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Et si vous électrocutiez les adventice avec XPower?

Le système de désherbage électrique XPower, présenté par Zasso sous le nom Electroherb avant qu’un accord de distribution ne soit conclu avec CNH Industrial, constitue une alternative aux désherbants chimiques de plus en plus décriés. Ces derniers mois, le système s’est développé, le prototype a été amélioré et les ventes ont débuté. Les premières unités apparaissent sur le terrain.

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Depuis plusieurs années, les herbicides totaux, comme le glyphosate, ne sont plus en odeur de sainteté auprès du grand public. La recherche d’alternatives s’est donc intensifiée. Parmi celles-ci figure le système de désherbage électrique XPower commercialisé par les concessionnaires du réseau CNH Industrial (New Holland, Case IH et Steyr).

Via un choc électrique

« Le principe de fonctionnement du désherbage électrique est en réalité assez simple », explique Pieter-Jan Auman, spécialiste en agriculture de précision chez CNH. L’énergie mécanique est convertie en énergie électrique, par l’intermédiaire de la prise de force du tracteur. La basse tension (220 V) est produite par le générateur (100 kVA) attelé à l’arrière du tracteur. Des transformateurs se chargent ensuite de transformer la basse tension en haute tension. On atteint alors jusqu’à 7.000 V, 3.000 W et 2 A. « Les transformateurs constituent donc le cœur du dispositif. »

Les applicateurs sont attelés sur le relevage avant du tracteur. Ces « patins » sont disposés en trois rangées, sur toute la largeur du XPower (1 ou 3 m). Les deux premières rangées, chargées positivement, pendent et viennent « lécher » les adventices. Le courant électrique est transmis par le patin à la plante, la traverse des feuilles aux racines, jusque dans le sol. Le pôle négatif, constitué de la troisième rangée de patins, ferme le circuit électrique et absorbe le courant résiduel du sol.

« Le passage du courant électrique à travers la plante provoque un éclatement des cellules et l’endommagement de la chlorophylle. Le passage de la sève, qui approvisionne les différentes parties de la plante en eau et éléments nutritifs, est immédiatement interrompu. L’adventice est condamnée et se dessèche. »

Les applicateurs sont attelés sur le relevage avant du tracteur. Les deux premières rangées  de « patins » sont chargées positivement et viennent lécher les adventices. Les « patins » de  la troisième rangée sont chargés négativement et absorbent le courant électrique résiduel.
Les applicateurs sont attelés sur le relevage avant du tracteur. Les deux premières rangées de « patins » sont chargées positivement et viennent lécher les adventices. Les « patins » de la troisième rangée sont chargés négativement et absorbent le courant électrique résiduel. - Wolff-Weyland

Les espèces présentant une forte teneur en eau et relativement peu de tiges et de racines par rapport à leur masse foliaire sont plus faciles à détruire. La quantité d’énergie nécessaire pour y parvenir est également moindre. Pour les espèces plus denses et plus ligneuses, utiliser davantage d’énergie est indispensable. Quant aux espèces à système racinaire étendu ou à rhizomes, plusieurs passages sont parfois requis.

« En fonction de la nature des adventices, les effets du désherbage électrique, à savoir le dessèchement, peuvent se voir après quelques minutes déjà. Selon la météo, plusieurs heures seront parfois nécessaires. Mais toutes les plantes touchées meurent. Par conséquent, on remarque immédiatement si une zone de la parcelle a été oubliée. »

Les hautes adventices ne poseraient pas de problème. « Elles sont aplaties par le carter du XPower. Les applicateurs entrent ensuite en contact avec elles et les électrocutent puis, pour la dernière rangée, absorbent le courant électrique au contact du sol. »

Intéressant en bio et en conventionnel

Outre les désherbants systémiques chimiques, XPower est, selon ses promoteurs, la seule solution qui s’attaque aux adventices jusqu’à la racine. « Le désherbage mécanique, à l’air chaud ou à l’eau chaude ne touche généralement que les parties aériennes des végétaux. Il y a donc un risque de repousses depuis les racines restées dans le sol, ce qui ne se voit pas avec le désherbage électrique », avance M. Auman.

Le XPower n’a aucun impact négatif sur l’environnement. Aucun résidu ne subsiste dans le sol après le désherbage. Cela signifie également que les semis, plantations ou récoltes peuvent se faire rapidement après l’opération, quel que soit le moment de la saison. Autre avantage : il n’y a plus besoin d’attendre des conditions météorologiques favorables pour travailler., comme c’est actuellement le cas avec les produits phytosanitaires chimiques. Le système fonctionne aussi bien par temps froid que par temps chaud, de jour comme de nuit.

« De plus, la structure et la vie du sol ne sont pas affectées. Tant qu’un organisme vivant ne touche pas les patins, il ne peut rien lui arriver. Ce n’est que si un ver de terre, une souris… entre en contact avec un applicateur qu’il meurt. Les abeilles, coccinelles… vont quant à elle s’envoler à l’approche du tracteur et ne risquent rien. Et quelques minutes plus tard, elles reviennent déjà sur la parcelle travaillée. »

Les adventices meurent immédiatement après leur électrocution et se dessèchent.  Ci-dessus, le résultat 30 minutes après le passage du XPower.
Les adventices meurent immédiatement après leur électrocution et se dessèchent. Ci-dessus, le résultat 30 minutes après le passage du XPower. - CNH

Xpower présente un intérêt indéniable en agriculture biologique. Mais au vu des restrictions appliquées ces dernières années aux produits phytosanitaires, il présente également de nombreuses possibilités en agriculture conventionnelle. Aujourd’hui, l’outil ne peut toutefois être utilisé que pour un désherbage total, et non pour un travail dans les cultures en rang. « L’utilisateur a la possibilité de régler les patins individuellement, selon le travail qui est nécessaire ou qu’il souhaite effectuer. Bien souvent, la pleine capacité, et donc la pleine puissance du système, n’est pas nécessaire. »

Pour la production de 100 kVA par le générateur, pour un désherbage total sur une largeur de 3 m, Pieter-Jan Auman conseille d’opter pour un tracteur d’une puissance de 150 ch. « Comptez environ 50 ch par mètre. Pour la version plus étroite du XPower, d’une largeur de 1 m, un tracteur de 50 ch est donc suffisant. C’est en tout cas ce que l’on conseille, par exemple, aux communes qui souhaitent utiliser ce système pour désherber les trottoirs et pistes cyclables. »

Au champ, la vitesse de travail est généralement comprise entre à 4 et 6 km/h. Sauf en pommes de terre, où l’on optera pour une vitesse d’environ 10 km/h pour effectuer le défanage des plants.

En toute sécurité

XPower est un système à haute tension (7.000 V). Une attention particulière a donc été apportée à la sécurité des utilisateurs. Aussi, le système cesse automatiquement de fonctionner dès que la vitesse du tracteur tombe sous 1 km/h et, bien sûr, en cas d’arrêt. Si un morceau de fer entre en contact avec un des patins, le système s’arrête également.

Sur le prototype de l’outil, le générateur et les onduleurs étaient placés à l’arrière du tracteur. Sur la version commercialisée, Zasso, le fabricant, a déplacé les onduleurs à l’avant du tracteur, dans un boîtier sécurisé logé au-dessus des trois rangées d’applicateurs. Ces derniers sont également entourés d’un carter, pour assurer la sécurité.

Prêt à l’emploi

M. Auman annonce qu’un total de 30 unités du XPower sera commercialisé sur le marché européen cette année. Le fonctionnement de cette première série sera suivi de près par son fabricant. « Un premier exemplaire a d’ailleurs été livré mi-mai à un client du Grand-Duché de Luxembourg », complète Tomas Lekens, marketing manager Benelux pour New Holland. « Il a opté pour cet outil principalement en vue de réaliser les opérations de défanage en pommes de terre. »

Le développement du XPower va se poursuivre dans les mois à venir. « En 2020, un applicateur sera disponible pour les cultures en rangs, comme le maïs, les betteraves ou les pommes de terre », précise Pieter-Jan Auman. « Ensuite, on mettra sur le marché un applicateur dédié aux cultures fruitières et à l’arboriculture ainsi qu’à la viticulture. Les vignerons français l’attendent avec impatience, car ils souhaitent disposer rapidement d’une alternative efficace au glyphosate. »

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