Histoires cochonnes

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Voir l'offre d'abonnementDifficile d’y échapper ! Depuis quelques semaines, le football a envahi l’espace médiatique et focalise l’attention générale, quand les Diables s’en mêlent sans trop s’emmêler les crampons. La Coupe du Monde de foot, la plupart des gens en sont fous, mais quelques rares sujets se foutent complètement de regarder tous ces bipèdes ingambes courir dans tous les sens derrière un ballon. Ces illuminés-là préfèrent voir courir en toute liberté des quadrupèdes, leurs amis à quatre pattes, et tiennent absolument, déraisonnablement, à protéger les animaux domestiques. Contre qui ? Contre quoi ? Les abattoirs restent leurs cibles privilégiées, jusqu’à présent…
La Côte d’Ivoire va détruire 100.000 ha de cacaoyers, rapportait récemment la presse internationale. En cause : la recrudescence d’un virus, le « swollen shoot », qui fait des ravages et détruit la culture. Et que peut faire « l’homme-médecine » ? Pas grand-chose. Pas de produits phyto. Pas de biotechnologie. Juste éradiquer. En espérant pouvoir un jour replanter des variétés plus résistantes, dédommager les agriculteurs : 50.000 CFA /ha, ce qui fait… 76 €/ha.
J’ai été chercheur, la remise en question fait partie intégrante de mon fonctionnement quotidien. Je suis père de famille, donc concerné par l’avenir. J’ai grandi et ai ma famille sur une île du pacifique, donc très concerné par le réchauffement.
« C’est juin qui fait les foins ! ». Dans nos régions, ce dicton est aussi vieux que l’agriculture, et n’a pris aucune ride en dix siècles. Il nous rappelle, dans sa sagesse éternelle, l’importance majeure des dernières semaines de printemps. Mai et juin conditionnent de manière décisive la plupart des récoltes de l’été : fourrages, prairies, céréales, plantes sarclées… La météo de cette année, chaude et humide, est détestable par ses orages violents, mais particulièrement favorable à la croissance des herbes. La fenaison débute sous d’excellents auspices. Comme on dit : « Y’a plus qu’à… ».
L’autre jour, nous discutions entre amis sur le sens des mots… qui changent de sens ! Ainsi par exemple du mot « pesticide ». Quand il n’existait pas de PPP (ce nouvel acronyme qui signifie Produit de Protection des Plantes), les parasites qui détruisaient les cultures étaient perçus comme la peste, ce genre de fléau contre lequel on ne pouvait rien faire.
Dans le cadre de la réforme des pensions, un cadastre des métiers pénibles est en pleine élaboration. La discussion fait rage ! Chaque profession semble revendiquer le droit, ou le privilège, de marquer des points afin d’être placé en bonne position pour bénéficier d’avantages sincèrement « mérités ». Pourtant, dans les rangs des parlementaires et des partenaires sociaux, quelques (trop rares) voix s’élèvent pour dénoncer ces tractations de marchands de tapis. Des critères plus constructifs, plus objectifs, mériteraient d’entrer en considération, par exemple le caractère indispensable d’un secteur d’activité, pour déterminer quels métiers mériteraient d’être vraiment protégés, depuis l’entrée en fonction du jeune aspirant, jusqu’à la retraite du vétéran.
Depuis quelques années, les films et émissions télé qui explorent la galaxie paysanne agricole font florès. « Demain », « Qu’est-ce qu’on attend », « Les liberterres », « L’amour est dans le pré »…, mènent une approche convenue, laquelle caresse le public dans le sens du poil, le gratte derrière les oreilles et lui fait des mamours en lui proposant précisément ce que toutes ces bonnes gens en quête de bonne conscience souhaitent voir et écouter. « Petit paysan », quant à lui, présente un profil beaucoup plus nuancé. Le film de Hubert Charuel instruit les spectateurs de la dure réalité agricole et de son profond décalage, au sein d’un monde moderne totalement ignorant des vérités paysannes, et impitoyable dans sa bureaucratie omnisciente.
Mais à ces mots, dans le monde agricole, on se dit : « Dix fois moins d’agriculteurs et demain vingt fois moins, ce n’est pas grave ? Et nous serions « présumés coupables de tous les maux ». Pourtant, il existe des agriculteurs-apiculteurs. David Jonckheere, dans le Sillon du 9 mars dernier, a bien expliqué la compatibilité entre ces 2 passions. Le problème des abeilles est multifactoriel.
Chacun trace sa route comme il veut, et souvent comme il peut. En agriculture, quand les affres d'une offre trop abondante vident nos coffres de tout bénéfice en essorant les prix de vente, il est peut-être temps de réfléchir à la motivation qui guide nos pas, de quitter l'autoroute où tout le monde se bouscule, de chercher une sortie, changer de direction, changer de spéculation. Cela s'appelle «diversification»: quitter son chemin de croix parcouru par tradition, chercher un chemin de choix voulu par passion.
… et tout est dépeuplé !
Un indépendant ne devrait jamais être malade, ni accidenté, ni indisponible. C’est particulièrement vrai pour les agriculteurs ! Les exploitations familiales ne comptent qu’une ou deux unités de main-d’œuvre, et si l’une d’entre elles est hors-service, la masse de travail et tous les soucis retombent sur l’épouse ou l’époux, sur la famille ou le service de remplacement, quand on y est abonné. Aux douleurs physiques s’ajoutent les souffrances morales, et le cap est toujours difficile à passer.
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