Des exploitations grandissantes

mais dont la succession pose question

Le 28 janvier dernier, le Comice agricole d’Arlon organisait sa traditionnelle journée d’étude de janvier consacrée, cette année, à la remise des exploitations agricoles. En effet, trouver un repreneur et transmettre sa ferme n’est jamais aisé, tout type de production confondu. Par conséquent, d’année en année, le nombre d’exploitations encore en activité diminue et la province de Luxembourg ne fait pas figure d’exception.

Une situation peu réjouissante qu’a détaillée Pierre Peeters, directeur du Centre de gestion du Service provincial d’information, de gestion et de vulgarisation agricole (Spigva).

En 10 ans, 30 % de disparition

« Entre 2003 et 2013, plus de 4 millions d’exploitations agricoles européennes ont disparu. En 10 ans, leur nombre a chuté de 28 % », déplore-t-il.

En Belgique, la situation est très similaire. Alors que près de 55.000 exploitations étaient recensées en 2003, elles n’étaient plus qu’environ 43.000 en 2013 (voir tableau), soit une diminution de 30 %. « En province de Luxembourg, le nombre de fermes a subi le même sort (-30 %) et s’établissait à 2.670 en 2013 contre 3.390 en 2003 ».

Les exploitations d’une surface inférieure à 20 ha sont les premières à être touchées par ces disparitions ; leur nombre n’a cessé de diminuer ces 15 dernières années. Au contraire, celles dont la surface cultivée est supérieure à 50 ha n’ont été que très peu touchées par cet amenuisement : de 1.247 en 2001, elles étaient encore 1.212 en 2013.

Des exploitations trois fois plus grandes

Entre 1978 et 2013, la surface agricole en province de Luxembourg a diminué d’environ 12.500 ha. « Ces dernières années, celle-ci se maintient à environ 140.000 ha malgré la pression foncière et l’installation ou l’agrandissement de zones d’activité », précise M Peeters.

« D’une surface moyenne légèrement inférieure à 20 ha en 1978, la ferme moyenne luxembourgeoise occupe, aujourd’hui, une surface de près de 60 ha », ajoute-t-il.

Du côté du cheptel bovin, on dénombrait environ 333.500 têtes de bétail en 2013, soit à peine plus qu’en 1978 (330.000 bovins). Ce nombre a néanmoins varié durant cette période avec un pic à près de 428.000 animaux en 2001.

Les exploitations accueillent quant à elles toujours plus de bêtes : la taille du cheptel bovin moyen a évolué d’une petite cinquantaine de tête en 1978 à plus de 160 en 2013.

La famille bien présente

La grande majorité des exploitants agricoles de la province ont le statut de personne physique. Une centaine de fermes luxembourgeoises seulement sont constituées sous formes de sociétés (voir figure).

« En 2013, on recensait 1.917 exploitants dans la province, soit environ 900 de moins qu’en 2001 », constate-t-il. Le nombre de conjoints aidants a, dans une moindre mesure, lui aussi diminué tandis que le nombre d’autres membres de la famille et de personnes extérieures travaillant sur l’exploitation est resté stable.

Trouver un successeur

C’est un constat douloureux que dresse Pierre Peeters : « En 2013, seuls 10 % des agriculteurs de la province déclaraient avoir un successeur tandis que 50 % d’entre eux déclaraient ne pas en avoir ». Les 40 % restants ne savent pas dire s’ils ont, ou non, un successeur.

Lorsque l’on s’intéresse aux agriculteurs de plus de 50 ans, 55 % d’entre eux confient ne pas avoir de successeur. « D’ici 10 à 15 ans, le nombre d’agriculteurs en province de Luxembourg risque donc de fortement chuter », analyse-t-il.

J.V.

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