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Bien choisir son taureau,

c’est s’assurer la réussite de ses vêlages

Grouper la majorité des vêlages à l’automne, c’est ce que prône l’exploitation Gilain Cassart, située à Falaën, en province de Namur. L’essentiel des veaux était déjà donc là au 26 novembre, date choisie par le Herd-book limousin pour organiser la visite de l’exploitation et son traditionnel souper annuel. Une initiative qui attira une centaine d’éleveurs limousins mais pas seulement…

Temps de lecture : 5 min

Si Cécile Cassart est désormais entièrement vouée à la limousine, la race n’est pourtant arrivée que tardivement dans sa vie. Elle et son époux, Laurent Gilain, actif dans le commerce de bétail, ont depuis toujours baigné dans le Blanc-Bleu.

À leur mariage en 89, Cécile se lance dans un élevage d’une cinquantaine de bêtes. « Étant donné que l’étable de commerce est sur le même site que l’élevage, nous avons vite été confrontés à des problèmes de grippes. »

Raison pour laquelle, le couple opte pour une race plus rustique : la Charolaise. Malgré les croisements, le couple rencontre encore des soucis liés à des diarrhées, aux pattes… Laurent achète alors Seigneur, un taureau limousin qu’il destine au croisement sur les charolaises.

Le virus de la limousine gagne le couple et le cheptel s’agrandit. Leurs premières génisses viennent d’Ardenne, ensuite de Corrèze… L’élevage évolue et, systématiquement, Cécile investit dans des animaux inscrits. Le but ? Améliorer davantage la génétique du troupeau. « On aperçoit encore des restes de Charolais dans le pelage de certaines bêtes, mais nous voulons arriver à terme à du pur limousin. »

À l’heure actuelle, le troupeau se compose de quelque 140 mères, de leur suite et de 8 reproducteurs.

Éviter une génétique de bêtes sauvages

L’éleveuse se souvient : « Au début, nous avions des bêtes plutôt sauvages. Et comme je suis la plupart du temps seule, il était important d’avoir des limousines relativement calmes qui se laissent approcher et boucler facilement. Je ne conserve pas les animaux trop agressifs. Je ne veux pas avoir une génétique de bêtes sauvages ! En général, je ne rencontre aucun souci. Je connais mes bêtes. Je suis très souvent « dedans » ! »

Les lots en prairie

En ce qui concerne les lots, l’éleveuse répartit ses femelles en 4 groupes : un de génisses qui reste non loin de l'étable pour pouvoir les rentrer la nuit et trois de vaches. Chaque lot a sa prairie et son aire de contention de manière à permettre aux éleveurs une manipulation plus facile.

À partir du 15 novembre, les taureaux sont répartis dans les lots de manière garder une courte période de vêlages.

Dans les boxes, le couple compte un taureau pour 25 vaches, et deux mâles pour les 40 génisses qui devront mettre bas à l’âge de trois ans.

Un reproducteur est quant à lui placé avec les tardives, tandis qu’un autre n’est utilisé qu’en cas de dépannage.

Tous les vêlages à l’automne…

Si Cécile a déjà connu des saisons avec 170 vêlages, elle a réduit le nombre de mères pour pouvoir mieux suivre et gérer les naissances. D’autant qu’elle groupe tous ses vêlages à l’automne, quand les jours sont encore plus ou moins longs. La raison : éviter les problèmes de diarrhées. « J’ai déjà connu des années difficiles à ce niveau… quand les vêlages avaient lieu en hiver. »

Entre le 15 août et le 15 octobre, 125 veaux étaient déjà nés. Au 15 novembre, 11 autres mères avaient mis bas et 7 autres étaient encore pleines.

… Et au pré !

Autre avantage de grouper les naissances à l’automne : le fait qu’elles aient lieu à l’extérieur. Bien que les génisses rentrent le soir à l’étable, la grosse majorité des animaux vêlent et restent dehors, ce qui réduit aussi considérablement les problèmes de diarrhée. « Une fois qu’elles sont à l’extérieur et qu’elles y rejettent leurs eaux… Tout est plus facile ! »

Toutefois, un tel nombre de vêlages en si peu de temps demande de la surveillance… d’autant plus que cette année, l’exploitante a connu des problèmes lors de la mise bas. Entre jumeaux, veaux gras, pertes de matrice, cul devant, césariennes… Cinq nouveau-nés sont morts.

Le choix du taureau est primordial

« Quoi qu’on en dise, avoir un taureau valable joue énormément dans la réussite des vêlages », estime Cécile. Si les éleveurs se fournissent en reproducteur dans quelques bons élevages wallons, ils se rendent également une fois par an en France dans le berceau de la race pour s’en procurer un.

« On prête fort attention à l’accouplement et on est bien conseillé. Certains éleveurs choisissent leur reproducteur de façon aléatoire et s’étonnent de rencontrer des difficultés lors des mises bas… C’est le meilleur moyen de se dégoûter d’une race ».

« L’année dernière, je n’ai raté qu’une naissance… cette année, on a rencontré davantage de problèmes. Pour moi, ils sont essentiellement dus au choix du taureau. »

Elle en veut pour preuve : « J’ai dû aider près de la moitié de mes génisses à vêler, ce qui n’arrive pas souvent ! C’est une question de génétique. Quand on se sert pour la première fois d’un taureau les résultats sont toujours un peu aléatoires. »

Une ration plus fibreuse

En ce qui concerne la ration, les bêtes reçoivent du foin, du préfané (ray-grass, pois). L’appétence est améliorée grâce à de la pulpe et des radicelles. Malgré la fibrosité de leur assiette, les animaux la consomment relativement bien. Y sont encore ajoutés minéraux et correcteurs.

« À travers l’alimentation, on essaie que les veaux aient du lait de bonne qualité… ils sont ainsi mieux protégés des problèmes de diarrhée.

Débouchés

Une fois le sevrage terminé, les jeunes sont vermifugés et mis au pâturage. Pour Laurent, les trois semaines en prairie leur permettent de bien « démarrer ». Les broutards quittent systématiquement l’exploitation vers 9 mois chez un seul et même engraisseur. Quant aux génisses, le couple en garde une quarantaine pour le renouvellement du troupeau, le reste part aussi à l’engraissement.

« Si auparavant, tous nos produits étaient vendus en Italie, l’année passée, nous avons vendu une vingtaine de génisses pour l’élevage. À terme, on pense se diriger dans cette voie ! L’idée est en train de faire son chemin ! »

P-Y L.

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