Des buissons, moteurs de biodiversité

dans les plaines de Hesbaye brabançonne

Par le biais de cette opération, les associations « Faune & Biotopes » et le Groupe d’action locale « Culturalité en Hesbaye brabançonne » proposent aux différents acteurs concernés par l’état écologique des zones agricoles de l’est du Brabant wallon de se réunir autour d’un projet commun visant la conservation, la restauration et la création d’éléments arbustifs au sein des terres arables qui hébergent encore certaines espèces d’oiseaux en forte régression. Parmi ces espèces, figurent la Perdrix grise et le Bruant proyer, les deux espèces emblématiques du projet dont les populations locales sont en très mauvaise santé.

Pour que grandes cultures riment aussi avec nature

Cette opération qui a comme ambition d’améliorer l’accueil de la biodiversité dans les zones cultivées sans perturber les rendements agricoles s’articule autour de 4 actions principales : la plantation de buissons au sein des plaines agricoles, les rencontres entre utilisateurs et gestionnaires de la zone agricole, les inventaires cynégétiques et ornithologiques, l’information vers le grand public.

Objectif : 500 buissons !

L’enjeu est fort : redonner de la vie au paysage des grandes plaines. L’ambition du projet ne l’est pas moins : 500 buissons plantés d’ici 2019. Mettre en exergue l’implication des différents acteurs du monde rural en faveur de l’environnement et faciliter le dialogue entre ces personnes est également un objectif de ce projet. Cette opération prévoit dès lors aussi d’associer les écoles, associations… pour la plantation et l’entretien des buissons.

Le buisson, source de  biodiversité

Indispensables dans la protection contre les prédateurs et pouvant servir de points visuels sur lesquels se base par exemple la perdrix pour se repérer et pour repérer son nid ou de postes de chant à partir desquels le Bruant proyer balise son territoire, les buissons ont un grand intérêt au sein des plaines de grandes cultures.

D’un point de vue paysager, le buisson permet de conserver le caractère ouvert de la plaine. Sur le plan écologique, il constitue une réponse aux besoins de la petite faune des plaines. Par ailleurs, il induit pour l’agriculteur des contraintes minimes largement compensées par le bénéfice écologique qu’il entraîne.

L’idée est d’implanter un buisson procurant couvert et nourriture aux auxiliaires des cultures et à la petite faune sauvage sans gêner les travaux des champs. Idéalement, le buisson doit améliorer la connectivité entre les éléments fixes du paysage tout en tenant compte de l’existant. Pour un meilleur intérêt écologique, le buisson doit initier ou compléter des corridors écologiques existants.

Où les planter ?

Le buisson se compose de 10 arbustes appartenant à 5 espèces indigènes installées sur une surface de 2 m². Le buisson a donc le mérite de pouvoir s’intégrer facilement dans une parcelle, sans perturber outre mesure l’activité agricole. En bordure de chemin ou entre deux parcelles, le buisson a une emprise limitée mais un intérêt faunistique considérable.

On peut aussi l’insérer au sein de la parcelle, dans le sens de la culture (en tenant compte de la largeur d’une rampe de pulvérisateur). Les buissons peuvent également être implantés sous les pylônes électriques ou autour de poteaux électriques. Planté dans un coin de parcelle ou à proximité d’une borne, le buisson prendra place dans une zone parfois difficile d’accès où la culture est souvent peu productive. Il sera également techniquement possible de les combiner avec une mesure agro-environnementale et climatique (tournières ou bandes de parcelles aménagées).

La notion de « connexion » des buissons entre eux et aux autres éléments du paysage est indispensable à considérer. En effet, un buisson isolé dans une grande plaine va certes attirer la petite faune des plaines (passereau, lièvre, perdrix), mais il risque aussi d’attirer ses prédateurs (renard, rapaces), augmentant ainsi significativement le risque de prédation. Une densité de 5 à 10 buissons par 10 ha en tenant compte de l’existant semble être un bon compromis.

Pour favoriser au maximum les oiseaux des plaines, les buissons seront uniquement installés en zone agricole au plan de secteur et respecteront les distances suivantes : >100 m des habitations, > 100 m des routes à 2 voies de circulation et > 200 m des zones forestières.

Idéalement situés au cœur même des terres arables, ces buissons serviront de perchoir et de poste de chant pour le Bruant proyer, ainsi que de zones refuges et de sites favorables à la nidification de la perdrix grise. Bien évidemment, d’autres espèces pourront aussi tirer profit de ces aménagements tout au long de l’année (bruant jaune, linotte mélodieuse, faisan de Colchide, lièvre d’Europe…).

Il n’y a pas de contre-indication sur le plan de la réglementation, tant pour la déclaration pac que pour la conditionnalité des aides.

Le kit gratuit…

Pour le bon fonctionnement de cette action, l’Opération Mille feuilles s’engage à fournir gratuitement l’ensemble des matériaux nécessaires (les plants, le paillage et leurs protections, tuteurs) sous la forme d’un kit.

Les buissons sont composés de 10 arbustes appartenant à 5 essences variées, arbustives et indigènes : la viorne aubier, l’églantier, le sureau, l’aubépine et le cornouiller. Le choix de ces essences a été réalisé en fonction notamment de leur période de floraison (espèces mellifères appréciées par les pollinisateurs), de leurs fruits, graines et de leur propension à accueillir les auxiliaires de cultures. Ils seront faciles à installer et à entretenir. Un paillage est fourni dans le kit pour garantir une bonne reprise des plants en limitant la concurrence exercée par la végétation herbacée. Des protections individuelles autour de chaque pied sont indispensables pour garantir la bonne croissance des arbustes.

Une fois les emplacements définis avec les partenaires, une charte d’engagement sera signée afin de localiser ces futurs buissons, définir la période de plantation, choisir l’intervenant qui plantera et/ou entretiendra le buisson et garantir le maintien de ces buissons pendant 10 ans.

Qui participe ?

L’Opération Mille feuilles est ouverte à tous les acteurs volontaires (agriculteurs, membres d’associations locales, chasseurs, écoliers, élus communaux, membres de mouvements de jeunesse, naturalistes, promeneurs…) des différentes communes couvertes par le GAL Culturalité, à savoir : Ramillies, Incourt, Perwez, Jodoigne, Hélécine, Orp-Jauche, Beauvechain.

Où en est-on ?

Durant l’hiver 2015-16, une première phase « test » a vu naître 30 buissons au sein d’une plaine de grandes cultures à Incourt ainsi que 2 sous les pieds de pylônes sur Jodoigne. Depuis fin avril, les agriculteurs de Beauvechain et Incourt se sont rencontrés individuellement. Dix agriculteurs ont déjà promis la plantation de 33 buissons à l’automne prochain et 15 autres buissons étaient en attente de confirmation à la mi-juin.

D’après Amandine

Delalieux

,

asbl Faune & Biotopes,

et Damien Sevrin

, GAL Culturalité

en Hesbaye brabançonne

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