T’étais passé où?

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Voir l'offre d'abonnementS’il existe une qualité reconnue depuis très longtemps chez les agriculteurs, c’est bien « le bon sens paysan ». En effet, l’agriculteur travaille et sème ses terres quand la terre est « amoureuse » et pas dans de mauvaises conditions.
Voilà des décennies que les modifications génétiques font débat, non pas en médecine où elles sont bien nécessaires, mais essentiellement en agriculture.
J’ai souvent envie de me pincer pour y croire, tant cette aventure est surréaliste, inimaginable, inconcevable au 21e siècle, tragiquement stupide et destructrice… Je vous parle évidemment de la guerre en Ukraine, qui souffle sa première bougie, à défaut de souffler un vent de paix retrouvée. Le chemin vers celle-ci se perd dans un avenir nébuleux, couleur sang. Avant ce conflit meurtrier, le nom « Ukraine » évoquait surtout un pays agricole par excellence, avec ses terres exceptionnelles, déployées sur des étendues défiant nos imaginations de petits fermiers wallons, coincés sur nos parcelles exiguës. Les agriculteurs ukrainiens sont passés du paradis à l’enfer. En ce beau printemps qui s’annonce, ils préféreraient mille fois faire du labour, pas la guerre…
En observant le monde agricole autour de moi, les uns et les autres fermiers, j’ai pu constater que nous sommes à la fois tous semblables et tous différents, selon notre nature et notre vécu, selon notre âge et les particularités de notre région. Sur le mode humoristique, je me suis amusé à définir et classer différents types d’agriculteurs. Au cours de notre carrière, nous passons de l’un à l’autre, et souvent cumulons plusieurs modèles…
Ce doit être angoissant, consternant, affolant pour une entreprise de voir ses fidèles clients cesser leurs activités, l’un après l’autre, de se voir grignoter inexorablement son fonds de commerce ! Dès lors, je plains sincèrement les nombreuses officines administratives para-agricoles en perte d’affiliés ; elles sentent leur base s’effriter sous leurs pieds ; elles constatent avec (un possible) effroi la disparition des fermes, l’une après l’autre, tic tac, tic tac, sans que l’hémorragie ne donne des signes tangibles de se tarir… Que vont devenir les employés de la Fwa, la Fugea, Natagriwal, Protect’eau, l’Arsia, l’Awe et toutes les autres, quand le dernier fermier aura glissé sa clef sous le paillasson ?
Il m’est toujours agréable de converser avec une personne de vingt ans. Si l’on parle d’agriculture, c’est encore mieux ! Je fais partie de ces « vieux » qui considèrent les jeunes avec admiration, impressionnés par leur agilité d’esprit et leur adresse physique, leur force et leur endurance au travail. Le plus souvent, ils parlent vrai sans se cacher derrière des propos convenus. J’ai envie de leur dire « Fais gaffe, ne crois pas ce qu’on te dit, que l’argent vaut tout ! Trace ta voie et suis-la sans faiblir, malgré les embûches que la vie ne manquera pas de placer sur ton chemin ! ».
Comme c’est curieux : à la dernière page rédactionnelle du premier Sillon Belge de l’année, on peut lire un beau témoignage de la torture intellectuelle dont souffrent certains penseurs d’aujourd’hui.
J’ai lu avec beaucoup d’intérêts l’article sur la part des sols dans le bilan des émissions des gaz à effet de serre agricole, pages 36, 37 et 38 du Sillon Belge de ce 4 janvier. Première remarque, pourquoi se focaliser sur les 44 % de la superficie wallonne utilisée en agriculture ? Pourquoi ne pas la comparer avec les 56 % restant qui sont, de loin, les plus industrialisés, artificialisés et problématiques ? Pourquoi ne publie-t-on que des bilans négatifs et partiels ? Ici c’est le sol qui émet des gaz à effet de serre (GES). Ensuite, on fustigera le méthane des vaches, puis ce sera les machines, le nitrate, le bien-être animal, la prétendue toxicité de nos productions ou que sais-je encore.
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