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Dernièrement, nous avons reçu plusieurs messages de l’acheteur de nos betteraves. Celui-ci se veut rassurant et évoque la durabilité. Son dernier message, nous est arrivé à l’aube de la seconde souscription organisée par la CoBT. C’est de bonne guerre. Ceci dit, la restructuration chez Sudzucker est pour 2020 (les emblavements, partout en Europe, sont réalisés) et d’ici là, beaucoup de choses peuvent encore changer la donne ! De plus, pas un mot sur un prix décent et rémunérateur pour notre betterave.
Je voudrais faire part à mes collègues agriculteurs de ma motivation pour le projet de sucrerie coopérative à Seneffe.
Que chacun d’entre nous se mobilise est primordial pour l’agriculture wallonne et pour chacune de nos fermes. La betterave fait partie des têtes d’assolement et sans elle, nous serons encore plus à la merci des industriels qui dicteront leurs lois.
Sans être betteravier, quand on a connu le secteur de près, on n’est pas insensible à son « devenir ».
La betterave, c’est une si longue histoire. Avant elle, au temps des caravelles, le sucre venait de loin. Il était rare et cher. Je n’étais pas là quand, en 1747, Marggraf découvrit que la betterave (fourragère) contenait aussi du sucre, ni quand Achard, en 1799, présenta au roi de Prusse, le premier pain de sucre obtenu par son extraction. Je n’étais toujours pas là, en 1875, lorsque notre pays comptait 164 sucreries. Il y en avait 5 à moins de 5 km de chez moi.
Comment pourrait-il en être autrement ? Ô combien m’a ému le cri d’Émilie ! Comme il a ému des milliers d’Internautes et de lecteurs du Sillon Belge de cette fin février. Son histoire est désespérément banale, et se répète à l’envi dans nos régions où l’argent a asservi nos manières de penser et d’agir, en agriculture et dans tous les compartiments de notre société.
Vous connaissez peut-être « 1984 » de Georges Orwell. Ce roman dystopique décrit une société totalitaire dominée par « Big Brother », sorte d’entité autoritaire qui observe le moindre des agissements des gens via un système de caméras et de micros installés dans tous les lieux de vie. Cette transparence oblige les citoyens à adopter un comportement irréprochable, à respecter les normes imposées et les directives qui en découlent. Le pouvoir tyrannique est imposé via ce puissant vecteur, ce regard permanent qui pèse de manière intolérable sur les individus.
Pincez-vous si vous voulez : vous ne rêvez pas ! Dix à quinze degrés à midi, voire davantage en plein soleil, ciel bleu et brise du sud, Saint-Valentin n’a pas lésiné sur la chaleur de ses baisers, et depuis le 14 février, la météo s’est résolument mise en mode « printemps », avec six semaines d’avance. Les terres détrempées s’essorent à toute vitesse, et déjà, les rivières vagabondes gonflées d’eau rentrent sagement dans leur lit. D’ici quelques jours, il sera possible de labourer, de herser les prairies, d’épandre les fumiers. La ronde des saisons s’est accélérée pour un temps, entre vêlages et semailles. Tic-tac, tic-tac, l’horloge tourne et le temps s’enfuit. Et pour nous, depuis le 15 février, il est l’heure, ou plutôt « il est l’or monsignor » de remplir nos déclarations PAC de superficie.
Après l’agriculture bien que raisonnée, ce sont les éleveurs et engraisseurs qui sont dans le viseur de Greenpeace. Le méthane produit lors de la digestion de nos ruminants serait responsable des caprices de notre climat.
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