En répondant à ses nombreuses attentes

Le constat n’est pas neuf. En Belgique, comme dans de nombreux autres pays d’Europe, la consommation de viandes bovine et porcine est en nette diminution, au profit de la volaille. En outre, les attentes des consommateurs vis-à-vis des produits carnés ne cessent de croître. Goût, qualité nutritionnelle, sécurité sanitaire, origine des produits, bien être animal, respect de l’environnement, prix… ne sont que quelques-uns des multiples critères auxquels ils accordent de l’importance.

En parallèle, on observe une diversification des usages des produits carnés. Ainsi, en France, seuls 21 % du porc consommé en 2014 l’était sous forme de porc frais. Les 79 % restants se répartissaient de la manière suivante : 61 % de charcuterie (jambon cru et cuit, saucisson, saucisse fraîche…) et 18 % d’ingrédients (jambon cuit, lardons… intégrés, par exemple, à des plats préparés).

Dans ce contexte, comment doivent réagir les éleveurs ? Quelles opportunités peuvent-ils saisir ? Éléments de réponse avec Vincent Legendre, membre de l’Ifip – Institut du porc français, invité de la 16e Journée des productions porcines et avicoles organisée fin novembre à Gembloux.

Répondre aux attentes sociétales

En France, pays d’origine de M Legendre, plusieurs initiatives ont vu le jour afin de répondre aux attentes sociétales des consommateurs. Active notamment dans la vente de produits laitiers, volailles et viandes porcines et bovines, la coopérative Terrena prône auprès des consommateurs une agriculture écologiquement intensive : critères de qualité et teneur en oméga-3 des aliments, utilisation réduite d’intrants…

De son côté, la coopérative bretonne Triskalia affiche une volonté de transparence et organise, entre autres, des visites d’élevages et des activités dans les écoles. « Citons encore le porc de qualité différenciée Noir de Bigorre (sud-ouest de la France) dont l’image positive rejaillit sur l’ensemble de la filière », ajoute-t-il.

Une croissance importante de l’offre « sans antibiotique » ou « élevé dans le respect du bien-être animal » est également observée, tant chez nos voisins allemands que français. « En Allemagne, certains producteurs disposent de listes de critères à améliorer. S’ils atteignent les objectifs qui leur sont fixés, ils bénéficient de primes », explique-t-il. Ceci dans le but de les inciter à répondre aux attentes des consommateurs.

L’éleveur se rapproche du consommateur

Depuis plusieurs années, le besoin de renforcer les liens entre éleveurs et consommateurs se fait de plus en plus ressentir. L’envie de consommer local gagne également du terrain. Et les agriculteurs et les marques l’ont bien compris ! « Il n’est ainsi plus rare de trouver des emballages arborant des photos d’éleveurs ou mettant clairement en évidence la région d’élevage. » À cela s’ajoute l’organisation de dégustations et rencontres entre professionnels du secteur et acheteurs dans les grandes surfaces.

La façon dont s’approvisionnent les consommateurs change aussi. Même si les grandes surfaces restent privilégiées, de nouveaux circuits de commercialisation se structurent. Et Vincent Legendre d’en citer quelques-uns : « De plus en plus de magasins spécialisés et de magasins de producteurs font leur apparition. Les ventes en ligne et directes sont également en plein essor ».

Enfin, en s’impliquant davantage dans la recherche de débouchés, les éleveurs contrôlent mieux la valorisation de leurs produits.

Redonner envie

Les attentes et les comportements des acheteurs sont très diversifiés. En outre, selon une étude menée en 2014, 72 % des consommateurs français affirment que le prix n’est pas leur premier critère de choix lorsqu’ils achètent de la viande. Preuve qu’aller à la rencontre des consommateurs et respecter, autant que faire se peut, leurs attentes pourrait leur redonner envie de cuisiner et manger des produits carnés.

« Les consommateurs sont généralement surinformés mais ont besoin d’être rassurés ! C’est aux éleveurs d’aller à leur rencontre, dans un souci de transparence, afin de répondre à leurs questions », ajoute encore Vincent Legendre. Cette démarche permettrait également de renforcer leur relation de confiance.

Et de conclure : « Redonner envie à nos concitoyens d’acheter de la viande est essentiel. Cela ne pourra se faire sans les éleveurs et la promotion de leur savoir-faire ».

J.V.

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