Des intrusions dans les élevages et les écoles

à campylobacter, aux parcours enrichis

Au cours de cette dernière année, trois élevages ont subi une intrusion et du vandalisme par des activistes de la cause animale : un élevage de poulets sortant à l’extérieur et reconnu comme élevage sous le régime de qualité, un poulailler de poulets biologiques et une exploitation de canards à foie gras. L’oratrice souligne qu’en France, où de tels agissements sont aussi à déplorer, l’interprofession (Anvol, Inaporc, Interbev) accompagne les éleveurs et a réalisé un guide de procédures avant-pendant-après intrusion. En Wallonie, le Collège des Producteurs (SoCoPro) dispense également des conseils et a analysé le code pénal pour venir en aide aux éleveurs dans ces circonstances. Catherine Colot précise que dans le cadre légal de la peste porcine africaine, il y a un cadre juridique supplémentaire pour protéger des intrusions car l’accès aux exploitations est restreint. Elle rappelle qu’il faut être vigilant et qu’en cas de problème, il faut toujours faire appel à la police.

Gaîa dans les écoles

L’intervention de Gaïa dans les écoles, qui concernait pas moins de 15.000 élèves en 2018 et qui se poursuit encore cette année, suscite un réel questionnement et des réactions de parents. Comme le signale Catherine Colot, une députée a d’ailleurs adressé une question parlementaire à la Ministre de l’Enseignement Caroline Désir. La députée a reçu des témoignages de parents signalant que leurs enfants sont rentrés de l’école en disant qu’ils ne voulaient plus jamais manger de viande. La députée s’interroge sur le contenu des animations données par l’association. « Les enfants doivent recevoir des informations correctes et selon moi, Gaïa n’est pas l’interlocuteur le plus objectif pour parler d’élevage et de bien-être animal. Quand une école invite Gaïa pour donner une animation, il faudrait que des représentants du monde rural puissent aussi se faire entendre », précise la députée. On attend la réponse de la Ministre. Du côté du collège des producteurs, on est bien conscient du problème et de la nécessité d’avoir un vrai débat entre les parties pour que les élèves puissent se forger leur propre opinion. Mais, il n’est pas aisé de pouvoir intervenir dans les écoles.

Campylobacter : un réel problème

Catherine Colot aborde ensuite deux sujets évoqués lors des Journées de la recherche avicole à Tours : le campylobacter et les parcours enrichis en protéines.

Les infections à campylobacter, bactérie responsable d’infections intestinales et de diarrhées, représentent la première zoonose alimentaire à l’échelle européenne. Le secteur avicole est en première ligne pour la transmission de cette bactérie à l’homme : 50 % des produits sont identifiés positifs et 50 % des cas de transmission proviennent des produits de volailles. L’élevage est donc un maillon clé pour diminuer les quantités de Campylobacter. Les moyens de lutte sont triples. On peut agir au niveau de la biosécurité mais, le domaine est encore à explorer. On peut aussi modifier l’alimentation animale en ajoutant des additifs comme les acides organiques. Les résultats sont cependant moyens. Le troisième levier d’action, la vaccination, représente un réel espoir. Des essais sont réalisés en France. Les chercheurs travaillent à partir du génome connu de la bactérie et se focalisent sur des antigènes très puissants (14 Ag). Le protocole expérimental mis en place consiste en 2 vaccinations à 5 et 12 jours à partir de 6 antigènes. Les animaux vaccinés sont infectés oralement à 19 jours. Des prélèvements sont réalisés tout au long de la durée d’élevage. Les résultats montrent qu’il y a un déclenchement de la réaction immunitaire à un niveau plus ou moins important et une diminution significative de la charge intestinale des oiseaux. Les perspectives de la vaccination sont intéressantes comme moyen de lutte à moyen et long terme. Des recherches complémentaires sont indispensables pour tester les 8 autres antigènes et valider les résultats sur le terrain.

Parcours enrichis en protéines

Les poulets de chair ayant accès à un parcours extérieur peuvent intégrer 10 g de matière sèche sur ce parcours. Cela représente environ 10 % de la ration alimentaire quotidienne. Il est intéressant d’aménager le parcours dans son exploitation car certaines espèces végétales sont plus attirantes pour les poulets et l’aménagement du parcours a un impact sur les performances des volailles.

Les espèces végétales à implanter peuvent être sélectionnées sur les 3 critères suivants :

– la teneur en protéines : ray-grass anglais, fétuque élevée, trèfle violet, trèfle blanc, luzerne, lotier corniculé, chicorée ;

– le port végétal : ras ou dressé avec la fétuque et ray-grass anglais (bon couvert), chicorée (plante plus haute à feuille tendre)

– la précocité pour le renouvellement permanent du parcours.

Les essais réalisés montrent une diminution significative de l’indice de consommation pour les lots avec couvert enrichi, à partir de la sortie sur le parcours. Les végétaux sont fortement consommés, jusqu’à 80 % de la hauteur de l’herbe. La luzerne, la chicorée et le trèfle blanc ont été particulièrement bien appétés. Le lotier et la fétuque n’ont pas été consommés sauf si le lotier était associé à d’autres plantes appétées. Ceci montre l’intérêt d’un parcours multi-espèces. Les protéines digestibles issues des végétaux consommés par les poulets ont représenté 9 % des besoins en protéines (croissance et finition), contre 1,3 % pour le parcours témoin. Le parcours peut donc constituer une vraie source nutritionnelle.

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