Les filets de protection contre les ravageurs

Les deux grandes catégories de bestioles écartées sont les oiseaux et les insectes. En maraîchage, les surfaces sont souvent modestes au regard des grandes cultures voisines de sorte que les pigeons ramiers peuvent rapidement détruire une culture en concentrant de fortes populations sur une petite surface. Les filets sont un moyen de protection coûteux mais efficace.

Contre les insectes, la barrière est efficace mais avec deux importantes limites : ceux-ci ont vite repéré une faille dans la pose du filet et parviennent à s’y faufiler. En outre, certains insectes pondent à travers des mailles du filet sans se poser directement sur la culture.

Ces moyens de protection ont également un effet thermique important résultant de la modification des échanges lumineux et de l’aération. La température est généralement augmentée au niveau des cultures. Cela peut être avantageux en début et fin de saison culturale, mais aussi néfaste e raison de brûlures foliaires lors de journées fort ensoleillées et chaudes en été.

Des techniques mécaniques par la pose de barrières entre les plantes et les ravageurs sont efficaces mais chères. Il s’agit de les utiliser à bon escient et d’économiser leur durée de vie. Bien entendu, nous devons poser les filets avant l’arrivée des ravageurs.

Efficacité

Pour que les voiles et filets protègent efficacement la culture, il faut en assurer une pose hermétique, via des sacs de lest, de la terre, des fixations enfoncées dans le sol… Pour éviter les trous, mieux vaut de ne pas marcher ni rouler sur les protections et de ne pas les laisser envahir par les adventices.

Pour permettre les binages et désherbages, nous serons amenés à déposer puis reposer les moyens de protection. Ces opérations exigent assez bien de main-d’œuvre et une météo calme.

Quel filet pour ma culture ?

Les filets peuvent assurer une protection efficace contre nombre de ravageurs ailés. Lorsqu’une culture requiert une protection contre deux ou plusieurs ravageurs différents, le choix se portera généralement sur le modèle le plus contraignant.

En laitues, les pucerons sont combattus par les auxiliaires dès que les températures leur sont favorables, à partir de mai ou de juin. Mais pour les premières invasions du début du printemps, nous pouvons protéger les jeunes plantations au moyen de filets légers à mailles étroites. Attention, la protection favorise le maintien d’humidité sur le feuillage et donc des maladies.

En choux, les filets de mailles de 0,8 mm posés avant l’invasion sont efficaces contre les altises et les mouches blanches (aleurodes). Notons que l’aération des plantes est diminuée, ce qui favorise les élévations de température au niveau du feuillage. Contre le puceron cendré, les mailles de 1,4 mm conviennent également. Contre les chenilles (noctuelle du chou, piéride du chou et teigne des crucifères), la pose de filets de maille de 2 mm est efficace. Contre la mouche du chou, le choix se porte sur des filets de mailles inférieures à 2 mm.

En carottes, les filets de 1,4 mm arrêtent la mouche de la carotte et le puceron de l’aubépine (Dysaphis crataegi).

En poireaux et oignons, les filets aux mailles inférieures à 2 mm posés avant les vols sont efficaces. Les mouches mineuses du poireau et de l’oignon seront à protéger avec des filets aux mailles de maximum 0,8 mm, en particulier lors des deux périodes à grands risques (avril et fin août jusque novembre). Cela ne suffit pas, il faut encore sacrifier une ou deux rangées en bordure de parcelle et qui ne seront pas couvertes de filets. Ceci permet de limiter le risque de constater que les mouches s’acharnent à pondre à travers des filets dans la parcelle. Bien entendu, ces rangées seront sacrifiées ultérieurement. Notons que les vols sont déjà repérés depuis 3 semaines sur les Alliacées déjà présentes.

Les types de filets

Les filets anti-insectes sont constitués de fibres de polyéthylène haute densité tissées ou sont extrudés. La réduction de lumière est de l’ordre de 15 %. Ils sont bien aérés (peu de risques de brûlures) et lourds de l’ordre d’une centaine de g par m², avec de fortes variations d’un modèle à l’autre, et donc peu sensibles au vent. Ils sont conseillés pour deux types d’usages : la protection contre le vent et le gel et contre les insectes, les pigeons et les lapins. Ils peuvent être réutilisés près d’une dizaine d’années. Les mailles peuvent être choisies dans une large gamme, de 0,3 mm à 1,5 mm. Les plus petites mailles (0,3 à 0,6mm) sont requises pour protéger la culture des thrips et aleurodes. Les mailles moyennes (0,5 à 1mm) conviennent contre les pucerons, mouches mineuses et altises. Les plus grandes mailles (1 à 1,5mm) sont choisies contre les mouches et papillons. Ils coûtent un peu plus de 1,15 € par m².

Les filets anti-pigeons sont constitués de polyéthylène haute densité, extrudés ou tissés. La réduction de lumière est estimée à une dizaine de pourcents, l’aération est très bonne. Ils sont peu sensibles au vent. Ils sont conseillés pour protéger les cultures des dégâts des pigeons et les grands papillons. Pour éviter que la culture ne s’enchevêtre dans les filets, il faut maintenir ceux-ci à distance des plantes. Les filets peuvent être utilisés 2 à 5 ans. Les mailles sont de 3 à 10mm. Les filets coûtent 0,40 €/m².

Les voiles de forçage donnent une certaine protection

Les voiles ont des usages bien différents de ceux des filets.

Les voiles de forçage sont fabriqués à partir de polypropylène auquel sont ajoutées des matières de charge pour améliorer la stabilité aux UV et réduire le coût. Légers, ils sont très sensibles au vent et doivent être posés avec soin en progressant dans le sens des vents dominants. Microporeux, ils sont mal aérés et retiennent l’humidité. C’est un avantage pour la croissance des plantes et un inconvénient sur le plan sanitaire. Ils sont conseillés pour hâter la récolte. Ils sont vite salis et deviennent alors assez opaques à la lumière. Ils coûtent entre 0,15 et 0,25 € par m².

Les filets microclimatiques sont fabriqués à partir de fibres de polyéthylène haute densité tricotées. Ils réduisent la lumière de l’ordre de 15 %, augmentée par le salissement. Ils sont conseillés pour augmenter la récolte au printemps, et aussi pour protéger des insectes et les petits animaux en automne. Ils peuvent être réutilisés jusque cinq années en étant très précautionneux. Ils sont résistants à la traction. Ils coûtent entre 0,40 et 0,50 €/m².

Améliorons la durée de vie des voiles et filets

Lorsque les voiles et filets ne sont pas utilisés, il est souhaitable de les protéger du soleil, des conditions météo et des accidents mécaniques. Une bonne solution est de les rouler en boules manuellement ou à l’aide de machines enrouleuses. Les boules seront ensuite placées à l’abri du soleil et des conditions hivernales.

F.

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