On devra envisager aussi les premières tailles « en vert ». En cette période où les besoins des plantes en eau et en éléments minéraux sont très élevés, il conviendra de ne pas négliger l’entretien du sol et d’effectuer un apport complémentaire de fumure.
Premières récoltes de fruits et leur taille d’été
Même si l’année 2015 n’est pas particulièrement précoce, les variétés les plus hâtives de groseilles à grappes, framboises, mûroises et cerises douces vont arriver à maturité vers la fin de ce mois, en fonction du microclimat de la parcelle. Pour offrir la meilleure qualité gustative, ces fruits fragiles doivent être cueillis à pleine maturité. Récoltés trop tôt, ils ont une acidité forte et peu de sucres et d’arômes, et une fois cueillis, ils n’évoluent plus. Comme leur durée de conservation est courte, il faudra les consommer ou les utiliser rapidement.
Idéalement, les fruits seront mis au frais dès la cueillette, par exemple dans une cave, disposés en couche mince dans des plateaux empilables. La mise au frigo n’est pas souhaitable, car elle peut nuire à l’expression de l’arôme. Seules les cerises peuvent être lavées puis séchées avant leur utilisation. Mais cette pratique est défavorable pour la qualité gustative des groseilles, framboises et mûroises.
Comme nous l’avons dit dans des articles précédents, les groseilliers à grappes peuvent être taillés une semaine avant la récolte, tandis que chez les framboisiers d’été et les mûroisiers, on éliminera les rameaux ayant porté juste après la fin de la récolte ; ainsi, la croissance des nouvelles cannes qui fructifieront l’année prochaine sera favorisée.
Chez les cerisiers aussi, une taille juste après la récolte est à conseiller : puisque les arbres sont dans une phase de vie active, elle permet une meilleure cicatrisation des plaies de taille qu’une taille hivernale.
Chez ces fruits d’été, la récolte s’échelonnera sur environ deux semaines, en fonction du déroulement de la floraison et du climat et à une fréquence qui dépend de la vitesse de maturation. Les framboises et les mûroises doivent être cueillis tous les deux jours, les cerises et les groseilles deux fois par semaine. Pour autant qu’il ne pleuve pas abondamment, les groseilles à grappes peuvent persister sur les plantes assez longtemps ; par contre, chez les cassis, les baies tombent au sol dès qu’elles sont mûres ; il ne faut donc pas attendre exagérément en vue d’obtenir un maximum d’arôme.
Enlèvement des «gourmands»
On appelle « gourmands » des rameaux très vigoureux poussant à la verticale chez tous les arbres fruitiers, principalement dans la période juvénile ou après un élagage sévère. Ils sont rarement utilisables pour l’édification de la ramure ; il faut donc les supprimer dès leur apparition, car ils gaspillent inutilement l’eau et les éléments minéraux disponibles.
On les enlèvera à tous moments, par arrachage s’ils sont encore tendres, ou au ras de la charpentière, au sécateur, une fois qu’ils sont lignifiés.
Tailles d’été des arbres en formes palissées
Dans les jardins d’amateurs, les arbres fruitiers en formes palissées présentent de nombreux avantages : les espaliers occupent peu de place, et ils peuvent participer à la décoration de l’espace vert en masquant un mur peu esthétique. Et ce mur, qui accumule de la chaleur pendant la journée et la restitue pendant la nuit, améliore les conditions de culture et réduit l’incidence de certains champignons, comme par exemple la tavelure du pommier et du poirier. Mais à l’inverse, des poiriers accolés à un mur exposé au plein sud peuvent être plus sujets à la rouille grillagée ou à des brûlures du feuillage pendant un épisode caniculaire.
Les pommiers et poiriers se prêtent le plus facilement à être conduits selon des formes géométriques, sauf les variétés les plus vigoureuses. Chez les espèces à noyau, on pourra adopter certaines formes palissées comme la palmette « à la diable » pour des pêchers et des griottiers ; les cerisiers à fruits doux et les pruniers n’y sont pas aptes.
Taille Lorette
Classiquement, la taille fruitière hivernale des formes palissées est faite selon la méthode dite « taille trigemme ». Mais dans la première moitié du 20e siècle, à l’Ecole d’agriculture de Wagnonville (Douai-France), Louis Lorette a mis au point une méthode de taille des espèces à pépins en formes palissées qui porte son nom. Elle se base sur quatre interventions d’été réalisées à un mois d’intervalle, à partir de la seconde moitié de juin. Par cette méthode, on obtient des ramifications fruitières plus nombreuses et plus courtes ; la végétation est plus équilibrée et plus régulière. La taille Lorette favorise l’entrée en production des jeunes arbres et la fructification des arbres vigoureux ; elle suppose une bonne croissance.
La première taille a lieu lorsque les nouvelles pousses ont 25-30 cm de long : on les taille sur les deux premières feuilles, en conservant un onglet afin d’éviter le dessèchement du rameau (figure A). Suite à cette taille, les yeux situés à l’aisselle des deux feuilles vont entrer en activité plus ou moins intense.
Un mois plus tard, soit dans la seconde moitié de juillet, on taille à nouveau sur deux feuilles les pousses vigoureuses et on laissera intactes les pousses les plus faibles (figure B = vigueur modérée ; figure C = vigueur forte). En général, les réactions sont moins fortes qu’à la première taille.
Dans la seconde moitié d’août, une troisième taille sur deux feuilles se fera sur les rameaux qui se seraient encore développés ; elles sont peu nombreuses. Une partie des pousses courtes laissées intactes vont se garnir d’un bouton terminal qui donnera des fleurs et des fruits l’année prochaine.
Enfin, en septembre, lorsque la croissance est arrêtée, on ne conserve que les productions terminées par un bouton, c’est-à-dire un bourgeon d’aspect plus globuleux.
En hiver, la taille des arbres en formation se limite à équilibrer les branches charpentières.
L’entretien du sol du verger
Le but recherché est de maintenir un milieu favorable à la croissance des racines en préservant la structure du sol, et de limiter la concurrence de la couverture herbacée envers les plantes fruitières en ce qui concerne la consommation de l’eau et des éléments minéraux.
Plusieurs techniques peuvent être envisagées selon les espèces fruitières et les systèmes de culture ; et dans le contexte d’un jardin, le critère visuel peut avoir de l’importance.
Elimination des mauvaises herbes
Afin de limiter la concurrence, les petits fruits et les arbres basse-tige greffés sur un sujet porte-greffe faible doivent être désherbés totalement sur une surface qui correspond approximativement à la projection au sol de la ramure. Les arbres demi-tige ou haute-tige doivent être désherbés sur un mètre carré environ pendant les trois ou quatre premières années ; par la suite on pourra éventuellement laisser l’herbe coloniser une partie de cette zone, à l’exception du pied des arbres.
Le désherbage peut s’effectuer de trois manières :
– par un binage répété tout au long de la saison;
– par l’utilisation d’un herbicide total, comme par exemple le glyphosate, qui éliminera les adventices annuelles et vivaces. Son emploi demande quelques précautions : ne pas toucher les troncs ni le feuillage, et éliminer au préalable les drageons issus des racines des fruitiers. Il est déconseillé formellement en ce qui concerne les framboisiers et les ronces fruitières. L’efficacité du traitement dépend aussi des conditions climatiques : pas de vent, pas de pluie annoncée, température supérieure à 15°C, et il est conseillé de placer sur le pulvérisateur une cape de protection. En général deux traitements annuels suffiront : au printemps et juste avant la chute des feuilles;
– par plusieurs passages à la flamme avec un désherbeur thermique.
Couverture du sol
Sur un sol propre, on pourra épandre une mince couche (5 cm) de compost, de fumier ou de matière organique brute: broyat de branches, sciure de bois, herbe de tonte. En limitant l’évaporation, ce mulch maintiendra le sol frais ; en se décomposant, il enrichira le sol en humus et favorisera l’activité de la faune utile du sol.
Fauchage
La zone enherbée sera fauchée le plus souvent possible (habituellement cinq à six fois par saison), afin de limiter le développement des racines de l’herbe et de favoriser les graminées aux dépens des dicotylées. Nous recommandons de ramasser l’herbe de tonte pour deux raisons majeures : en séchant, elle est disgracieuse et elle gênera les tontes suivantes en provoquant des bourrages de la tondeuse ; on la disposera en fine couche au pied des plants fruitiers, comme cela vient d’être dit.
,Wépion