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«Revenons à nos moutons» prête à rejoindre le 1er Mondial de tonte organisé en France

Après 42 ans d’existence, le 18e championnat du monde de tonte de moutons va, pour la première fois en 2019, se dérouler en France début juillet. Un défi que s’est senti prêt à relever l’asbl « Revenons à nos moutons », composée de quatre jeunes tondeurs belges. C’est la première participation à un tel événement pour la Belgique ! Sylvain Culot, tondeur professionnel et manager du contingent belge nous livre ses impressions à quelques jours de leur départ.

Temps de lecture : 6 min

Q uelque 5.000 moutons, 300 tondeurs venus de 34 pays, et 50.000 visiteurs attendus. Pas de doute, Le Dorat, petite bourgade d’à peine 1.800 âmes va vivre un début de mois de juillet agité, au son des tondeuses, des bêlements et des encouragements. Une grande fête pour tous ces passionnés que s’apprêtent à rejoindre Sylvain Culot et son équipe.

En Wallonie, la tonte

en est à ses balbutiements

Berger à la Bergerie de l’Isbelle, Sylvain Culot s’est lancé dans la tonte de moutons il y a six ans.

Accompagné d’un ami, Sébastien Ferailles, ils se rendent tous deux à la première formation de tonte de moutons organisée en Belgique par l’Association des Tondeurs de mouton (français) (ATM). « On avait pris l’habitude de tondre nous-même nos animaux, mais sans technique particulière, l’exercice est très physique », se souvient-il.

« Avec la technique « Bowen » ou « néo-zélandaise » (voir encart) que l’on nous a enseignée, il est possible de tondre un mouton en moins de 3 minutes. Une méthode pensée pour la qualité de la laine, le bien-être de l’animal et du tondeur, qui maîtrise le mouton essentiellement avec ses jambes. »

Après cette première initiation, les deux copains s’impliquent davantage dans l’activité. Leur technique s’améliorant, ils se rendent en France pour s’essayer aux concours de tonte. Ils y font la connaissance des organisateurs, des tondeurs, d’un petit monde dans lequel ils s’intègrent, non sans un certain plaisir. « Ce sont avant tout des rencontres, des moments festifs, conviviaux. C’est une chouette ambiance de travail, sans véritable compétitivité entre tondeurs. »

Depuis, ils continuent à pratiquer la tonte, à se former, à concourir… De quoi rester très lié à ce petit monde.

D’autant qu’en 2017, la candidature de la France pour l’organisation du Mondial de Tonte de moutons est validée par le World Council, à Invercagill, en Nouvelle-Zélande. « Un sacré défi ! Le plus gros événement au monde ayant trait à l’élevage ovin s’installe pour la première fois chez nos voisins français. Il se tiendra du 4 au 7 juillet, juste après les championnats de France et le All Nations (du 1er au 3 juillet). »

« Les organisateurs nous ont directement invités à créer une équipe pour y participer.

L’équipe se constitue

Enthousiastes, les deux compères créent une asbl « Revenons à nos moutons » – https ://revenonsanosmoutons.be/. L’occasion pour eux de collecter de l’argent pour couvrir les frais de formations, de déplacement… pour leur participation.

Volontaires, ils organisent en 2018 trois concours de tonte. « Ils ont eu tous trois un succès très relatif », sourit-il. « Pour la Belgique, ce type de rendez-vous est une première ! Nous nous sommes rendus compte que beaucoup tondent encore de façon encore amateur… »

Mais au-delà de ce constat, ces événements leur permettent de faire de nouvelles rencontres, dont un certain Stijn Massart, qui exerce en Flandre depuis une vingtaine d’années et qui a appris son métier en Nouvelle-Zélande.

« Ayant moins d’expériences, je lui ai laissé ma place pour le mondial et je suis devenu manager de l’équipe pour gérer les à-côtés de la compétition », explique le berger.

Sébastien et Stijn officieront dans la catégorie « machine shearing » (à la tondeuse électrique), tandis que dans la catégorie « Blade shearing » ou la tonte aux forces (nom des ciseaux de tonte), c’est Laura Hinnekens qui s’apprête à concourir. Laura est expatriée en Ecosse depuis trois ans. Spécialisée dans la conduite de troupeau avec des chiens, elle s’attaque maintenant à la tonte.

Notons que l’équipe belge ne proposera personne pour la catégorie « whoolhandlin » ou « tri de laine ».

Autre rencontre importante : celle d’un Français, Philippe Boyaux, un excellent tondeur qui s’est proposé de les entraîner. « Il nous suit et nous propose des formations pour nous permettre de nous améliorer. Car, on ne va pas se mentir ! La Belgique, où la tonte n’en est qu’à ses débuts, ne devrait pas faire de gros résultats face à des nations, comme la Nouvelle-Zélande, où la discipline est un véritable sport. La taille et la race des animaux pourront peut-être un facteur défavorable pour eux mais, quoi qu’il en soit, nous irons en France sans complexe. »

Le All Nations en guise

de dernière préparation

Si le mondial commence le 4 juillet, les championnats de France et un concours All Nations commenceront dès le 2 juillet. Charlotte Haag, Sébastien, Stijn et lui y constitueront une équipe mixte. « Tous les tondeurs inscrits au mondial participeront sans doute au All Nations pour finaliser leur préparation. C’est un bon moyen de se jauger.»

Notons que le 1er juillet sera dédié à la cérémonie d’ouverture et au « Speed shearing », un concours de vitesse. C’est à celui qui tondra le plus rapidement un mouton. »

Un avenir assuré

pour ce métier

Pour Sylvain, un événement d’une telle ampleur peut apporter au groupe énormément de contacts, mais surtout une belle visibilité en Belgique.

« La tonte ne se professionnalise chez nous que depuis peu. Il y a quelques années, les éleveurs faisaient appels à des tondeurs internationaux de passage chez nous.»

D’autant que, pour lui, le nombre de moutons est voué à augmenter. Il estime d’ailleurs que le nombre de moutons pourrait être multiplié au moins par cinq à moyen terme. Il y voit deux raisons principales. Les ovins permettent d’abord de valoriser (et détruire) de façon écologique les couverts végétaux. Par ailleurs, la crise de la viande bovine semble servir la cause ovine. Celle-ci pourrait être une diversification crédible, puisque seuls 12 % de la viande ovine consommée en Belgique, est produite chez nous. L’augmentation de cheptel devrait permettre d’assurer l’avenir de ce métier.

« Nous sommes une belle bande de jeunes tondeurs motivés, plein d’avenir et prêts pour ce challenge », assure-t-il.

Un défi qui a d’autant plus de sens qu’en améliorant la tonte, la qualité de la laine s’améliore. « Jusqu’il y a peu, la qualité était déplorable.  Avec la technique néo-zélandaise, la fibre de la laine reste intacte, ce qui augmente sa qualité, et donc son prix. La toison est récoltée en une pièce, séparée des parties souillées. Il est donc plus facile trier les laines, de les catégoriser. La valorisation ne peut en être que meilleure. »

Pas de bonne filière laine sans tondeur professionnel

Plus ils se font connaître, plus les éleveurs font appel à eux. « Pour un non-initié, la tonte est pénible. Mieux vaut faire appel à un professionnel qui peut tondre près de 300 moutons par jour. D’autant que le coût n’est pas énorme pour l’éleveur (entre 2 et 3 euros par mouton tondu). »

La relation de confiance s’établit très vite avec l’éleveur ! À tel point qu’il n’est pas rare que Sylvain reçoive des appels de leur part suite à des problèmes rencontrés sur l’exploitation… « En fonction de ce que l’on connaît, de ce que l’on voit dans les autres élevages, on peut lui donner des conseils ou l’orienter vers d’autres bergers. C’est un rôle assez plaisant, gratifiant. »

Et de conclure : « Il nous arrive aussi de les mettre en contact avec les bonnes personnes pour valoriser leur laine. Un projet Interreg, « Défilaines », vise d’ailleurs à créer une filière pérenne de valorisation locale de laines produites en Grande Région (qui regroupe des divisions territoriales allemandes, belges, et françaises centrées sur le Luxembourg). Une filière qui ne pourra définitivement se développer correctement sans élevage de qualité, mais également sans tondeur qualifié ! »

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