Les ventes de viande bovine irlandaise ont été dynamiques ces dernières semaines dans les commerces de détail et les boucheries. Toutefois, les ventes sur le marché irlandais ne représentent pas 10 % du débouché habituel et c’est très loin de compenser les pertes occasionnées par les pertes des débouchés notamment
En 2019, près de 60 % des exportations de viande bovine irlandaise étaient destinés à la RHD et la transformation. Actuellement, ces débouchés sont très limités sur la plupart des marchés. Les ventes de découpes d’arrière en RHD ainsi que la viande bovine destinée à la transformation et habituellement écoulée sous forme de burgers dans les grandes chaînes de restauration rapide peinent à trouver preneur, malgré d’importantes opérations de promotion, notamment vers le Royaume-Uni, l’Italie ou encore l’Allemagne.
La raréfaction des débouchés entraînerait d’ailleurs la congélation par certains opérateurs pour le report des ventes avec cependant une perte de valeur. Ainsi, toutes les catégories sont désormais concernées par la baisse des cours. Mais avec la fermeture des principaux circuits de RHD et des exportations fortement restreintes, ce sont les prix des vaches de réforme qui subissent les plus fortes diminutions. En semaine 14, le cours de la vache O était à nouveau en chute, à 2,59 €/kg éc (+5 % par rapport à 2019) soit 23 centimes de moins en une semaine (-8 %). La cotation du bœuf R a perdu 11 centimes (-3 %), à 3,53 €/kg éc (-3 % par rapport à l’an dernier).
En semaine 15, l’indicateur hebdomadaire d’abattages de Bord Bia montre le ralentissement de l’activité des abattoirs agréés à l’export. Sur les quatre dernières semaines (12 à 15), les abattages de gros bovins ont diminué de 7 % par rapport à l’an dernier. Ce sont notamment les abattages de vaches qui flanchent (-9 %), faute de demande.
Il faut aussi souligner que la filière laitière est sans doute moins touchée en Irlande que sur le Continent, fabricant essentiellement des commodités stockables et bénéficiant du coût de production le plus bas en UE : il n’y a pas d’incitation à baisser la collecte, et les conditions climatiques sont actuellement correctes. L’activité d’abattage devrait maintenant continuer de diminuer dans les prochaines semaines d’après Bord Bia, en lien avec des disponibilités plus limitées après un 1er trimestre dynamique.
Débloquer des aides
à la filière viande bovine
Face à cette situation difficile, l’Irish Farmer’s Association (IFA) a réitéré ses demandes concernant notamment les secteurs bovins et ovin viande auprès du ministre de l’agriculture le 10 avril dernier. Ce dernier a confirmé qu’il présenterait à l’UE des arguments solides en faveur de paiements directs aux éleveurs de bovins et d’aides au stockage privé pour les secteurs de la viande bovine et des produits laitiers.
L’IFA a précisé que les éleveurs de bovins ne pourront tenir jusque-là et demande au ministre d’agir à court terme pour soutenir les producteurs de bœuf par le déblocage, notamment des 24 millions d’euros non dépensés dans le cadre du plan Beef Exceptional Aid Measure (BEAM). Ce plan cofinancé par Bruxelles et qui date de mi 2019, visait à améliorer la résilience de la filière de la viande bovine irlandaise, alors déstabilisée à l’aube du Brexit.
Pour stimuler la consommation, Bord Bia recentre ses campagnes de promotion. Si, comme partout ailleurs, la viande hachée se vend bien dans les supermarchés et les boucheries, l’organisation veut stimuler les ventes de découpes dans les commerces de détail. Une campagne télévisée est ainsi en cours en Irlande pour encourager les consommateurs à acheter de la viande bovine et notamment du piécé. Ailleurs en Europe, Bord Bia a lancé une campagne internet en Italie et une campagne en point de vente en Allemagne pour stimuler les ventes de viande bovine irlandaise.
Les opérateurs attendent désormais beaucoup du retour à l’achat du marché chinois, pays qui semble se relever de la pandémie. Le secteur de la RHD du pays, qui, en février et pendant la majeure partie du mois de mars se limitait aux livraisons, a vu en semaine 15 près de 90 % des restaurants reprendre un service normal, mais avec une fréquentation réduite.