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La reine Mathilde à l’écoute des agricultrices

Le 9 décembre aurait dû se tenir le Ladies’Day, événement phare d’Agribex auquel était invitée la reine Mathilde. Bien que le salon ait été annulé, la Souveraine a maintenu son engagement et a rencontré plusieurs femmes actives dans le secteur agricole.

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Traditionnellement, Agribex met les femmes à l’honneur durant une journée. Ce Ladies’Day, initialement prévu le 9 décembre dernier, devait cette année accueillir une hôte de marque. Si la situation sanitaire a entraîné l’annulation du salon, la reine Mathilde, elle, a malgré tout souhaité honorer son rendez-vous et s’est rendue dans une ferme de Merchtem (Brabant flamand).

« L’idée du Ladies’ Day est et reste de mettre les femmes à l’honneur. Nous avons lancé cette idée pour la première fois il y a deux ans et ce, avec succès. Cette fois encore, nous avons jugé important d’apporter aux femmes le soutien qu’elle mérite. Elles sont souvent la cheville ouvrière de notre secteur, mais cela demeure peu connu. Nous souhaitons donc mettre leur rôle majeur en évidence », explique Gracienne Geenens, membre du conseil d’administration de Fedagrim et inspiratrice du Ladies’ Day.

Autre lieu, même objectif

Le Palais étant disposé à maintenir la rencontre royale, la reine Mathilde a visité la ferme laitière Koeweidehof, tenue par Marijke d’Hertefelt et Bart Vanderstraeten. Elle y a aussi rencontré plusieurs femmes, qu’elles soient agricultrices ou actives dans une société gravitant autour du monde agricole. Elle a ainsi pu discuter, outre Gracienne Geenens, avec Geneviève Ligny, présidente de l’Union des agricultrices wallonnes, Anne-Catherine Dalq, vice-présidente de la Fédération des jeunes agriculteurs, Murielle Joskin, de la société éponyme, Mieke Verniest, éleveuse de porcs, Siska Vanpeteghem, agricultrice et propriétaire de chambres d’hôtes, Betty Eeckhout, éleveuse laitière et An Deneffe du Landelijk infopunt voor vrouwen.

La reine Mathilde en conversation avec (de gauche à droite) Gracienne Geenens,  Siska Vanpetheghem, Mieke Verniest et Geneviève Ligny.
La reine Mathilde en conversation avec (de gauche à droite) Gracienne Geenens, Siska Vanpetheghem, Mieke Verniest et Geneviève Ligny. - AV

« Comment pouvons-nous donner davantage de crédit à l’engagement de ces dames dans leurs entreprises que de les voir engager une conversation avec Sa Majesté ? », estime Mme. Geenens.

Et de poursuivre : « Toutes ces femmes ont leurs préoccupations. L’agriculture est très difficile aujourd’hui. De nombreux défis nous attendent. Le débat social sur l’agriculture est souvent dénaturé par des messages peu nuancés et donnant une image négative du secteur. L’agriculture est souvent le parent pauvre et, lorsque vous êtes confronté à de lourdes charges financières qui rendent les investissements difficiles et hypothèquent la rentabilité de votre exploitation, il me semble normal que votre courage soit au plus bas. Le fait que Sa Majesté ait ces discussions est encourageant pour toutes ces femmes ».

Réconfortant et bénéfique

Après leur conversation, l’ensemble du groupe soulignait avoir été écouté avec attention par la Reine.

« La Reine était très intéressée. Je la trouve très agréable et attachante. Elle dégageait beaucoup de calme. Et elle a écouté nos histoires personnelles et nos problèmes. Le bien-être des agricultrices la touche clairement. Je l’ai également trouvée bien informée sur le secteur. Il est frappant de constater qu’elle se rend compte que les consommateurs sont aujourd’hui trop éloignés de notre secteur et de leur alimentation. Ils ont oublié ce que font les agriculteurs… Selon la Souveraine, il y a du travail à faire pour mettre notre travail à l’honneur. Elle sait que nous travaillons dur mais que nous sommes trop peu respectés », témoignait Mieke Verniest à l’issue de la discussion.

Cette conversation lui a aussi donné un sentiment chaleureux. « La Reine ne peut pas vraiment faire quelque chose pour nous, mais sa présence met nos problèmes en lumière. »

Siska Vanpeteghem a également été très impressionnée par cette conversation « spéciale » entre femmes : « La conversation a été très gratifiante, au-delà de toute attente. Nous avons vraiment établi un lien avec la reine Mathilde. Elle dégage un sentiment naturel rassurant et a montré un réel intérêt pour nos histoires. Nous sommes suffisamment réalistes pour ne pas attendre de miracles de cette conversation, mais le simple fait d’être entendues par quelqu’un issu d’un monde complètement différent du nôtre fait du bien. »

Murielle Joskin poursuit : « J’ai pu m’entretenir avec la reine Mathilde sur l’importance des femmes dans le monde de l’entreprise. Aujourd’hui, les femmes doivent encore prouver qu’elles sont capables de diriger une entreprise technique. Nous avons parlé de la motivation des jeunes, y compris des filles, à choisir une orientation technique. Nous avons eu une conversation très ouverte et agréable. Je suis heureuse et honorée d’avoir été conviée à sa table ».

De l’intérêt pour le métier

Après ces discussions, la reine Mathilde a visité l’élevage de Marijke d’Hertefelt et Bart Vanderstraeten. L’exploitation est un modèle de production laitière durable. Là aussi, la Reine s’est montrée très intéressée par le fonctionnement de l’exploitation et en a demandé une explication détaillée.

Les discussions ont été suivies d’une visite de la ferme, durant laquelle  la reine Mathilde n’a pas hésité à mettre la main à la pâte.
Les discussions ont été suivies d’une visite de la ferme, durant laquelle la reine Mathilde n’a pas hésité à mettre la main à la pâte. - AV

« Il est bon pour nous de pouvoir expliquer à tous, y compris à Sa Majesté, que la durabilité est un vaste concept », explique Marijke. « L’élevage est bien trop souvent vu d’un mauvais œil, catalogué comme émetteur de gaz à effet de serre. Nous faisons tout ce que nous pouvons ici, et je sais que de nombreuses autres fermes font également ces efforts, pour capturer les gaz à effet de serre. Nous transformons le méthane en énergie grâce à notre station de biométhanisation. Dans nos champs, nous stockons le carbone dans le sol en le travaillant le moins possible. L’agriculture est un partenaire dans la lutte contre le changement climatique. Mais il est grand temps que ce message soit donné. Ceux qui nous combattent le font trop souvent avec peu de connaissances. »

Et d’ajouter : « Je suis heureuse que Sa Majesté ait compris ce message. Elle a pris note de nos efforts à cet égard. Espérons que l’écoute qu’elle nous a accordée soit un exemple pour tous. Écouter et discuter est la meilleure façon de relever les défis de demain afin que nos enfants aient un bel avenir devant eux. ».

Une visite royale en 2023 ?

« Nous sommes très reconnaissants à la Reine pour son écoute et son intérêt réel », conclut Gracienne Geenens. « Ce furent des conversations très agréables et enrichissantes. Les femmes présentes étaient ravies de pouvoir raconter leurs histoires. La Reine est très empathique : elle pose les bonnes questions, elle en sait beaucoup. »

Notre Souveraine a, par ailleurs, déjà reçu une invitation à visiter Agribex 2023. « Nous espérons qu’elle nous honorera à nouveau de sa présence, mais dans les palais de Brussels Expo cette fois. »

D’après Anne Vandenbosch

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