Vrais ou faux, les poissons d’avril courent toujours…

Recevez Le Sillon Belge chaque semaine chez vous et bénéficiez d'un accès à tout le site : Articles, météo et cotations des marchés agricoles
Voir l'offre d'abonnementVous connaissez peut-être « 1984 » de Georges Orwell. Ce roman dystopique décrit une société totalitaire dominée par « Big Brother », sorte d’entité autoritaire qui observe le moindre des agissements des gens via un système de caméras et de micros installés dans tous les lieux de vie. Cette transparence oblige les citoyens à adopter un comportement irréprochable, à respecter les normes imposées et les directives qui en découlent. Le pouvoir tyrannique est imposé via ce puissant vecteur, ce regard permanent qui pèse de manière intolérable sur les individus.
Pincez-vous si vous voulez : vous ne rêvez pas ! Dix à quinze degrés à midi, voire davantage en plein soleil, ciel bleu et brise du sud, Saint-Valentin n’a pas lésiné sur la chaleur de ses baisers, et depuis le 14 février, la météo s’est résolument mise en mode « printemps », avec six semaines d’avance. Les terres détrempées s’essorent à toute vitesse, et déjà, les rivières vagabondes gonflées d’eau rentrent sagement dans leur lit. D’ici quelques jours, il sera possible de labourer, de herser les prairies, d’épandre les fumiers. La ronde des saisons s’est accélérée pour un temps, entre vêlages et semailles. Tic-tac, tic-tac, l’horloge tourne et le temps s’enfuit. Et pour nous, depuis le 15 février, il est l’heure, ou plutôt « il est l’or monsignor » de remplir nos déclarations PAC de superficie.
Après l’agriculture bien que raisonnée, ce sont les éleveurs et engraisseurs qui sont dans le viseur de Greenpeace. Le méthane produit lors de la digestion de nos ruminants serait responsable des caprices de notre climat.
Tout gamin, je n’avais rien du Petit Prince de Saint-Exupéry, avec mes grosses lunettes et mes grandes oreilles, mais je vivais déjà sur ma planète. J’avais trois passions, trois maladies, trois virus : lire des bouquins, aller en forêt, et élever des animaux. Lecture, nature et agriculture ! Et beaucoup de confiture sur mes tartines… L’agriculture a mangé la grosse part de ma vie. J’ai commencé par des lapins et des poules, puis des moutons et enfin des bovins. Les adultes disaient autour de moi : « Tout ce qui fait des petites crottes ne remplit pas la hotte ». J’ai donc abandonné très tôt les moutons, mais ceux-ci ont gardé une place de choix, bien au chaud dans mon cœur.
Ces temps-ci, ils descendent tous dans la rue : les sans-rien, les sans-boulot, les sans-papiers, les sans-avenir, les sans-espoir, les sans-idées… Des sans-rides et des sans-dents, des sans-diplômes et des sans-cheveux, des sans-gêne et des sans-complexe, des sangs chauds et des sangs froids, tous mélangés. Sans-culottes du jeudi ou du samedi, ils brandissent des pancartes, s’habillent de gilets jaunes, foulards rouges, chemises blanches ou bonnets verts, scandent des messages pour tous les goûts, toutes les couleurs ; tous les coûts, toutes les douleurs.
Je n’ai jamais très bien compris pourquoi on appelle « poulets » les gendarmes… Pour éclairer ma lanterne et ne pas mourir idiot, mes petits doigts ont tapoté le clavier et consulté vous savez qui ; la réponse a fusé en moins de 0,02 seconde : en 1871, à Paris, une caserne construite à l’emplacement du Marché aux Volailles a été mis à la disposition de la Préfecture de Police, et les membres de cette digne confrérie ont hérité de ce sobriquet pour le moins truculent !
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