Accueil Agritourisme

La ferme de la planche et son sentier Pieds Nus: une balade mêlant nature et agriculture qu’on recommande sans hésiter

Beaucoup de nature, un peu d’agriculture, énormément de découverte et une pincée d’aventure ! Voici la recette du Sentier Pieds Nus de José Thiry et Marie-Christine Richir. Une sympathique expérience faite en compagnie de mes deux petits aventuriers. On vous l’explique…

Temps de lecture : 7 min

La Ferme de la Planche et son Sentier Pieds Nus se trouvent dans le petit village ardennais de Montleban, au cœur du parc naturel des deux Ourthes et au pays des Massotais de Gouvy. Quand on vient de Bruxelles, ce n’est pas tout près mais l’expérience vaut le déplacement. Nous sommes arrivés un peu en retard, pas si étonnant quand on est accompagné d’enfants, mais, José Thiry nous a accueillis bien calmement au sein de son exploitation tout de bois vêtue qui cadre parfaitement avec son environnement. Dès l’entrée, on croise déjà des outils de plus de 50 ans utilisés pour l’arrachage et la plantation de pommes de terre ou le semis de céréales. Mes enfants étant bien trop habitués au monde et machines modernes, les questions fusent et Monsieur Thiry prend le temps de répondre à leurs interrogations.

Elle, enseignante, lui, exploitant forestier, tous deux grands-parents… José et Marie-Christine profitent de leur atouts pour proposer un Sentier Pieds Nus qui plait à un large public.
Elle, enseignante, lui, exploitant forestier, tous deux grands-parents… José et Marie-Christine profitent de leur atouts pour proposer un Sentier Pieds Nus qui plait à un large public. - D. Jaunard

Sortir des rangs et bousculer le modèle en place

Avant de commencer la balade, on en apprend plus sur l’histoire de la ferme et de sa création. Enfin quand je dis on, plutôt moi parce que les enfants ont rapidement repéré la plaine de jeu située au centre de l’exploitation. Les parents peuvent donc facilement les laisser s’amuser en reprenant des forces après leur promenade (ou même avant finalement). En l’occurrence, je m’installe pour écouter José Thiry tout en gardant un œil sur mes deux petits monstres.

Il a acquis ses terrains agricoles fin des années 80 et y a construit et établi progressivement sa ferme tout en continuant à exercer son métier d’exploitant forestier. Dès le début, il comprend que l’entreprise ne sera pas aisée : « Il n’est pas facile de s’installer en agriculture. Un nouvel agriculteur dans un village, c’est de la concurrence en plus, ce n’est pas forcément facile à accepter pour les autres agriculteurs. De plus, je n’adhère pas vraiment au schéma agricole prédominant. Il est bien trop orienté sur le « toujours plus », je n’y crois plus du tout et je pense que cela nous mènera à une impasse. Du coup, quand je suis arrivé avec des idées un peu différentes, des races moins traditionnelles et des projets d’agriculture biologique, on m’a souvent pris pour un fou. À l’époque, tout cela n’était pas dans l’air du temps. Aujourd’hui, les jeunes agriculteurs sont beaucoup plus ouverts à tout cela et ça fait plaisir à voir ».

Des balades à dos d’ânes au Sentier Pieds Nus

C’est début des années 2000 que le projet de ferme touristique prend plus particulièrement son envol : « Mon épouse, Marie-Christine, était alors à mes côtés et, malgré ses origines citadines, elle adhérait totalement à mes projets agricoles. Nous constations une demande forte pour le tourisme à la ferme et avons donc envisagé nos projets dans ce sens. Les rénovations et nouvelles constructions ont été entreprises dans l’idée de pouvoir accueillir des visiteurs et ma femme a suivi des formations sur ce thème ». Dans un premier temps, le couple organise de promenades à dos d’ânes, vient ensuite le golf champêtre et finalement le Sentier Pieds Nus, mis en place en 2012 après une visite inspirante dans les Vosges. « Les promenades à dos d’ânes ont laissé la place au golf. Il n’était pas toujours facile de trouver des personnes pouvant manipuler correctement les animaux et encadrer les visiteurs. Le golf champêtre attirait énormément de monde mais il n’était plus tout à fait en accord avec notre philosophie. Cela devenait fort touristique, les gens manquaient parfois de respect envers les animaux et la nature et ce n’était pas toujours compatible avec le Sentier Pieds Nus. À partir de 2017, nous nous sommes donc concentrés sur le sentier qui demande de toute façon pas mal de travail en termes d’entretien, d’amélioration constante mais aussi d’encadrement des promeneurs qui apprécient qu’on leur donne des explications sur la ferme et le circuit ».

Un peu de risque, c’est chouette aussi.
Un peu de risque, c’est chouette aussi. - D. Jaunard

Ouverture d’esprit et pédagogie

Avec le sentier Pieds Nus, José et Marie-Christine proposent aux promeneurs une expérience en accord avec leur philosophie axée sur le contact direct avec la nature, le respect des animaux, l’agriculture biologique et locale mais aussi le zéro déchet. D’avril à fin septembre, le sentier accueille plusieurs milliers de curieux. « Nous adorons partager notre passion de la nature et de l’agriculture et pouvoir éclairer les gens sur les pratiques agricoles mais aussi sur les beautés et les intérêts de la région. Néanmoins, durant cette période, nous n’avons plus beaucoup d’intimité et nous comprenons que cela ne puisse pas plaire à tout le monde. Quand nous avions des ados à la maison, ça ne les enchantait pas toujours d’avoir constamment des étrangers chez nous. De plus, il faut être très ouvert et pouvoir discuter de tout. Les gens sont pétris de clichés, ils viennent avec des exigences mais en oublient parfois leurs obligations. Il faut pouvoir répondre à leurs questions et démonter leurs a priori calmement et en plusieurs langues. On doit souvent rappeler qu’on est dans une ferme, qu’il faut respecter les animaux, le parcours. Il faut faire preuve d’énormément de pédagogie. Dans tous ces domaines, les qualités d’enseignante de ma femme sont un gros avantage. Nous sommes également membres de plusieurs associations, ce qui nous permet de rester au courant de tout ».

Le sentier accueille tout type de public mais il est particulièrement adapté aux familles avec des jeunes enfants. « Les parents et grands-parents avec des petits enfants sont les publics les plus réceptifs. Nous accueillons aussi de plus en plus de groupes de personnes fragilisées à la recherche d’activités originales à prix abordables. Pour les groupes familiaux ou d’amis séjournant dans la région, l’activité présente également un grand intérêt. Par contre, les adolescents sont plus difficiles à contenter. S’ils ne sont pas sensibilisés à la nature, le sentier, c’est trop calme pour eux. Ce qu’ils veulent c’est du spectaculaire et du fun et ça ne leur convient pas ».

Des pieds enterrés dans le sable, un passage étroit dans les bois, une collecte de pommes de pins, une traversée de ruisseau… il reste peu de place pour l’ennui.
Des pieds enterrés dans le sable, un passage étroit dans les bois, une collecte de pommes de pins, une traversée de ruisseau… il reste peu de place pour l’ennui. - D. Jaunard

En route

Le sentier débute au centre de la ferme. Des bancs sont disponibles pour se déchausser et les objets non essentiels à la balade peuvent être laissés sur place. Personnellement, j’ai décidé d’emporter nos chaussures dans mon sac à dos car à deux ans et demi et 5 ans, on change vite d’avis. Bonne intuition, puisque la petite miss a choisi de remettre ses chaussures sur une partie du parcours ce qui ne l’a pas empêché d’en profiter autant que son frère.

Le sentier fait 3 km et s’étend sur 15ha. Selon le public, la balade dure entre 1h30 et 3h00. Certains tronçons plus difficiles d’accès pour les jeunes enfants ou les personnes moins sportives sont doublés de passages accessibles à tous. Des raccourcis sont également prévus en cas de fatigue inopinée. La direction à suivre est indiquée par des petits pieds jaunes (ou verts et rouges pour les passages simplifiés ou plus compliqués). Mon aîné, qui était chargé de nous orienter, a particulièrement aimé cet aspect « jeu de piste ».

Le bois, la pierre, la terre et l’eau agrémentent la balade sous toutes leurs formes : troncs, rondins, copeaux, sciure, galets, graviers, rochers, sable, boue, humus, feuilles, cônes, herbe, mousse, foin ou encore paille, il y en a pour tous les goûts. Les enfants font des petites découvertes tout au long du parcours. Ils sont tellement pris au jeu qu’ils en oublient leur fatigue ou de râler. Un pneu rempli de bouchons en liège, des sauts sur des rochers, de l’équilibre sur un tronc d’arbre, une course dans une prairie de hautes herbes, des pieds enterrés dans le sable, un passage étroit dans les bois, une collecte de pommes de pins, une traversée de ruisseau… il reste peu de place pour l’ennui.

Le parcours longe ou traverse également les enclos des animaux de la ferme. Nous avons pique-niqué auprès des chevaux Rocky Mountain, aperçu des vaches Aberdeen-Angus et fait la rencontre d’alpagas au détour du ruisseau. La ferme compte également un élevage de moutons Ouessant, deux poneys Shetland, des ânes et un cheval ardennais qui évoluent tranquillement au sein du parcours.

Comme me l’avait prédit José Thiry, mes enfants ont particulièrement aimé l’eau et la difficulté. Nous avions initialement prévu d’éviter les passages en équilibre dans le ruisseau mais, le risque, c’est tellement plus chouette.

Un peu de risque, c’est chouette aussi.
Un peu de risque, c’est chouette aussi. - D. Jaunard

Après 3h de marche, nous avons fini la balade tachés, mouillés, griffés et fatigués mais nous nous en moquions car nous avons tous les trois adorés. Eux parce qu’ils sont allés d’aventures en découvertes et moi parce que, pour une fois, je leur ai laissé le temps de vivre les choses sans les presser et je les ai vus heureux de profiter de plaisirs simples.

L’eau, un des éléments qui attire le plus les jeunes enfants.
L’eau, un des éléments qui attire le plus les jeunes enfants. - D. Jaunard

La ferme de la Planche, on s’y rend en prenant son temps car pour apprécier l’expérience il ne faut pas être à la minute près, encore plus lorsqu’on est accompagné de jeunes enfants. On l’envisage sans pression, on oublie son portable (ou juste pour en garder quelques souvenirs) et on profite de l’instant présent. Un retour aux sources qui vaut donc le déplacement.

D. Jaunard

A lire aussi en Agritourisme

Voir plus d'articles