sur grand écran
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Cet automne, par deux fois, l’agriculture fut superbement traitée par de vrais cinéastes à destination du grand public. On sait que les agriculteurs ne sont pas tous des assidus des salles obscures, et qu’à l’automne, entre arrachages et semis, il y a souvent d’autres priorités. Rassurez-vous, vous pourrez les voir bientôt à la télévision. Mais parlons-en pour vous y faire penser.
Le premier, « Petit paysan », traite de l’agriculture d’aujourd’hui. C’est l’histoire d’une ferme laitière, avec un éleveur tellement passionné par son métier qu’il en oublie presque de regarder les filles qui lui font de l’œil. Malheureusement, ce n’est pas l’amour dans le pré qui est passé par là, mais une méchante épizootie. Sa sœur est vétérinaire, mais cela ne suffit pas pour arrêter la maladie, ni surtout l’obligation de la déclarer.
Se livre alors un terrible thriller, dans la tête comme sur le terrain, pour échapper à la catastrophe. Nous n’en dirons pas plus, sauf que dans la file d’attente au cinéma, d’autres cinéphiles qui l’avaient déjà vu m’ont dit : « Dur, très dur, mais très bon film ! »
Détail important : le réalisateur est Hubert Charuel, un fils de paysan, ce qui explique pourquoi ce film sonne tellement vrai. Chapeau aussi à l’acteur principal, Swann Arlaud, un parisien qui a tout appris du métier pour jouer le rôle.
L’autre film, « Les gardiennes », traite de l’agriculture, mais de celle d’il y a cent ans, pendant la guerre 14-18. Les hommes étant dans les tranchées, ce sont les femmes qui ont dû tout assurer, avec les moyens du bord. Labourer avec une charrue mono-soc derrière le cheval, semer à la main, faucher, glaner, battre le blé. Bref, tout l’arsenal qu’on sort pour les reconstitutions de moissons à l’ancienne. À l’écran, dans son jus, cela vous donne la larme à l’œil.
Le réalisateur, Xavier Beauvois, est du genre à poser longuement sa caméra, un plan à la fois. Les jeunes trouveront sans doute le film plutôt lent, mais pour les anciens, c’est un bon rythme.
Autre détail : le personnage principal est joué par Nathalie Baye, un second rôle est tenu par Laura Smet, respectivement femme et fille de Johnny Halliday. Le hasard fait que le film est sorti la semaine des funérailles nationales du chanteur.
Le 7e art qui rend hommage à l’agriculture, « cet art qui nourrit tous les autres », cela fait plaisir.
