Le saule et ses nombreux cultivars

Le saule, Salix en latin, serait originaire d’Inde ou de Chine, mais il est devenu indigène depuis belle lurette. Il colonise facilement les espaces vagues, délaissés, rudéralisés. Il aime les sols humides, même submergés et possède une bonne résistance à la pollution. Il est connu pour sa croissance rapide.

C’est un arbre mellifère, surtout Salix caprea (saule marsault) et ce, à une période où peu d’arbres arrivent en fleurs. Ses graines s’essaiment en fonction des vents. Il existe des plantes mâles et des plantes femelles.

Le bois et l’écorce

La famille est vaste et prolifique ; les espèces se croisent facilement et produisent de nombreux « bâtards », multipliant d’autant les possibilités d’emploi. Elle est à la base de vanneries diverses, ainsi que des sabots, plus résistants à l’eau que ceux faits d’autres bois car celui des saules est imputrescible dans l’eau.

Ce bois se fend facilement pour la fabrication d’allumettes. Le fusain est également le fruit d’une combustion lente du saule (d’autres plantes également) jusqu’à ce qu’il ne reste plus que le carbone. C’est le départ du dessin au fusain.

Salix purpurea, au bois rouge, était utilisé comme ligature dans les jardins pour lier les palmettes en poiriers ou en pommiers, les rosiers grimpants ou autres. Personnellement, j’ai réalisé des milliers de ligatures de cette façon. Les osiers sont remplacés aujourd’hui par des fils de plastique imputrescible, sans doute plus solide, mais plus long à utiliser (osier : trois ligatures pour une avec du plastique).

L’écorce des Salicacées contient de la salicyline, produit de base d’antalgiques et anti-rhumatismaux, qu’on retrouve dans les cachets d’aspirine sous la forme d’acide acétylsalicylique.

Longévité

On lui souhaite une longévité de 60 à 100 ans mais elle est variable selon les espèces et variétés. Le plus spectaculaire des saules (un Salix alba) recensés en Belgique date d’avant 1977, avec une circonférence, mesurée à 1,5 m, de 5,20 m pour une hauteur de 20 m.

On trouvait également un saule pleureur de 5,75 m de circonférence dans le cimetière de Wervik.

Ces deux sujets remarquables étaient cités dans « Arbres de Belgique » de la Société belge de dendrologie. Sont-ils encore vivants ?

Principales espèces et cultivars

Salix alba (S.a.) est originaire d’Europe et très commun chez nous. Il atteint 15 à 20 m de haut, possède des feuilles lancéolées de 5 à 10 cm. et des chatons mâles de 5 cm. Il a produit de nombreux cultivars :

– S.a. Belders : cultivar mâle très résistant à la rouille ;

– S.a. Liempde fut découvert en Hollande, en 1949. Vu son port érigé et sa croissance rapide, il est souvent choisi comme arbre d’alignement. Il résiste bien à la rouille. Le jeune bois est brun clair ;

– S.a.Chermezina a été trouvé en Allemagne, en 1890. Les jeunes rameaux sont rouge pâle ;

– S.a. Argentea est également originaire d’Allemagne. Il a le feuillage argenté et est synonyme de S.a. Sericea ;

– S.a. Tristis fut découvert dans le Haut Rhin en 1815. Sa hauteur peut varier de 8 à 10 m et il a les branches pendantes. C’est un saule femelle, moins décoratif que les autres pleureurs.

Salix chrysocoma est le vrai saule pleureur à bois jaune. Aussi appelé S. sepulcralis ou S. babylonica, le saule pleureur de Chine est venu de Mandchourie en 1692. Les saules pleureurs (peu importe le synonyme) atteignent facilement 10 à 15 m de haut avec une envergure de 8 à 10 m. Les chatons femelles mesurent 2 cm, les chatons mâles 4 cm de long.

Salix caprea (S.c.) est mieux connu sous son nom vernaculaire de saule marsault. Commun chez nous, il se développe jusqu’à 2.000 m d’altitude. Ses rameaux sont cassants, contrairement à ceux d’autres saules, aux branches souples, utilisées en vannerie. Ses feuilles elliptiques mesurent de 5 à 10 cm. Les chatons mâles ont des anthères jaunes alors que les chatons femelles ont une teinte gris argenté. Ils sont utilisés au printemps dans la confection des bouquets secs. S.c. pendula ou S.c. Kilmarnoch, du nom de son inventeur en 1853, est un saule marsault pleureur de petite taille. À part cette caractéristique, il se comporte comme l’espèce.

Salix matsudana (S.m.), le saule tortueux, nous est venu de Chine vers 1900. Il atteint une taille de 10 m et a des feuilles très lancéolées, étroites à revers blanchâtres. Les chatons mâles mesurent jusqu’à 2 cm, chatons femelles un maximum de 1 cm. S.m. Tortuosa est également venu de Chine vers 1920. Il est caractérisé par ses branches torsadées, par son développement rapide, mais ce n’est pas un géant : 8 à 10 m de haut. Il est très utilisé comme arbre de Pâques.

Salix viminalis est aussi appelé osier vert ou osier des vanniers. Contrairement aux saules cités ci-avant, il s’agit d’un grand arbuste aux rameaux verdâtres et des feuilles linéaires longues de 20 cm pour 1 cm de large. Il est très répandu et faisait jadis l’objet d’une culture. Les oseraies fournissaient la matière première de la vannerie rustique.

Toutes les espèces, variétés et cultivars de Salix se multiplient par bouture d’hiver, à l’exception de Salix caprea pendula qui est reproduit par greffage sur l’espèce.

Précautions

Les racines des saules en arbres sont traçantes. On en tiendra compte lors des plantations. Ils ont l’avantage de pousser très rapidement, ce qui leur permet de résister à de nombreux « ennemis ».

Du coté des animaux, les lapins et les chevreuils sont friands des jeunes sujets.

Les larves de certains insectes y creusent parfois des galeries :

– Le capricorne (Aromia moschata), un joli coléoptère longicorne de 2 à 3 cm, bleu-vert à reflets métalliques ;

– Le cossus (cossus cossus) et la zeuzère du poirier (zeuzera pyrina), des lépidoptères, l’un est brun et mesure 3 à 4 cm, l’autre est blanc ligné noir.

Parmi les autres ravageurs, citons encore les tenthrèdres (chenilles vertes de 10 à 15 mm), les charançons et les chrysomèles (5 à 10 mm) aux reflets métalliques et brillants.

Un traitement adapté débarrasse l’arbre de ces parasites, souvent peu nombreux et inoffensifs pour la santé de l’arbre.

Maladies

Les saules peuvent être la proie de plusieurs maladies cryptogamiques, telles que l’oïdium (Uncinula salicis), le chancre (Nectria galligena), la tavelure (Fusiclodium saliciperdum), l’anthracnose (Marssonina salicicola), le chancre noir (Glomerella myabeana), la rouille. Les deux dernières maladies entraînent la chute des feuilles.

Pour éviter l’expansion des maladies, les feuilles sont ramassées et brûlées. Un traitement fongicide pourrait s’imposer.

Un prochain article traitera des saules nains.

D.B.

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