Pour Renaat Debergh, administrateur délégué de la CBL, le secteur de l’élevage est souvent l’objet de critiques. «A tort», estime-t-il. «En raison de son climat tempéré et de la présence d’un grand nombre de prairies permanentes, la Belgique est l’un des pays européens qui se prête le mieux à la production laitière. Il est dès lors logique que notre pays produise du lait pour des pays voisins et d’autres Etats-Membres de l’UE au sein du marché unique européen.»
L’année dernière, le secteur de l’industrie laitière a réalisé une hausse des investissements de 50%, soit quelque 133 millions d’euros, qui devraient offrir des perspectives de croissance pour l’avenir. C’est 33 millions de plus que les 100 millions d’euros qui étaient «la norme» durant des années. Debergh mentionne notamment la construction d’une nouvelle usine pour la valorisation du lait en mozzarella et une tour de poudre chez LDA. Notons que l’emploi dans l’industrie laitière progresse de 2% pour la quatrième année consécutive
La crise du Covid-19? Un défi rélevé !
La crise du Covid-19 a quelque peu entravé le développement du secteur. La fermeture du secteur RHD (restauration hors domicile) a déplacé l’achat de lait et produits laitiers vers la grande distribution. Certaines semaines, il a fallu produire jusqu’à 50% de lait de consommation en plus tout en relevant l’énorme défi de maintenir la chaîne logistique avec les contraintes imposées dans le cadre de l’épidémie. L’industrie laitière a prouvé qu’elle dispose d’une résilience suffisante.
M. Debergh se dit fier des transformateurs laitiers qui sont parvenus dans des circonstances difficiles à garantir l’approvisionnement des magasins en lait et en produits laitiers avec créativité, flexibilité et en redoublant d’efforts». Selon lui, «les chiffres de vente prouvent que les produits laitiers restent un élément incontournable de la culture alimentaire et s'inscrivent dans le cadre d'une alimentation saine et durable.»
Toutefois, Catherine Pycke, présidente de la CBL relativise: «Si les chiffres étaient élevés durant ces mois, on observe désormais une tendance de consommation à la baisse.»
Avec la grave crise économique qui se profile, cette contribution positive de l’industrie laitière à l’économie de notre pays revêtira encore plus d’importance qu’auparavant.
Les possibilités de collecte ne sont pas illimitées
Tôt ou tard, les transformateurs laitiers belges passeront à un système qui permettra d'adapter le flux de lait à la demande du marché, estime l’administrateur délégué de la CBL. «Malheureusement, des producteurs laitiers doublent le nombre de vaches sans en parler d'abord au client», regrette-t-il.
«C’est une pratique qui doit changer. On ne peut plus prendre pour acquis que le lait sera collecté entièrement et indéfiniment. Les possibilités ne sont pas illimitées».
Il revient sur les investissements réalisés en 2019. Si une partie du montant concerne la modernisation des installations de production existantes, la seconde est liée à l’augmentation des volumes pris en charge.
«Si le secteur est sain et toujours en croissance, l'industrie ne peut augmenter sa capacité indéfiniment.» Et de faire allusion aux pays dont les entreprises ont déjà mis en place des systèmes qui encouragent les agriculteurs à ne pas se développer trop vite. «Les producteurs laitiers qui produisent de plus en plus posent un défi aux coopératives comme Milcobel et LDA. En ce qui concerne leurs membres, ces entreprises ont souvent une obligation d'achat. Les entreprises non coopératives comme Inex ou Lactalis peuvent, en principe, acheter exactement le volume qu'elles pensent pouvoir traiter de manière rentable.»
Une possibilité serait de travailler avec les prix A, B et C, comme la coopérative laitière française Sodiaal. Aux Pays-Bas, la coopérative FrieslandCampina travaille déjà avec des prix A et B.
En 2018, celle-ci a mis en place un système qui devait faire correspondre l’offre en lait à la demande du marché. Pour 2019 et 2020, le pourcentage de croissance basé sur le marché a été fixé à 1,5 %. Si l'offre de tous les membres est supérieure à ce pourcentage, la croissance trop rapide des éleveurs sera pénalisée. Une réduction de 10 centimes par kilo de lait excédentaire produit s'applique aux exploitations laitières qui ont connu une croissance supérieure à celle attendue.