Issu du milieu agricole, Martin Lovenfosse se lance dans le secteur de la viande en 1989. S’il commence par abattre 15 porcs par semaine, il évolue dans la découpe de la viande de porcs pour abattre près de 2.000 porcs par semaine en 2011.
En 2010, il construit un nouveau bâtiment avec la commune d’Aubel, qui était alors propriétaire de l’abattoir.
En 2011, la société Westvlees lui propose un partenariat afin de racheter l’atelier de découpe l’abattoir public, alors détenu par Detry.
« Une fois l’outil entre nos mains, nous avons complètement changé la philosophie de travail, enlevé l’automation pour mettre un tout nouveau conditionnement en bacs et un nouveau système informatique. Nous avons regroupé trois sociétés, trois clientèles : Detry viande, Lovenfosse viande et la partie wallonne de Westvlees. »
De quoi être très rapidement présent sur l’ensemble de la Wallonie, dans les centrales belges, avec une gamme de produits correspondants aux différentes demandes, tant en service qu’en qualité. « Nous livrons toutes les usines de charcuterie en Wallonie. »
1/3 des carcasses à l’export…
Des 13.000 cochons désormais abattus chaque semaine à Aubel, la moitié vient de Wallonie, le reste vient du Limbourg.
Quelque 4.000 carcasses sont exportées chez nos voisins européens, tandis que 1.000 autres sont livrées aux grossistes en viande wallons.
À la découpe, ce sont près de 8.000 porcs qui passent par l’atelier. 30 % de produits désossés partiront congelés pour l’étranger.
En portion consommateur, la totalité des produits est commercialisée sur le marché belge.
94 % des abattages wallons
Les abattages de l’entreprise représentent 94 % des abattages wallons puisqu’on ne compte plus que deux abattoirs sur le territoire francophone.
En ce qui concerne les porcs nés et engraissés en Wallonie, quelque 2.000 bêtes sont abattues chaque semaine. « Ils viennent de producteurs indépendants ou d’intégrateurs qui engraissent en Wallonie. Ils le sont selon des cahiers de charge de qualité différenciée et sont répartis dans les filières Colruyt, Delhaize et « Porc Aubel ». En outre, nous abattons deux cent porcs bio par semaine.
L’avenir de la viande ? Les barquettes !
Une fois l’abattoir repris, il n’aura fallu que deux ans à l’entreprise pour faire de la structure un outil rentable. Avec un chiffre d’affaires de 138 millions d’euros, une occupation de 385 salariés et des investissements annuels avoisinant 1,5 million d’euros, l’abattoir est en constante évolution.
Le taux d’occupation de l’outil est désormais de 85 à 90 %. « Si l’entreprise ne faisait pas partie d’un groupe, nous ne saurions pas avoir cette stabilité dans les ventes et dans la production. Nous ne congelons rien mais nous avons un partenaire (d’Hulster) qui le fait pour nous. Nous avons des contrats avec la Corée, notamment, qui nous permettent de garantir une production et du travail de façon stable. »
En ce qui concerne l’atelier de découpe, la production a doublé en à peine cinq ans. « Nous avons misés sur la valeur ajoutée, les produits à haute recherche. Pour ce faire, nous avons une cellule de recherche et développement et un partenariat avec le Cra-w. L’avenir de la viande sera dans les barquettes ! »
Et cette évolution du tonnage n’est pas terminée… ce qui, à terme, créera davantage d’emploi au sein de l’entreprise.
Capter la valeur ajoutée
Par rapport à un abattoir bovin, la main-d’œuvre dans l’abattoir porcin d’Aubel est beaucoup plus importante malgré la présence d’une forte automatisation.
« La qualité de production nécessite un personnel plus important. Nous allons jusqu’au bout de notre produit afin de capter le maximum de valeur ajoutée. Nous essayons non seulement de vendre mieux mais d’être efficace dans le travail.»
Faire profiter les éleveurs…
« Pour satisfaire aux demandes de nos clients, nous nous devons de créer une filière différenciée ! Une opportunité de favoriser la production porcine wallonne, et d’ainsi faire profiter les éleveurs wallons d’un prix intéressant et durable, de promouvoir la production dans le respect du bien être animal. »
L’occasion pour le dirigeant de montrer patte blanche quant au bon traitement des animaux. « Nous avons placé des caméras pour s’assurer que les porcs soient transportés et abattus dans les meilleures conditions. Nous savons que la qualité de la viande dépend de l’abattage, mais aussi de leur traitement depuis le départ de la ferme. »
Avec ce système et la formation du personnel, le directeur de l’entreprise assure avoir des résultats satisfaisants.
… De nouvelles opportunités
Autre objectif pour M. Lovenfosse : favoriser la promotion et la distribution de viande et de charcuterie régionale. « La Wallonie consomme beaucoup plus de viande (25 %) qu’elle n’en produit (6 %). Il y a donc tout un défi à relever ! D’autant que nous avons des difficultés à convaincre les éleveurs de produire des porcs. Or la production pourrait être rentable !
« Avec les nouvelles réglementations, il existe des opportunités pour de nouveaux cahiers des charges pour de nouveaux clients. La qualité différenciée peut réellement être un atout car nos clients ont un intérêt à développer de nouveaux produits. Nous connaissons leur intérêt pour une identification des productions wallonnes. »
Et le directeur d’ajouter: «Nous avons une capacité importante de vendre de la viande en Wallonie. Il y a donc encore de la place pour ce type de production chez nous. Nous aimerions donc rassembler nos forces pour mettre en place un projet qui peut dynamiser ce que l’on fait!» « Nous ne voulons rien produire si nous ne l’avons pas d’abord vendu. Si nous arrivons à le faire bien, nous pourrions donner un prix correct au producteur. »
P-Y L.