Deux mille disettes, ou deux mille risettes ?

Au revoir 2016, bienvenue à 2017! Les années s'égrènent trotte-menu au chapelet du temps, sans se presser, indifférentes aux agitations des hommes, et à leurs émotions. Sur l'échelle du classement populaire, 2016 est qualifiée de «très mauvaise». Il est vrai que les médias ont volontiers mis l'emphase sur les événements sensationnels de cette année, violents et anxiogènes: les attentats terroristes, les guerres, les catastrophes naturelles, les décès de personnages célèbres, et tutti quanti...

En ce qui nous concerne, 2016 n'a pas été tendre avec l'agriculture: année de déceptions climatiques pour nos récoltes, de privations financières pour nos revenus, de pressions administratives, paperassières et infantilisantes. On ne change pas un système qui stagne, et finalement hélas, rien de bien nouveau sous notre soleil, voilé depuis belle lurette...

Oublions tout cela, car une seule et vraie question nous hante: avons-nous été heureux au cours de ces derniers mois? La sensation de bonheur, ou de malheur, s'insinue en nous par les facettes les plus perméables, par les failles les plus sensibles de notre personnalité. Quelles sont-elles? Qu'est-ce qui nous touche le plus? La plupart d'entre nous diront sans hésiter: la famille et son bien-être, la santé, le métier, la réussite personnelle, la météo, l'intégration sociale, les loisirs, les relations amicales, l'estime de soi, ... Forcément, parmi ces domaines qui nous tiennent à cœur, l'un ou l'autre peut montrer à tout moment un signe de faiblesse et nous faire souffrir. À contrario, des cadeaux ou des opportunités peuvent venir nous bénir, et compenser les coups du sort. Ainsi, au sein d'une famille ou d'une communauté, on peut déplorer des deuils désastreux et saluer des naissances enchantées au cours d'une même année, et parfois d'un même mois.

À ce petit jeu-là, chacun tirera un bilan plus ou moins positif de l'année écoulée. La vie est un mélange de joies et de peines entrelacées, c'est fatal. Il faut surtout guetter les sourires du destin, car nous sommes trop souvent fascinés par les grimaces des désastres. Il faut raison garder: quand tout semble aller au pire, les choses ne vont jamais aussi mal qu'on le croit; de même, quand tout semble aller au mieux, le choses ne vont jamais aussi bien qu'on le pense.

Alors, 2016, mauvaise ou pas? Je vous donnerai une réponse de Normand, ambiguë et évasive: on en a connu de bien pires, mais de meilleures aussi... Si l'on considère d'autres régions du globe, nous restons des privilégiés, des enfants gâtés, des enfants gavés, qui ne peuvent s'empêcher de se plaindre, d'épancher nos frustrations et de monter en épingle nos épreuves personnelles.

C'est si bon de cultiver ses névroses, de se faire peur et de semer l’effroi autour de soi! Déjà, pour 2017, les «gais lurons» professionnels annoncent deux mille disettes, deux mille crisettes, un hiver glacial, une année très sèche (si les jours de remarques entre Noël et Nouvel-An se confirment), des marchés déprimés, des crises sanitaires majeures, etc, etc.

En ce qui me concerne, j'attends de 2017 deux mille risettes, celles de mes petits-enfants, celles du destin aussi. Je saurai les capturer, les coller comme des post-it au mur de ma vie, pour colorier de joie mon quotidien et en cacher les taches de gris. N'hésitez pas, faites-en autant, ça marche à tous les coups!

Je souhaite à chacun d'entre vous le meilleur pour 2017! Sachez apprécier les petits instants de bonheur, et les tricoter bout à bout pour réchauffer vos cœurs, pour emmitoufler vos vies et protéger de la glaciale morosité tous ceux que vous aimez...

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