L’oignon : du semis à la récolte

Tout d’abord, pour un semis d’oignons, le sol doit être ameubli de manière homogène et en profondeur. C‘est « LA » condition de l’obtention d’un peuplement homogène, première composante de rendement. En cas de semelle de labour ou de pseudo-labour, le sous-solage se fera lors de l’été précédent, en conditions sèches.

Un lit soigné et affiné

Lors de tous les travaux, la compaction au niveau des roues est à éviter. La préparation du lit de germination sera soignée et les quelques premiers centimètres de profondeur seront affinés.

Les lignes de semis sont recouvertes de grumeaux de terre et ne seront pas en dépression, mais au contraire formeront une minuscule butte pour éviter la battance de la ligne de semis en cas de pluie battante.

Le choix variétal

Chaque variété a ses propres exigences en longueur du jour pour pouvoir bulber et arriver à maturité. Cette exigence se traduit en pratique par la précocité. Les variétés sont reprises dans les catalogues en catégories décroissantes de précocité de P0 à P4. Idéalement, la variété est choisie avec l’acheteur potentiel en cas d’accord contractuel.

La fermeté du bulbe et le bon habillage par les tuniques extérieures sont déterminants à la fois pour l’aptitude à la conservation et la valeur commerciale. La variété et les conditions culturales préparent les bulbes pour ces comportements à la récolte. De mauvais indices ne s’améliorent pas durant la conservation.

Densité de semis

L’objectif de production du calibre d’oignons de 50 à 80 mm correspond à une population de 80 à 100 plantes/m². Tenant compte d’une levée en bonnes conditions à 75 à 90 %, la densité de semis variera de 90 à 130 graines/m². En cas de mauvaises conditions (battance de la ligne de semis, températures basses...), le pourcentage de levée peut chuter.

Les graines calibrées sont pelliculées ou non par une protection fongicide, selon le cahier de charge suivi par l’agriculteur.

Quand semer ?

Dès que le sol est ressuyé le semis peut commencer, en mars, voire en première quinzaine d’avril.

La graine est posée à 1 à 1,5 cm de profondeur. La germination demande 125ºC jour avec un zéro de germination de 1,4ºC. La levée se produit donc après 2 à 3 semaines si le sol n’est qu’à 8ºC environ.

En Wallonie, seules les zones pouvant être ressuyées en première quinzaine de mars peuvent être emblavées des variétés tardives P3-P4. Elles sont semées les premières pour être suffisamment développées lors de jours plus longs, début juin. En seconde quinzaine de mars, nous commençons par les variétés précoces P0-P1, puis les variétés intermédiaires P2-P3.

Le semis est le plus souvent réalisé par planches de 4, 5 ou 6 rangs, pour 1,5 à 1,8 m de planche. Les éléments semeurs de bordure de planche peuvent être réglés pour distribuer 20 % de plus que les autres, les plantes y subiront moins la concurrence et pourront mieux se développer.

Le travail de la roue plombeuse est très important. Les graines doivent être fermement appliquées contre la terre de la ligne de semis. La ligne de semis doit ensuite être recouverte avec un léger surplomb. En cas de pluies battantes après le semis, on évite ainsi la stagnation d’eau sur le rang et les risques de croutage. Vu le nombre important de graines à déposer par mètre linéaire, le semis se fait à vitesse lente.

Désherbage

L’oignon est sensible à la concurrence des adventices. Il ne couvre jamais le sol. Les produits homologués sont peu nombreux. Les binages sont malaisés par l’étroitesse des entre-rangs, la sensibilité au soulèvement des oignons et la présence de racines superficielles.

Le désherbage entre dans une logique de rotation : laisser la terre la plus propre possible avant la culture d’oignon. Les efforts dans les cultures moins compliquées à désherber sont récompensés.

En culture biologique, les sarclages peuvent dans une certaine mesure être complétés par des binages. La herse étrille est très compliquée à utiliser vu les risques de déchaussement des oignons. Les faux semis avant la culture sont rarement applicables vu la précocité des semailles.

Produits à envisager

En culture conventionnelle, les applications de produits à large spectre non sélectifs (glufosinate – ammonium, glyphosate) avant le semis ou l’émergence permettent de résoudre la question des plantules repiquées par les façons culturales.

Le désherbage sélectif antigraminées est assez proche de celui envisagé dans d’autres cultures de printemps ; vérifions les homologations et les produits accompagnants (mouillants, etc.) recommandés.

La lutte contre les dicotylées a recours notamment à des produits à base de pyridate, de pendimethaline, d’ioxynil, de bentazone ou encore de chlorprophame. Elle est compliquée à mettre en œuvre à cause de l’étroitesse de la sélectivité et la faible compétition de la culture sur les adventices.

N’oublions pas le soufre

Le calcul des apports d’azote est ceux qui demandent la plus grande attention. Les besoins totaux approchent 200 kg N /ha, dont 60 sont restitués en fin de culture.

Les exportations pour 80 tonnes/ha sont de 140 kg d’azote, 80 kg d’anhydride phosphorique, 160 kg/ha de potasse et 20 kg de magnésie.

L’analyse de sol classique et l’analyse de l’azote du profil permettent d’ajuster les apports.

L’azote peut être fractionné avec un apport de fond avant le semis, un premier apport complémentaire au stade 4 feuilles, un second apport au stade 8 feuilles et un troisième apport au stade 12 feuilles (début de la bulbaison). Le premier apport complémentaire est estimé sur base de l’analyse du profil 0-30 cm, le second sur base du profil 0-45 cm et le troisième sur base de 0-60 cm.

Le soufre est important pour l’oignon, n’oublions donc pas d’apporter une partie de la fumure azotée ou potassique sous forme sulfatée ou équivalente.

L’irrigation

Au moment de la bulbaison, les besoins en eau de l’oignon doivent être rencontrés. Même en Belgique, l’irrigation est une nécessité en culture d’oignons. À partir du stade 6 feuilles, nous tenons compte des besoins en eau pour tendre à une rétention de 80 % de la capacité totale du sol. Vu l’enracinement actif surtout sur les 50 premiers centimètres, l’estimation des besoins se fera sur cette profondeur.

Nos sols limoneux ont une capacité de rétention en eau de l’ordre de 90 mm sur cette profondeur. C’est la structure du sol et la puissance de développement de l’enracinement de la culture en place qui nous fera choisir l’un ou l’autre de ces repères.

En cas de risque de sécheresse lors des premiers stades de la culture, des tensiomètres peuvent être placés à 15 et 30 cm depuis le semis jusqu’au stade 6 feuilles.

Pour l’oignon, nous tentons de garder une réserve d’eau facilement utilisable de 80 % de la réserve du sol. Cela peut se faire sur base d’un calcul de l’évapotranspiration potentielle (ETP) et piloté par des tensiomètres à 30 et 50 cm de profondeur.

La fréquence des arrosages est donc élevée, avec des apports modérés à une vingtaine de mm dans nos conditions de sol limoneux ou sablo-limoneux.

Arroser jusque fin-août

L’arrosage est à maintenir du stade 6 feuilles à la maturation des feuilles. En pratique, avec des variétés adaptées à notre situation, cela nous mène jusque fin-août ou début-septembre. Les variétés qui ne seraient pas encore en maturité foliaire à ce moment-là ne seront plus irriguées pour favoriser l’entrée en sénescence. Également, pour les variétés plus précoces, on arrête d’irriguer 3 semaines avant la date présumée de récolte.

L’arrosage ne doit pas favoriser le mildiou de l’oignon. Pour cela, deux possibilités existent :

1) On irrigue lorsque la culture est déjà naturellement mouillée, sans augmenter la période durant laquelle le feuillage reste humide : la nuit ou durant les périodes de pluies naturelles mais insuffisantes en quantité.

2) On irrigue durant la journée, après au moins 4 heures de temps de séchage après la rosée matinale et en arrêtant au moins 4 heures avant l’arrivée de la rosée vespérale.

Protection

Notre attention sera ciblée sur la mouche de l’oignon, le botrytis au bout des feuilles des plantules (Botrytis squamosa), le mildiou (Peronospora destructor) et le botrytis en cours de culture, la pourriture du collet (Botrytis allii) en fin de culture et enfin, les thrips en cas d’été chaud et sec.

En logique IPM (Integrated pest management), les observations au champ et les avertissements seraient nos guides. Ces deux méthodes de lutte sont perfectibles chez nous.

Attention que la particularité des feuilles d’oignons d’être dressées et fortement cirées impose une rigueur toute particulière dans le réglage des pulvérisateurs. Une aide pneumatique est la bienvenue. Le champ peut également être pulvérisé deux fois à demi-dose de produit, en sens d’avancement opposés, pour mieux atteindre toutes les feuilles.

Enfin, les règles de base en maraîchage restent bien d’application pour l’oignon : longue rotation, choix variétal, raisonnement de la fumure azotée.

Récolter

La récolte se fait généralement en plusieurs phases. Un effeuillage limite la masse végétale à sécher. L’arrachage-andainage vise le pré-séchage au champ quand la météo le permet, environ une semaine avant le ramassage. Le ramassage est la reprise des oignons et le transport vers l’entrepôt.

Toutes ces opérations sont très délicates, elles sont la cause de bien des dommages.

Le séchage et la conservation font appel à des notions physiques comme celles qui règlent la conservation de tubercules ou de racines.

F.

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