Le faux semis présente un grand intérêt pour réduire l’enherbement en adventices annuelles, mais il est insuffisant pour lutter contre les vivaces, sauf s’il est répété plusieurs fois en suivant.
Il est aussi considéré comme une méthode complémentaire de lutte contre les limaces, en dérangeant leur habitat.
Le faux semis, en quelle saison ?
Cette opération de travail superficiel du sol doit en principe favoriser la germination des semences présentes. Mais par la suite, nous serons amenés à détruire les plantes qui seraient déjà levées. Il faudra donc intervenir avant que celles-ci ne soient en état de produire des semences viables.
À chaque pratique culturale, nous asséchons le sol en surface. Nous devons en tenir compte et consulter les prévisions météo pour profiter des précipitations qui apporteront l’humidité nécessaire à la germination des graines.
Le faux semis peut être réalisé en toute saison, mais les résultats les plus constants sont obtenus au printemps, avant les cultures d’été. C’est notamment une question de fraîcheur du sol. Les faux semis de l’été donnent de bons résultats si le sol garde suffisamment d’humidité pour les germinations.
Des espèces comme la galinsoge ciliée et le mouron des oiseaux germent facilement en toute saison. Si elles sont bien présentes, le faux semis a son importance quelle que soit la saison.
Bien sûr, pour permettre le faux semis, il faut que le sol soit libéré plusieurs semaines entre une récolte et l’implantation de la culture suivante. Pour les semis les plus précoces du printemps, nous ne disposons guerre du temps nécessaire pour réaliser cette opération
Favoriser la germination
La première intervention consiste à favoriser la germination des graines présentes dans la partie supérieure du sol. Pour y parvenir, nous préparons le sol comme pour un semis, avec le même soin. Ce sera un faux semis car nous ne distribuons pas de semence d’une quelconque culture. Seules les semences présentes dans le sol seront concernées.
Pour permettre une bonne germination, il faut que le sol soit suffisamment rappuyé ; rouler la parcelle peut donc être intéressant.
Détruire dès le stade « fil blanc »
Quand les graines ont germé, dès le stade « fil blanc », nous provoquerons leur destruction. La destruction mécanique peut déjà être réalisée une dizaine de jours après la préparation du faux semis, les germes blancs seront présentés au dessèchement par le soleil avec une bonne efficacité.
Deux à trois semaines après le faux semis, il est possible de détruire facilement les jeunes plantules mécaniquement, thermiquement ou chimiquement. Le travail mécanique du sol sera superficiel, de l’ordre de 5 cm de profondeur, si nous ne souhaitons pas faire remonter une autre volée de graines.
A contrario, si l’implantation d’une culture n’est pas programmée avant plusieurs semaines, la mise en germination d’une autre volée de graines ira dans le sens d’une réduction de la charge de graines viables dans la parcelle, vers une réduction de son niveau d’enherbement.
Avec quels outils ?
La herse étrille est très pratique pour préparer le lit du faux semis, comme pour détruire les jeunes adventices. Elle présente l’avantage de ne pas trop affiner le sol comme les outils à mouvements commandés (fraises, herses rotatives). Surtout, elle le travaille très superficiellement, sans remonter de semences des profondeurs, ce qui est important. En effet, pour la facilité, nous pourrions être tentés d’employer la fraise sur tracteur ou motoculteur avec le risque d’affiner trop le sol en surface et augmenter le risque de battance en cas de pluie.
Le désherbage thermique présente le grand avantage de ne pas nécessiter de travail du sol risquant de faire remonter d’autres graines. En outre, il peut être réalisé entre le semis de la culture suivante et sa levée. Cette technique permet donc de gagner en efficacité.
Adapter son faux semis au type de sol
En sols lourds, le faux semis peut être réalisé tôt en saison, dès que le sol est ressuyé. En été, il sera réalisé le plus tôt possible après la récolte de légumes précédente, tant qu’il y a encore de la fraîcheur dans le sol.
En sol limoneux, et a fortiori dans les sols sensibles à la battance, le faux semis doit se faire sans affiner les mottes, par exemple par un simple hersage, et ceci afin d’éviter d’accentuer les risques de battance ultérieure.
Quel niveau d’enherbement ?
L’historique du terrain donne une indication sur le potentiel d’infestation venant du stock semencier du sol.
Le nombre de plantes levées (voir tableau) ne reflète que la population de la partie supérieure du sol. Des examens plus approfondis sur 30 cm de profondeur indiquent des nombres de semences viables de l’ordre de 1.000 à 5.000 par m² en parcelles considérées comme propres et au-delà de 10.000 par m² en parcelles considérées comme sale.
D’un seul faux semis, nous ne pouvons espérer que réduire le nombre dans la partie supérieure du sol, et pour autant que les pratiques culturales ultérieures ne remontent pas d’autres semences.
Et si vous testiez l’occultation ?
Après avoir préparé le sol comme le prévoit la technique du faux semis, nous recouvrons la parcelle avec un film plastique opaque, par exemple avec une face blanche et une face noire. Les adventices germent et meurent suite à l’absence de lumière.
La technique présente l’avantage particulier de permettre une augmentation de la température du sol, hâtant ainsi la germination des adventices. Selon la saison, l’opération est complète après 1 à 2 mois. Pour que la technique fonctionne bien, il faut que la température au niveau du sol soit propice à la germination des semences des adventices.
Pour y arriver, on place la face blanche au dessus en été pour ne pas avoir de températures trop élevées qui bloqueraient la germination et le contraire au printemps et en automne.