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Azote et froment : des profils abondamment pourvus

en cette sortie d’hiver !

Le grand rendez-vous hivernal des céréaliers s’est tenu ce mercredi à Gembloux. L’occasion de faire le point notamment sur la richesse des sols en azote avec les conseils qui en découlent.

Temps de lecture : 7 min

Avant de faire le point sur l’état des cultures de froment et de livrer les premiers conseils de fertilisation azotée, il convient d’évoquer la situation climatique de ces derniers mois.

Un hiver humide

Entre le mois d’août et de décembre derniers, la température est restée dans les normales saisonnières en septembre et novembre, mais s’est révélée supérieure aux normes pendant les autres mois (tableau 1). La somme des températures est donc plus élevée pour ce début de saison culturale. Le nombre de jours de gel comptabilisés est à ce jour très faible, les premières vraies périodes de gel n’arrivant qu’en ce début février.

Ensuite, la pluviométrie pour le mois d’août jusqu’au mois de novembre inclus a été inférieure aux précipitations normales observées et ce plus particulièrement en novembre (28,8 mm plutôt que 67,9 mm normalement attendus). Le mois de décembre a connu une pluviométrie et des températures supérieures aux normales observées. Le mois de janvier a été plus chaud qu’à l’habitude (5,6ºC en moyenne) mais pas nécessairement plus pluvieux. Tout comme décembre, janvier a bénéficié d’un ensoleillement inférieur à la moyenne.

La saison hivernale a donc été humide, la première décade de février se caractérisant aussi par des précipitations abondantes.

État des cultures « satisfaisant » à la mi-février

Dans les semis de la plateforme de Lonzée (Gembloux), les froments observés dans les essais sonr aux stades « plein tallage » pour les semis d’octobre, « début tallage » pour les semis de novembre et « 2-3 feuilles » dans les semis de décembre.

Dans la majorité des emblavements, les cultures se présentent bien.

Un profil moyen très riche en azote minéral du sol

Au 5 février, pas moins de 142 parcelles avaient déjà été échantillonnées par les services provinciaux du Hainaut et de Liège, le Centre wallon de recherches agronomiques et Gembloux Agro-bio Tech (sur une grande partie de la Région wallonne, en veillant à l’étendre à des situations culturales suffisamment contrastées. L’échantillonnage des profils en froment d’hiver a été réalisé sur 90 cm.

Le tableau 2 révèle que le profil moyen en sortie d’hiver est très riche cette année, le niveau est même plus élevé qu’en 2017. Par rapport à l’an dernier, on observe une disponibilité en azote deux fois plus importante dans ce profil moyen. Cette richesse est due à la faiblesse des rendements observés dans certaines cultures et aux températures élevées des sols durant la fin de l’été et l’automne qui ont stimulé la minéralisation.

Si on s’intéresse à la répartition de cet azote en profondeur, la première partie du profil (de 0 à 30 cm) contient 13 kg N/ha ; la partie comprise entre 30 et 60 cm en comporte 32 kg et la couche inférieure du profil (60 et 90 cm) est très riche avec en moyenne 46 kg.

L’azote est donc principalement présent dans les 2e (30-60 cm) et 3e horizons. Entre les mois d’octobre 2018 et de janvier 2019, l’azote présent initialement dans le premier horizon a migré vers les deuxième et troisième horizons. De 100 kg N/ha présent en octobre dans l’horizon 0-30 cm, on se retrouve en janvier avec en moyenne seulement 13 kg N/ha dans ce même horizon. Cette importante migration est due à la lixiviation consécutive aux précipitations importantes recueillies durant ces derniers mois.

Au regard des différents précédents

Les valeurs des profils azotés sont donc supérieures aux valeurs normalement observées, pour l’ensemble des précédents (tableau 3). Les profils les plus élevés concernent les précédents pomme de terre et légumineuses. Dans ces deux situations, on retrouve 125 kg N/ha, dont la moitié est située entre 60 et 90 cm de profondeur. Les précédents lin, betteraves ainsi que colza et maïs montrent des profils azotés compris entre 64 kg N/ha et 89 kg N/ha. Enfin, après un précédent froment ou chicorée, des profils azotés moyens s’élèvent respectivement à 57 et 47 kg N/ha, ils sont un peu moins élevés en raison, sans doute, des rendements moins impactés par les conditions de l’année.

La fertilisation azotée recommandée cette saison…

Les liens utiles pour réaliser une fertilisation azotée optimale se trouvent dans l’édition du Livre Blanc de février 2019. La fumure de référence recommandée, cette saison, repose sur les résultats d’une analyse pluriannuelle des essais et sur les observations de ce début de saison.

Les deux fumures de référence proposées s’articulent comme suit :

– en 3 fractions : tallage (60 N), redressement (50 N) et dernière feuille (65 N) ;

– en 2 fractions : tallage-redressement (90 N) et dernière feuille (85 N).

Le conseil pourra évoluer en cours de saison en fonction des conditions de développement et de croissance des cultures.

… en sortie d’hiver et…

Même si les profils azotés sont élevés, l’azote est majoritairement présent dans les 2e et 3e horizons et peu dans l’horizon superficiel. La fraction de tallage est dès lors maintenue à 60 unités. Il est donc déconseillé de faire l’impasse d’un apport en sortie d’hiver pour les cultures qui ne seront à la reprise de la végétation qu’au stade début tallage. La fumure en deux fractions sera réservée aux situations les plus favorables.

… en saison

Les fractions de redressement et de dernière feuille sont réduites de 10 unités, par rapport à une année normale.

En fonction du précédent et de l’état de la culture, une réduction de l’apport en azote au stade redressement et/ou dernière feuille pourrait devoir être réalisée (par rapport à la fumure de référence) pour éviter une surfertilisation. Il faudra être très attentif aux correctifs proposés dans le Livre Blanc, et en cours de saison, à l’état de la culture dans chaque parcelle.

Choisir un schéma en trois fractions…

Le choix du schéma de fractionnement sera raisonné individuellement pour chaque parcelle et en considérant le précédent. Dans tous les cas, il est recommandé de calquer le programme de fertilisation sur la base des prévisions de précipitations et d’apporter les engrais avant une pluie afin de maximiser l’efficacité de leur prélèvement par la plante.

Une fertilisation en trois apports sera privilégiée dans la majorité des situations. Elle est indispensable dans les circonstances suivantes : structure de sol abîmée par des récoltes tardives ou en mauvaises conditions ; terre à mauvais drainage naturel ; sol complètement glacé ou refermé, dégâts d’hiver, de traitements herbicides, de parasites, déchaussements… ; sol avec de faibles disponibilités en azote en sortie hiver ; besoin en paille élevé sur l’exploitation ; dans les semis tardifs (après le 15 novembre) ; dans le cas d’un précédent froment, afin de favoriser la progression racinaire et compenser l’effet néfaste des maladies du système racinaire ; si la végétation est trop claire ou la densité de végétation faible en sortie d’hiver.

Et a fortiori, dans toutes les situations culturales où on soupçonne que le système racinaire du froment se développera difficilement et ne permettra pas à la culture de trouver dans le sol les quantités minimales d’azote dont elle a besoin pour assurer le développement d’un nombre suffisant de tiges.

ou deux fractions

Une fertilisation en deux fractions sera encouragée dans les situations suivantes :

– précédents culturaux laissant des reliquats élevés, tels qu’après une culture de légumineuse, légumes ou pomme de terre ;

– précédent betterave dont l’arrachage a été effectué précocement (avant le 15 octobre) dont le profil n’aurait pas été épuisé (voir analyse de sol) ;

– semis précoces et/ou si la végétation est fortement avancée (la culture a déjà produit beaucoup de talles) ;

– sur parcelles où les restitutions de matières organiques sont importantes et/ou fréquentes ;

productions de froment destinées à une valorisation en meunerie.

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