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Voix de la terre

Voix de la terre

C’est juin qui fait les foins

Voix de la terre Mais où sont les foins d’antan ? Autrefois concentrée sur deux ou trois semaines en été, la fenaison d’aujourd’hui s’étale du printemps à l’automne, d’avril à novembre, déclinée en multiples coupes. Encore faut-il parler maintenant de « récoltes d’herbes », car les agriculteurs-éleveurs ensilent plutôt qu’ils ne fanent comme « dans le temps », quand les plastiques dérivés de l’industrie pétrolière n’existaient pas, et qu’il fallait tout engranger en sec.
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Panne sèche

Une nuit de lune noire, j’ai vécu un cauchemar. Trop de frites et de boulets liégeois au souper ? Overdose de violence à la télé, de Poutine jouant à la roulette ruse sur la tempe de l’Europe ? J’ai rêvé que le monde ne possédait plus une goutte de pétrole ni de carburant, que tous les moteurs étaient silencieux, les gazoducs vidés, les centrales électriques en panne. Les tracteurs restaient bêtement à l’arrêt dans les champs, l’un la charrue encore attelée, l’autre le semoir à céréales agrippé à la terre, figés en plein travail ! Les camions, parfois encore remplis de babioles inutiles, se trouvaient abandonnés un peu partout, sans parler des voitures bloquées en grand désordre sur les routes et les trottoirs. Bus et trains ne roulaient plus, remisés dans leurs dépôts, ou stoppés en plein trajet sur une route ou une voie ferrée, en rase campagne. Paralysie sur images d’une société hyper-active, ivre de mouvements incessants !

Printemps bruyant

Fin mars 1962, parurent aux États-Unis les premiers extraits de l’incontournable best-seller de Rachel Carson : Silent Spring (Printemps Silencieux), édité en septembre suivant. Cette véritable Bible des défenseurs de l’environnement dénonçait l’emploi industriel du DDT, et portait sur les fonts baptismaux un mouvement qui n’allait plus cesser de s’épanouir : l’écologie ! Soixante années plus tard, nous vivons l’un des plus bruyants printemps qu’il nous fut jamais donné de subir ! La guerre fait rage aux portes de l’Europe, et ponctuellement aux quatre coins du globe. Les gens de là-bas hurlent et pleurent devant les cadavres de leurs enfants suppliciés ; ceux d’ici vocifèrent devant les factures de gaz, de carburants et d’électricité, tandis que les jeunes redescendent dans la rue pour rappeler folkloriquement les dérèglements climatiques « poutinesques », prêts à nous consumer dans leur fournaise. Au milieu de cette cacophonie assourdissante, nous sommes là, nous autres agriculteurs, impavides, occupés à ensemencer nos terres, à herser nos prairies, à épandre lisiers et fumiers, à réparer les clôtures et lâcher le bétail en prairie…

Mitscherlich et le prix des engrais

Une question revient souvent dans les conversations: «Comment raisonner les engrais vu leur coût actuel?» Sans doute pouvons-nous répondre: «Comme en 2009, quand les engrais avaient augmenté dans la foulée du prix des céréales mais sans redescendre aussi rapidement.»

Engagez-vous, qu’ils disaient…

Nous nous sommes tous engagés un jour ou l’autre dans quelque chose : un club de foot, de marche, de sport, un groupe de soutien et d’écoute, une chorale, un syndicat d’initiative, un groupe « nature », un groupement de producteurs, etc. Certains s’engagent en politique, d’autres à l’armée, en religion, à la Croix-Rouge, à MSF… Il existe mille et une façons de s’engager. Nous-mêmes, agriculteurs, sommes de grands « engagés » dans la multitude de responsabilités qui touchent à notre profession. Et justement, avec le printemps revient l’incontournable et redoutable déclaration de superficie PAC, dans laquelle nous nous engageons à respecter pas mal de normes et règlements !

RT- 38€: la morale de cette histoire!

Décidément la période que nous vivons est des plus déstabilisante. La proposition de la RT de remonter le prix minimum de 28,24 à 38 € – ce qui représente une augmentation de près de 35 % – sonne comme une victoire est une nouvelle très positive pour l’avenir. Oui nous disons bien pour l’avenir parce qu’à court terme et avec les conditions d’instabilité économique actuelle cela pourrait ne pas suffire voire même être hors sujet.

Le choix des lecteurs

Et maintenant, on fait quoi?

La pandémie de coronavirus nous a donné un petit avant-goût de l’enfer, le sentiment de sentir sur sa nuque le souffle chaud d’un dragon. Sauf que maintenant, ce qui n’était qu’une impression de désastre brûlant est devenu une réalité incandescente, avec la guerre Russie-Ukraine… Le Destin fait fort depuis deux ans, qui nous précipite de Charybde en Scylla, puis du Covid au Moscovite. La loi des séries nous réserve-t-elle d’autres surprises ? Déjà, les prix flambent dans tous les secteurs, et le spectre des pénuries alimentaires déploie ses ailes en grand, prêt à fondre sur les pays pauvres importateurs et à déchiqueter les économies du monde entier. Du cauchemar à l’espoir, de l’espoir au cauchemar les cœurs balancent, et battent au rythme des bonnes et des mauvaises nouvelles. Comment appréhender ce qui nous attend ?

Nous sommes tous ukrainiens…

Comme nous étions Charlie après l’attentat de Charlie Hebdo à Paris le 7 janvier 2015. On ne comprend pas pourquoi, depuis la nuit des temps, l’homme peut être aussi violent et intolérant avec ses semblables.

Le virus s’en va, le vil Russe s’en vient

Avant -mais c’était avant…-la guerre déclenchée par Poutine, le mot « Ukraine » était indissociablement lié à ses « terres noires » les plus fertiles du monde. Voir ce paradis agricole labouré par les chars russes et rougi par le sang des victimes est un vrai crève-cœur. Les conflits guerriers n’amènent jamais rien de bon : des souffrances incommensurables, des destructions, des pollutions, un gaspillage insensé de ressources et d’énergie, à l’heure où le dérèglement climatique menace l’humanité toute entière.

Étranglement

Réputés se plaindre tout le temps, les agriculteurs ont été rejoints dans ce fâcheux comportement par une importante cohorte de consommateurs! En fin de mois, beaucoup tirent de drôles de têtes en découvrant leur compte en banque asséché, persuadés pourtant de ne pas avoir commis de folie. On appelle ce phénomène «inflation», mes bons amis! Comme les Animaux Malades de la Peste, «ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés!» . Parmi les agriculteurs, le renchérissement des engrais et des intrants inquiète beaucoup d'exploitants; chez les particuliers, le coût du gaz et de l'électricité fait des ravages jusque dans la classe hier encore dite «moyenne»!

Les bons choix

C’est le moment, c’est l’instant de réfléchir à son plan de culture ! Février avance bon train, et les champs se réveillent tout doucement à l’appel d’un soleil qui revient aux affaires, après les interminables semaines d’un hiver à la Jacques Brel, « avec un ciel si gris qu’il faut lui pardonner, avec le vent du nord qui vient s’écarteler ». Que va-t-on semer cette année ? Et d’une manière plus large, quelles surprises 2022 nous réserve-t-il ? Été de foins ? Été de grains ? Inondations ou sécheresse ? Marchés agricoles en hausse, ou dégringolade ? Bye bye covid, ou corona come-back ? Guerre ou paix en Ukraine ? Les questions se bousculent dans les têtes, et laissent autant de réponses à deviner…