ai plus de bétail ni de cochons ! ».
Il me faut avouer qu’il est amusant d’être à la fois « supporter » de l’agriculture en général et d’avoir pas mal d’amis écologistes, parfois assez « spépieux ».
Chaque année lors de la Foire de Libramont, nous sacrifions au même rituel à notre arrivée, une sorte de tournée des grands-ducs inversée et matinale. Nous visitons les banques ! Elles aiment bien les agriculteurs et distribuent des entrées gratuites en veux-tu en voilà, puis les invitent avec insistance à venir petit-déjeuner ou prendre un verre. CBC, Crelan, BNP Paribas Fortis… Mais pourquoi donc ? Il ne faut pas avoir fait Polytech pour comprendre leurs motivations.
Chaque Foire de Libramont est unique, qui nous apporte son lot de particularités et d’originalités ! En cette année bissextile 2024, l’évènement-phare de l’été tombe pile poil au beau milieu des Jeux Olympiques. « Citius, Altius, Fortius – Communiter » : plus vite, plus haut, plus fort – ensemble. Cette devise olympique pourrait s’appliquer au matériel exposé à la Foire, moyennant quelques adaptations : plus gros, plus sophistiqué, plus cher ; ou aux concours animaux : plus sélectionnés, plus productifs, plus fragiles. Des compétitions de toutes natures se tiennent au sein de la Foire, où s’opposent des personnes, des idées, des éleveurs, des commerçants, des syndicats…, lors de joutes plus ou moins amicales en fonction des enjeux… Qui donc fera ample moisson de médailles et de coupes ?
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