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Une autre relation essentielle… aux animaux, à la nature à la ferme d’A Yaaz

A la recherche d’un cadre intimiste, de contacts avec les animaux, avec la nature ou encore d’activités pour enfants… la Ferme d’A Yaaz, qui jouxte la Forêt d’Anlier à Heinstert, est le lieu insolite qui séduit petits et grands. Cette exploitation agritouristique à vocation pédagogique et thérapeutique réconcilie auprès du visiteur agriculture et nature. Elvire Bonfils, sa conceptrice, nous en dit davantage sur son projet.

Temps de lecture : 7 min

Après avoir travaillé 15 ans comme gestionnaire de projet dans le milieu bancaire au Grand-Duché de Luxembourg, Elvire Bonfils décide de changer de cap en 2010. « Je me suis remise en question. J’aimais mon travail mais mes horaires ne me permettaient pas de voir mon fils grandir. Après un an de réflexion, elle lance son projet de ferme pour enfants. A cette époque, elle organise déjà des anniversaires en forêt. Anniversaires, stages, viennent ensuite les classes en immersion, puis la construction du premier hébergement insolite en 2012 : le family pod. En complément au gîte écologique. « Nous sommes partis de rien et on a tout créé au fur et à mesure. »

Le concept développé à A Yaaz plaît et pousse Elvire à le développer davantage. « Nous avons donc rencontré un concepteur de roulottes avec qui on a travaillé la nôtre : la roulotte de Camille. Viennent ensuite la maison du troll, l’étable, une salle pédagogique et un grand bâtiment. En été, les visiteurs ont l’opportunité de dormir sous un tipi. « Dans sa forme actuelle, la ferme est aboutie. En termes d’hébergement, la volonté est au maintien de la capacité et de garder ce côté intimiste. »

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Un pôle agritouristique

« Nous sommes reconnus comme camping à la ferme. Notre concept se situe entre hôtel et camping. Les logements sont au milieu des prairies et des animaux et sont équipés de chauffage, électricité… Cuisines et sanitaires font partie des communs. » Les hébergements sont repris sur une plateforme en ligne qui permet de toucher une clientèle tant nationale qu’internationale. Le bouche-à-oreille fait le reste ! « Nous avons une clientèle qui revient chaque année », sourit-elle.

Si le concept marche plutôt bien, les débuts n’ont pourtant pas été évidents, se souvient-elle. « Quand je me suis lancée, tout le monde m’a ri au nez ! Ça ne pouvait pas fonctionner. Aujourd’hui, je reçois la visite de nombreuses personnes intriguées, certaines veulent s’en inspirer. Je suis déjà en train de réfléchir à autre chose : une tiny house ou un concept similaire. Celui-ci devrait un jour remplacer un logement. Je vise toujours une clientèle familiale intéressée par le calme et le contact des animaux. » Notre proximité avec la forêt d’Anlier est clairement un atout pour notre offre tant en logements qu’en activité. Nous réfléchissons d’ailleurs à proposer des formules all inclusive à destination des randonneurs, VTTistes et autres traileurs. Nous leur proposerions un circuit d’une après-midi, une nuitée dans un hébergement, le couvert, et un autre circuit pour le lendemain. »

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Elevés pour leur petite taille et leur gentillesse

Et ce qui plaît particulièrement à ces clients, c’est le contact avec les animaux, qu’ils peuvent caresser à volonté. Poneys, chevaux de trait, lapins, poules, chèvres, moutons, vaches… Chez Elvire, tous les animaux que l’on peut trouver habituellement en ferme sont là, ainsi que des alpagas, son coup de cœur. Toutefois, il n’y a pas de production primaire. « Je ne trais pas mes vaches, je ne produis ni viande, ni céréales… J’élève et sélectionne mes animaux pour pouvoir travailler avec eux. Ils sont mes collègues de travail. C’est une toute autre approche de l’animal que ce que l’on voit habituellement. Les gens peuvent librement aller les caresser. Ils sont sélectionnés pour leur petite taille et leur gentillesse. »

Les animaux sont sélectionnés pour leur petite taille et leur gentillesse.
Les animaux sont sélectionnés pour leur petite taille et leur gentillesse.

Aucune production primaire ? Pas exactement. L’agricultrice s’est lancée depuis deux ans et demi dans l’élevage du nez noir du Valais, une race ovine originaire de Suisse. Si le mouton, de par son caractère calme et paisible, convient parfaitement à la philosophie de la ferme, l’idée est de le valoriser pour sa laine et de vendre quelques animaux. « C’est une race rare en Europe, les suisses bloquant leur exportation. J’ai acheté un premier cheptel que je suis en train de développer. Ces moutons ont la particularité d’avoir une laine dont les fibres sont longues et épaisses. On les tond deux fois par an. L’objectif prochain : faire traiter la laine et la mélanger par la suite avec celle d’alpagas pour proposer une fibre qui n’existe pas encore. »

Les nez noir du Valais sont rares. Ils sont élevés pour leur caractère doux et paisible mais aussi pour leur laine.
Les nez noir du Valais sont rares. Ils sont élevés pour leur caractère doux et paisible mais aussi pour leur laine.

La basse-cour est également fournie ! On peut y apercevoir entre autres une poule naine velue sur les pattes. « Nous nous inscrivons dans un programme de réserve du Barbu d’Uccle. C’est une poule naine barbue, gentille, et facile à transporter. Elle est d’ailleurs très utile quand je vais en home faire de la « cocotte thérapie » auprès des malades d’Alzheimer », sourit-elle. « Les gallinacées vont m’aider à raviver les souvenirs d’enfance des personnes que l’on rencontre. Toute la démarche permet de reconnecter ces patients à l’autre par l’intermédiaire de l’animal. »

Elvire fait partie d’un programme de conservation pour le Barbu d’Uccle, une poule naine.
Elvire fait partie d’un programme de conservation pour le Barbu d’Uccle, une poule naine.

Une approche thérapeutique

Comme, elle vient de l’évoquer, Elvire est éducatrice spécialisée et intervenante en médiation assistée par l’animal. Voilà deux ans qu’elle s’est rendue à Strasbourg chez Agatéa pour suivre une formation d’un mois en zoothérapie ! « En ferme, j’observais des choses qui se passaient entre les visiteurs et les animaux. Je voulais les comprendre et mettre un cadre autour. Mettre des mots sur ce que j’avais observé. »

« Si la médiation avec l’animal est reconnue au Canada depuis 25 ans et en France depuis une quinzaine d’année, En Belgique, on en n’a pas encore compris les bienfaits. » déplore Elvire

La médiatrice accueille sur site ou se déplace. Il n’est pas rare qu’elle aille en homes et autres institutions avec ses animaux. « C’est l’animal qui m’aide à faire faire à l’autre. Je travaille aussi bien avec les lapins, les poneys, le chien… Tous les animaux présents sur la ferme peuvent potentiellement m’aider à aider la personne. »

La médiatrice travaille avec tous les publics et propose aussi des ateliers découvertes durant lequel on recherche le bien-être de la personne. »

Son objectif à l’avenir ? Rendre visite aux enfants dans les hôpitaux avec mes animaux. « Mais cela représente un double travail : celui de la sélection de l’animal selon sa race, ses origines, son caractère, son éducation… ainsi que sa désensibilisation à l’environnement et son éducation au travail. On ne peut pas arriver avec un animal stressé ! »

La discipline requiert avant tout un travail de préparation à la rencontre. Les activités doivent être adaptées en fonction du public. « On se doit de varier nos animations. Ce qui est paradoxal ? En médiation, il est important de créer des rituels mais aussi apporter des nouveautés et de s’adapter aux objectifs que l’on souhaite atteindre pour la personne. »

A noter qu’on ne peut travailler avec un animal qu’une fois par jour. « Après une séance de médiation d’une heure durant laquelle il y a du plein contact avec l’animal pendant une demi-heure, l’animal est épuisé. Les transferts émotionnels sont forts, aussi bien pour eux que pour moi. Raison pour laquelle nous devons nous décharger de ce que nous avons emmagasiné durant la séance. Pour ce faire, je me promène en forêt ! C’est vital », sourit-elle.

Accueil scolaire, stages et anniversaires

Elvire et ses collègues accueillent aussi des écoles à la journée, jusqu’à 60 enfants. « Si nous organisons des stages durant les vacances de Pâques et d’été, nous proposons aussi une quinzaine de thèmes en rapport avec les animaux pour des après-midi d’anniversaires. Les parents peuvent piocher 3 activités parmi les 150 activités que la structure propose. Et visiblement, le concept leur plaît. Ils reviennent d’année en année. »

Nombreuses sont les animations pour les enfants. Elles permettent toujours d’aborder un aspect de la ferme.
Nombreuses sont les animations pour les enfants. Elles permettent toujours d’aborder un aspect de la ferme.

Elvire propose aussi des activités sur rendez-vous à ses clients : balade à poney dans la forêt d’Anlier, balade en segway, jeux en bois et visite guidée de la ferme… Les visiteurs ont donc l’embarras du choix. « J’ai créé une structure qui me correspond. Je reçois un coup de main bénévole de temps en temps. J’ai engagé deux mi-temps. Et cela tourne bien en l’état ! Dans la région, nous sommes cinq fermes pédagogiques, avec nos spécificités propres. C’est ce qui fait le succès et la viabilité de nos projets », conclut-elle.

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