Savoir identifier 100 espèces
Quel comportement par rapport à l’eau ?
Quatre typologies de fertilité
Le deuxième sol est suffisamment pourvu en azote mais le potassium et le phosphore sont manquants. On y retrouvera des espèces indicatrices nitrophiles telles que l’ortie, le mouron, la houlque laineuse ou le pâturin commun.
Si l’apport de phosphore et de potassium est suffisant mais qu’un déficit en azote est observé, les légumineuses (trèfle blanc, luzerne, lotier…) vont dominer. Les espèces retrouvées dépendront, entre autres, du type de sol par rapport à l’eau. Celles-ci vont fixer l’azote, d’abord pour elles-mêmes, ensuite pour les autres espèces.
Enfin, si le sol est carencé dans les trois éléments, on retrouvera de la flouve odorante, du fromental, la grande marguerite… Dans ce cas, l’apport de fumier ou de compost permettra d’attirer des espèces plus intéressantes, sans même les semer. « Un sursemis accélérera néanmoins le processus ».
Transférer la fertilité en profondeur
Influent, le bétail ?
Les prairies sont soit pâturées, soit fauchées, ce qui influence la composition de la flore prairiale ; il s’agit du quatrième facteur de phytoécologie.
Dans le cas d’une prairie pâturée, la date du premier pâturage aura une influence sur la composition floristique et la morphologie des graminées. « Celles-ci vont démultiplier le nombre de talles, devancer les dicotylées et augmenter leur productivité pour le restant de la saison. C’est ce que l’on appelle le déprimage ».
Le type d’herbivore présent sur la prairie est également un facteur de différenciation. Chez les bovins, on distingue la spécificité des vaches laitières dont la fréquentation de la parcelle n’est pas homogène. « Elles ont deux points d’intérêt : la porte de la parcelle et le point d’eau », précise Bruno Osson. Dans ces prairies, la répartition des bouses sera très inégale et on retrouvera d’éventuels refus. Le pâturage pour les vaches allaitantes ou les génisses est quant à lui plus homogène et le point d’eau constitue leur seul point d’intérêt. Enfin, les bœufs sont peu sélectifs.
Les ovins quant à eux sélectionnent peu les espèces, ne laissent pas de refus et répartissent idéalement leurs déjections. Cependant, ils rasent très fort la prairie et ont une importante pression de piétinement.
Enfin, les chevaux déterminent des zones de refus représentant environ 30 % de la surface prairiale et dont la délimitation est identique d’année en année. Ils rasent également très fort et provoquent un tassement plus important que les bovins.
Et en prairie de fauche ?
« En prairie de fauche, la date de la première coupe aura une influence considérable sur la composition floristique. » Ainsi, une fauche précoce ne permet qu’aux espèces très précoces de terminer leur cycle de reproduction, entraînant leur sélection. « Cela se fait néanmoins en défaveur de l’éleveur, car le stade de végétation sera trop avancé que pour récolter un fourrage de qualité. »
Le mode de récolte du fourrage importe également. « Par la voie humide (ensilage, enrubannage ou affouragement en vert), l’essentiel des graines des épis est exporté tandis que par la voie sèche, une proportion importante des semences retombe sur le terrain et repousse », explique Bruno Osson.
Face au climat habituel
La climatologie est le cinquième facteur de phytoécologie. Elle intègre la pluviométrie et sa répartition, la température et ses extrêmes et la luminosité.
En effet, toutes les espèces n’ont pas le même comportement face au gel, aux températures élevées, aux périodes de sécheresse, à l’ensoleillement ou encore à l’ombrage.
Identifier les facteurs de dégradation
Outre ces cinq composants de la phytoécologie, il existe huit facteurs de dégradation de la flore. Bruno Osson insiste : « Les identifier permet déjà d’améliorer la qualité de la parcelle ».
Ces huit facteurs sont les suivants : le surpâturage (sauf au printemps lors du déprimage ou le pâturage permet le tallage des graminées), le sous-pâturage, l’absence de déprimage, la fertilisation mal raisonnée, le piétinement en mauvaise condition de portance de sol, la plantation d’une flore mal adaptée aux objectifs de l’éleveur, les éventuels accidents naturels (taupes, sangliers, mulots, inondation, gel et sécheresse exceptionnels…) et les négligences de l’éleveur (ballots laissés trop longtemps en prairie, rouler sur une herbe gelée, épandage de fumier mal émietté, mauvais hersage…). À l’éleveur d’en tenir compte !
À suivre pages 18 et 19.