Les lignes bougent mais ...

« J’ai suivi de près la mobilisation citoyenne et des mandataires locaux qui ont exprimé des inquiétudes face au projet « Boucles du Hainaut » et son impact potentiel sur le territoire de 14 communes concernées. J’utiliserai mes compétences pour veiller à une limitation des impacts des champs électromagnétiques sur la population. En tant que ministre de l’Environnement, j’ai la volonté de préserver la santé de la population, et notamment celle des plus fragiles, dans l’optique de faire de la Wallonie un territoire sain. Je souhaite également donner aux citoyens davantage d’outils pour se prémunir des pollutions environnementales », a précisé la ministre Tellier le 17 novembre au Parlement wallon, en Commission Environnement.

Fixation de valeurs seuils et étude d’incidence

Concrètement, Mme Tellier annonce qu’elle agira sur deux volets :

– d’une part sur la fixation de valeurs seuils à l’instar de ce que la Flandre a développé, afin d’éviter tout risque pour la santé, en particulier chez les enfants ;

Le Conseil Supérieur de la Santé Belge recommande de limiter l’exposition des jeunes enfants à des niveaux quotidiens maximaux de 0,4 micro-Teslas. Au niveau belge, l’Etat fédéral n’a pas complètement légiféré en matière de champs électromagnétiques à très basse fréquence. Pour la composante magnétique, la Belgique se conforme aux limites maximales d’exposition recommandées par le Conseil de l’Union européenne, à savoir 100 micro-Teslas. Le Gouvernement flamand a par contre fixé une norme de qualité pour le Milieu Intérieur, fixant une valeur d’intervention à 20 micro-Teslas et une valeur idéale à atteindre de 0,4 micro-Teslas. Ces valeurs limites ont pour but de protéger le public contre les risques éventuels d’une exposition prolongée. Elles n’ont, à ce jour, pas d’équivalent en Wallonie. La Ministre veut donc que la Wallonie se dote, elle aussi, de valeurs limites plus ambitieuses.

– d’autre part, une étude, complémentaire à l’étude d’incidences relative au projet proprement dit, sera lancée pour approfondir la question de l’impact des rayonnements électromagnétiques sur la santé, l’environnement, et les êtres vivants en général.

Ces actions feront partie des outils au service de la protection des citoyens contre les pollutions environnementales, non seulement dans le cadre du dossier de la Boucle du Hainaut, mais aussi pour l’ensemble du territoire wallon.

La ministre rappelle également que la Déclaration de politique régionale prévoit que : « La réalisation du projet « Boucle du Hainaut » permettra un accès à une énergie abordable, contribuera à atteindre des objectifs climatiques et soutiendra l’activité économique. Le Gouvernement mettra en place l’accompagnement nécessaire à sa réalisation en limitant au maximum l’impact négatif sur les paysages et sur l’environnement, notamment au niveau des champs électromagnétiques ».

Ne pas avancer sans les résultats sur les impacts réels de la Boucle

Concernant le projet, la Fédération wallonne de l’agriculture a soutenu le 18 novembre une motion déposée par les députés François Desquesnes, André Antoine et Samuel Nemes devant le Parlement wallon. qui demandait au gouvernement :

– d’objectiver les besoins réels de transport d’énergie électrique pour la Wallonie, notamment avec l’appui de la Commission de Régulation de l’Électricité et du Gaz (CREG), et de faire la balance des intérêts entre l’adaptation des réseaux électriques et la préservation de la santé et de la qualité de vie des Wallons ;

– d’établir des normes environnementales applicables à tout nouveau projet de ligne à haute tension sur le territoire wallon en s’appuyant sur les meilleurs standards européens en matière de protection de l’environnement, de la santé, de l’agriculture, du paysage et de la nature ;

– d’établir pour toute modification du plan de secteur visant l’installation de grandes infrastructures un comité d’accompagnement associant un collège d’experts et les représentants des citoyens et des communes ;

– en conséquence, de ne pas donner suite à la demande de modification du plan de secteur introduite par Elia pour son projet de « Boucle du Hainaut.

L’approbation de cette résolution par le parlement devrait permettre, au minimum, d’accorder le temps de mieux étudier les impacts de la construction de cette ligne sur les exploitations agricoles, ainsi que sur la santé des citoyens.

La Fwa rappelle à cet égard, qu’elle a demandé qu’une étude objective soit réalisée sur ces impacts. Jugée trop théorique, le syndicat souhaite que cette étude soit approfondie et que le projet de construction de la Boucle du Hainaut n’avance pas davantage avant que des résultats très concrets soient délivrés.

Fixer des valeurs limites et non seuils

Si la motion défendue par la Fwa a finalement été rejetée, le Parlement wallon a voté majoritairement pour celle déposée par les six parlementaires de la majorité (Ecolo, PS et MR), visant à « examiner la pertinence du besoin – ou non - » de ladite Boucle. Pour La Fugea, celle-ci est un signe positif. Les lignes sont donc en train de bouger. Toutefois, cette motion est plus nuancée que la première et fait preuve selon elle de certains manquements. En effet, bien que le parlement réclame plus de transparence de la part d’Elia et demande au gouvernement d’étudier certains aspects que la Fédération réclamait – comme la pertinence du projet et les impacts de celui-ci – d’autres de nos revendications ne sont pas prises en compte.

En effet, l’organisation agricole déplore dans cette motion la non-prise en considération du principe de précaution, de normes à légiférer, de l’indépendance des experts chargés de ces études et du suivi de celles-ci par des comités d’accompagnement composés de « locaux ». Ainsi, et étant donné que c’est au gouvernement wallon de trancher, elle continuera de demander de ne pas donner suite au processus tant qu’il n’y a pas de cadre environnemental correctement défini.

L’organisation s’est également dite satisfaite de la ligne prise par la ministre de l’Environnement qui indique vouloir légiférer et fixer des valeurs seuils en matière de champs électromagnétiques à l’instar la Flandre. Toutefois, la Fugea aimerait que ces valeurs soient des valeurs limites (des normes) et non des valeurs seuils qui n’ont pas de caractère contraignant. Ladite fédération demande également que ces normes soient accompagnées de moyens de contrôles (indépendamment des instances responsables de la mise en œuvre des infrastructures).

Le direct

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