Bio-fertilité, je vous aime!

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Voir l'offre d'abonnementLes agriculteurs sont affublés de nombreux défauts, parfois réels, souvent légendaires. Ainsi, paraît-il, une large propension à tricher ferait partie de notre nature profonde ! Fausses déclarations, non-respect des règles, fraudes en tous genres… « Les cultos sont une belle bande de magouilleurs ! », me disait naguère un indépendant, lui-même condamné à payer une amende salée pour travail au noir. La récente « affaire » hypermédiatisée n’est pas venue redorer notre blason, on s’en doute. À force d’être sans cesse suspectés par tout le monde, un sentiment de culpabilité finit par nous faire douter de nous-mêmes. Sommes-nous quelque part des tricheurs, oui ou non ? Peu ou prou ? Oui sans doute, car comme dirait l’autre : qui vole un œuf au fipronil, vole un bœuf Viviba !
J’ai lu avec attention l’article de Marc Assin du 16 mars, intitulé « Bavure chez Veviba : qui va en baver » et je souhaite pousser encore plus loin la réflexion. Marc Assin écrit « poussé par une envie irrésistible de profit », c’est tout à fait juste ! Tout cela s’est produit car Veviba fonctionne suivant une méthode ultra-performante, superintensive mue par la cupidité de ses patrons qui n’ont pas hésité à employer des méthodes douteuses et malhonnêtes pour la satisfaire.
Après des années de carême, l’agriculture, et plus particulièrement son élevage laitier et viandeux, va-t-elle un jour voir, au bout du tunnel, une lumière pascale illuminer l’avenir ?
Dans le cochon tout est bon, du grognon au jambon ! Dans la vache itou, bon du museau aux cuissots. Hélas, ces adages ne font plus du tout l’unanimité, et le désamour pour la viande ne cesse de prendre du poids, nourri par les malentendus, les méconnaissances, les campagnes de désinformation et surtout les scandales du style Veviba. Les abattoirs sont devenus des antres du diable sur lesquels se focalisent toutes les peurs, toutes les indignations, toute la défiance des consommateurs.
Le bœuf s’est pris une baffe, une de plus, et celle-ci risque de faire mal, vraiment très mal ! Depuis trente ans, les scandales alimentaires se sivent à la queue leu leu : hormones de croissance, vache folle, dioxine, fipronil… Ils se ressemblent comme d’affreux frangins : à chaque fois, un maillon de la chaîne agro-alimentaire est pris la main dans le sac, poussé à la faute par son envie irrépressible de profit. Chaque fois, les médias en font leurs choux gras et toute la filière en paye les pots cassés, surtout les plus faibles, nous…
Sur le site internet www.bluesel.eu, on peut lire le résultat de la comptabilité de 16 élevages de Blanc Bleu mixtes. Cela date des années 2007 à 2010, années de sinistre mémoire, quand on épandait le lait dans les champs en signe de protestation. Mettre du bon lait dans des tonneaux à lisiers : une honte.
Nous devrions être fiers, nous agriculteurs, de pouvoir assurer à toutes et tous une nourriture de qualité, abondante et bon marché. Au lieu d’être récompensés de tous nos efforts tels que la réduction de l’usage des pesticides et des engrais, le respect de mesures agro-environnementales, la traçabilité etc., certains se permettent de désinformer la population en diabolisant l’agriculture d’aujourd’hui. Mais le temps est révolu où nous laissions salir notre profession sans réaction.
Dans nos pays de vieille culture judéo-chrétienne, les anciens savent que le Carnaval, ce n’est pas ducasse toute l’année, c’est le pain blanc avant le pain gris. C’est l’abondance avant l’abstinence. Et ce qui plane aujourd’hui sur les éleveurs, aussi bien pour la viande que le lait, ce n’est pas quarante jours de jeûne, c’est une crise socio-économique dont on ignore la durée.
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