En effet, nos vampires en blouse blanche ont énormément de travail, tant ils sont confrontés à de nombreuses maladies, parfois anciennes, parfois émergentes. Celles-ci résultent notamment d’une plus grande ouverture du monde et des nombreux contacts transcontinentaux. Il est évident que quand on cherche, on peut trouver, même si, en biologie, toute recherche ne conduit pas toujours à un résultat, et si, en santé animale, gagner une bataille ne signifie pas gagner la guerre et connaître définitivement la paix.
En bon « Marc Assin » qu’il est, l’auteur connaît certainement les risques encourus par la harde au sein de la faune sauvage et les risques de contamination vers la faune domestiquée qu’on peut craindre, surtout en cas d’immigration clandestine et d’importation illicite de ces suidés laboureurs. Même le vieux sanglier solitaire peut présenter un danger… Tout ceci est la base même de la surveillance épidémiologique des populations, et cela vaut autant pour le secteur porcin que pour le secteur bovin ou pour tout autre élevage de rente.
Nos draculas sympas n’ont donc pas besoin de beaucoup d’imagination pour trouver des sujets d’investigation et élaborer des plans de lutte basés sur une approche scientifique parfois originale, mais toujours rigoureuse. J’en profiterai pour rappeler que cette politique sanitaire, organisée et soutenue par l’Autorité compétente, est avalisée systématiquement par le conseil d’administration de notre association composé en majorité d’éleveurs et de détenteurs de bétail et de plusieurs vétérinaires praticiens, tous démocratiquement élus et encadrés par les syndicats agricole et vétérinaire.
Faut-il rappeler que l’Arsia a hérité de ce rôle préventif essentiel, des centres de dépistage provinciaux créés au début des années ‘60 afin d’assurer la lutte contre la tuberculose et la brucellose ? Marc Assin n’a pas oublié tout cela, puisqu’il décrit de manière très parlante la charge de travail des vétérinaires ruraux, le stress et l’anxiété des éleveurs inquiets dans l’attente des résultats, et une issue favorable ou non conduisant à la joie ou au désespoir. Il joue même sur la corde sensible en concluant d’un énorme gâchis, avec des suicides et des fermes ruinées, alors que la lutte contre la brucellose semble s’être ensuite arrêtée par miracle, ou plutôt par manque de moyens.
Serait-ce un affront de lui rappeler les difficultés de conduire efficacement cette lutte sur plusieurs décennies, dans un monde d’élevage et de commerce parfois irresponsables. Pourtant, nous avons finalement atteint les objectifs souhaités et obtenu un statut indemne de brucellose pour l’ensemble des troupeaux belges. Faut-il également souligner, qu’à côté des ruines qu’il évoque, certains intermédiaires n’ont pas manqué de s’enrichir sur le dos de nos pauvres éleveurs et que tout cela n’a pu être endigué qu’une fois le but final atteint. Comme le disait un vieil éleveur « après avoir encerclé Bastogne une seconde fois ! ».
C’est ce résultat final positif qui a permis de ne plus devoir investir autant de moyens humains et financiers dans la surveillance de cette maladie zoonotique et qui a soutenu le commerce de bétail et le marché d’exportation des bovins. Nos vétérinaires peuvent en être fiers !
Je passerai rapidement sur l’évocation de l’ESB, provoquée par ce petit prion vicieux que Marc Assin semble considérer comme le Loch Ness de l’élevage. Pour toute réponse à sa mise en doute sur l’utilité des actions de préventions entreprises, j’évoquerai ici la mémoire de ce proche décédé bien trop jeune des suites de la maladie de Creutzfeld-Jacob.
« Des chercheurs qui cherchent, on en trouve. Mais des chercheurs qui trouvent, on en cherche » a dit le Général de Gaulle. N’en déplaise à ceux qui enfoncent des pieux dans les fondements de notre organisation, nous avons la chance de travailler avec des scientifiques et des vétérinaires sérieux, motivés et passionnés qui obtiennent des résultats, grâce à des moyens financiers mutualisés et utilisés avec réserve et bonne intelligence.
Mais pour quels résultats ? Non pas « pour entendre gémir nos éleveurs, les torturer à petit feu et leur faire pleurer encre, sang et eau ». Mais, pour limiter le taux d’avortements, augmenter le nombre de veaux nés vivants par an, améliorer les intervalles vêlage-vêlage ainsi que la gestion économique des troupeaux. Certainement aussi pour garantir des conditions optimales d’élevage et certifier officiellement la haute valeur de notre bétail et le bon état sanitaire de nos troupeaux.
Dans le contexte commercial difficile que l’on connaît actuellement, qui pénalise injustement nos élevages et cache malheureusement les avancées positives de ces dernières années, les résultats sont bien là, et le bon Dieu n’y est pas pour grand-chose. Qu’il me pardonne mon blasphème !