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L’aération de la serre,

pourquoi et comment ?

En aérant la serre, le maraîcher assure une régulation de la température et de l’humidité relative et le renouvellement du CO2.

Temps de lecture : 5 min

La température dans la serre maraîchère varie fortement entre le jour et la nuit. Cette fluctuation est la résultante de l’effet de serre des parois, de l’obstacle au vent de celles-ci, de l’ombrage dû aux implantations voisines, de l’humidité dans la serre, et de l’aération.

La mesure de la température

Il est important de pouvoir mesurer efficacement la température telle qu’elle est subie par les plantes. La sonde de mesure de température doit être protégée de l’ensoleillement direct par une protection de couleur blanche.

C’est la lecture de la température actuelle et de la température minimum et maximum des dernières 24 heures qui permet de prendre des décisions sur le réglage de la ventilation.

La ventilation naturelle de la serre

Pour les serres maraîchères, nous essayons de travailler avec la ventilation naturelle, en ne recourant à des ventilateurs que dans des situations exceptionnelles.

Une ventilation naturelle est efficace surtout grâce à l’application de deux principes physiques.

1. Le tirage

L’air chaud est plus léger et tend à monter. Il pourra s’évacuer par les ouvertures situées au faîtage de la serre. C’est l’effet de tirage. Cette évacuation de l’air chaud provoque un appel d‘air. Les ouvertures basses permettront l’entrée d’air, plus frais.

Les débits d’air concernés par le tirage dépendent directement de la dimension des ouvertures et de la différence de température entre le bas et le haut de la serre. Plus cette différence est importante, plus le débit sera grand. L’effet de tirage est donc bien utile pour le maraîcher

La distance séparant les ouvertures du bas de celles du haut influence négativement le débit.

En pratique, reconnaissons que les ouvertures ne sont pas toujours placées de manière judicieuse. Si nous nous contentons d’ouvrir les pignons ou une ouverture latérale, nous renouvelons l’air, emmenons une partie de l’humidité, mais ne maîtrisons que partiellement la température. Ce sera suffisant pour les journées durant lesquelles la température dans la serre ne dépasse pas 35ºC. Mais ce sera insuffisant si la température monte plus haut.

Pour un bon effet de tirage, il faut que les entrées d’air frais soient situées plus bas que les sorties d’air chaud.

2. L’effet Bernoulli

Le vent qui souffle autour de la serre influence aussi la ventilation naturelle. C’est l’effet Bernoulli. Ce sont la vitesse et l’orientation du vent qui déterminent le débit. Cette application de la physique a une efficacité qui dépend de la météo et de la forme de la serre au niveau de ses ouvertures. Dans certaines situations du sens du vent, cet effet peut s’opposer à celui du tirage, l’efficacité globale de la ventilation naturelle en est réduite.

La ventilation en pratique

Notons que ces deux applications de principes physiques nécessitent deux séries d’ouvertures, certaines pour la sortie d’air chaud et d’autres pour l’entrée d’air frais.

Dans les conditions belges, la surface totale des ouvertures d’une des séries devrait être de 15 à 20 % de la surface au sol de la serre.

La ventilation forcée

Elle demande de l’énergie pour le fonctionnement des ventilateurs, elle est parfois nécessaire lorsque la configuration des lieux protège fortement la serre des vents dominants (l’orientation la plus fréquente). Chez nous, les vents dominants sont généralement du sud-sud-ouest.

L’humidité relative…

Si l’humidité relative grimpe au-delà de 90 % pendant plusieurs heures consécutives, elle peut favoriser certaines maladies du feuillage. Si elle descend sous les 65 à 70 % (selon les espèces cultivées), les plantes mettent en œuvre la fermeture des stomates. La réduction des échanges gazeux au niveau des feuilles amènera alors une réduction de l’activité photosynthétique.

L’objectif est de rester le plus d’heures possible de la journée dans la fourchette d’humidité relative idéale. Durant cette période, la plante est en forte évapotranspiration. L’activité d’absorption de l’eau et des sels minéraux dissous par les racines est intense.

Élevée durant la nuit, l’humidité relative diminue en cours de journée quand la température monte. C’est le cas lorsque la température extérieure est peu élevée et que le ciel est très ensoleillé.

Pour tenter de réguler l’humidité relative, le maraîcher peut intervenir sur plusieurs paramètres.

… comment l’augmenter ?

Par temps froid, la condensation de l’humidité de l’air se produit sur les parois. En réchauffant l’air, nous provoquons une diminution de l’humidité relative, ce qui est contraire à l’objectif recherché dans ce cas-ci. Les serres à doubles parois condensent beaucoup moins mais leur coût d’investissement est supérieur. C’est certainement justifié pour les serres d’élevage de plants ou celles consacrées à des cultures à haute valeur par m². Pour les fermes de polyculture maraîchères, ce sera souvent plus difficile à amortir.

Par temps chaud, la vaporisation d’eau par pulvérisation très fine (mist, fog) permet de réduire la température, d’augmenter l’humidité relative. Elle réduit aussi les populations d’acariens. Les appareils sont positionnés à proximité des entrées d’air.

… et comment la réduire ?

La ventilation suffit pour abaisser l’humidité relative si l’air extérieur est plus frais que l’air intérieur. Lorsque la température extérieure est semblable à la température intérieure et qu’il fait très humide, la ventilation ne suffit pas. Quand nous disposons d’un appareil de chauffage, en gagnant 1ºC de l’air nous diminuons l’humidité relative de quelque 5 %, c’est un ordre de grandeur à préciser avec des tables disponibles.

L’effet de la ventilation et du chauffage peut être perturbé par une masse végétale très abondante dans la serre. Nous le constatons par la présence de condensation localement forte sur les plantes ou sur les parois. Avant que cette situation n’amène des soucis de santé des plantes, procédons à ces endroits à un effeuillage supplémentaire.

F.

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