Prévenir picage

et cannibalisme en oiseaux d’élevage

Le cannibalisme, souvent précédé du picage, n’est pas une maladie mais un comportement anormal et complexe des volailles. Il s’explique par une accumulation de stress liée à des conditions d’élevage ou à des conditions alimentaires inadéquates. À cela s’ajoute également un facteur génétique : certaines races ou lignées de volailles sont plus enclines au picage que d’autres. En volailles de ponte, la sélection sur la production d’œufs a entraîné la perte du « gène social » et l’augmentation du cannibalisme. En effet, les lignées les plus productives manifestent une certaine tendance à la nervosité. Les races lourdes sont ordinairement bien plus dociles que les races légères.

Mais les causes de ces phénomènes diffèrent souvent d’un élevage à l’autre selon qu’il s’agisse d’un élevage amateur ou professionnel, extensif ou intensif, avec ou sans parcours extérieur.

Du picage au cannibalisme

Le picage consiste à donner des coups de bec au plumage des autres volailles et à en arracher des plumes, ce qui peut entraîner des blessures et l’apparition d’un peu de sang.

En l’absence de réaction, dès l’apparition du picage, le phénomène peut prendre de l’ampleur et mener au cannibalisme. Après avoir goûté au sang de leur victime, riche en minéraux et protéines qu’elles apprécient, les volailles multiplient les attaques et cela peut conduire à l’arrachage de morceaux de chair jusqu’à l’éviscération. Les pertes économiques sont alors importantes car en plus de la mortalité par éviscération et l’infection des blessures, l’éleveur est exposé au déclassement des carcasses lors de l’abattage ou à la saisie de volailles trop abîmées.

Causes du cannibalisme

À côté des facteurs génétiques déjà évoqués, les conditions d’élevage et les conditions alimentaires sont les principales causes du cannibalisme.

De nombreux facteurs liés à l’environnement d’élevage peuvent générer du cannibalisme :

– le surpeuplement et le manque d’espace vital qui en découle ;

– une température trop élevée dans le local d’élevage des jeunes ;

– trop de lumière vive, cette luminosité trop forte engendrant l’énervement des volailles ;

– un manque d’aération ou une ventilation insuffisante. Une ventilation adéquate est recommandée car son impact est essentiel sur l’ambiance de l’environnement (humidité, taux d’ammoniac) ;

– un excès d’humidité ;

– un taux d’ammoniac trop élevé ;

– une litière de mauvaise qualité et trop dure. La volaille doit pouvoir exprimer ses comportements naturels en grattant et retournant la litière ;

– une négligence dans les traitements antiparasitaires (vers, poux, gale…) ;

– un nombre insuffisant de pondoirs ou des pondoirs installés trop tard, un environnement trop lumineux pour ces nids pondoirs ; une garniture dans les pondoirs insuffisante ou de mauvaise qualité ;

– la mise en commun de sujets d’âges différents.

Au point de vue alimentaire, les causes du cannibalisme sont aussi diverses. On peut citer :

– les carences en minéraux, vitamines, sels et oligo-éléments ;

– le manque de goût dans l’alimentation ;

– la mauvaise granulométrie de l’aliment avec des grosses et petites particules. Les volailles trient alors leur ration et ne consomment que les plus gros morceaux, la partie fine restant dans le fond de la mangeoire. La ration peut ainsi être déséquilibrée ;

– la distribution de granulés plutôt que de la farine. En consommant des granulés, la volaille passe moins de temps à se nourrir et reporte son besoin naturel de picage sur ses congénères. La distribution de rations à haute teneur en énergie durant les périodes de démarrage et de croissance permet aux volailles de satisfaire leurs besoins nutritifs en n cours laps de temps ce qui les prive d’occupation ;

– un nombre insuffisant de mangeoires et d’abreuvoirs ou un remplissage inadéquat de ces mangeoires.

Prévention

Vu les « dégâts » et les pertes que cela peut engendrer, il est beaucoup plus rentable de prévenir le cannibalisme que d’y faire face une fois le phénomène apparu. Les mesures à prendre sont multiples et diversifiées car les éleveurs peuvent agir sur les 3 types de causes.

À l’achat, il est conseillé de porter attention à la tendance des volailles au picage et de choisir des lignées réputées pour avoir un meilleur comportement à ce point de vue.

En élevage propre, il faut veiller à ce que certaines espèces ne se côtoient pas dans la même éleveuse, ceci en raison de leur caractère agressif.

Il est conseillé de laisser une lumière tamisée dans les éleveuses. Si du cannibalisme apparaît, on utilise une ampoule rouge ou du plastique transparent rouge sur les sources de lumière. Une température trop élevée dans les box est également à éviter.

L’alimentation doit être équilibrée et de qualité. Au démarrage une pâtée à énergie moyenne est préférable à des granulés ou de la farine très énergétique. Il faut s’assurer que les oiseaux disposent de gît insoluble ou de coquilles d’huîtres en abondance. On évite bien sûr tout stress alimentaire ou rupture d’alimentation en eau. Si les volailles disposent d’un parcours extérieur, on veille à ce que la végétation disponible soit adaptée aux espèces et si nécessaire on leur fournit des compléments adaptés aux besoins de leur biotope naturel. Dans les enclos, un couvert suffisant est prévu afin que les animaux puissent s’isoler et se protéger de l’agressivité d’un de leur congénère.

Un espace vital suffisant est indispensable car il faut à tout prix éviter la surpopulation. Le nombre d’animaux doit donc être adapté à la taille du poulailler ou des enclos. Cela dépendra aussi de la façon dont vous contrôlerez l’aération, la ventilation, le degré d’humidité relative et la température. Si un de ces facteurs dévie de la ligne normale à n’importe quel moment de la vie des volailles, les risques de picage augmentent.

L’équipement du poulailler est aussi important. Les volailles doivent disposer d’un nombre suffisant de mangeoires et d’abreuvoirs en bon état de fonctionnement. Elles doivent toutes être capables de manger et de boire en même temps. Le nombre de pondoirs doit aussi être suffisant en poules pondeuses. Ils doivent être installés 3-4 semaines avant le début de la ponte. Le démarrage de la ponte est une période à risque car lorsque les poulettes commencent à pondre, il y a souvent un petit filet de sang qui reste sur le bord du cloaque après la ponte de l’œuf. Et c’est suffisant pour voir le phénomène démarrer.

Mieux vaut éliminer les sujets agressifs

Enfin, il est conseillé d’éviter de regrouper des animaux d’âges différents. Plusieurs paquets peuvent être constitués.

Si un sujet présente la moindre blessure ou tache de sang, on retire tout de suite l’animal et on l’isole jusqu’à son rétablissement complet en le désinfectant soigneusement.

Les conditions d’hygiène du bâtiment et du matériel sont aussi importantes tout comme les conditions sanitaires du cheptel. Des mauvais cas de coccidiose intestinale ou d’infestation de vers peuvent provoquer du picage.

Enfin, on procède à la manipulation des animaux ou leur déplacement tôt le matin ou en fin de journée et on évite de le faire par temps chaud ou très mauvais. L’intervention doit être aussi brève que possible pour limiter le stress. Si le problème apparaît, rappelez-vous que le picage est un comportement anormal. Parfois, il suffit d’éliminer rapidement 2-3 sujets pour éviter le pire et rétablir l’ordre.

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