Passion et organisation, les clés

d’une diversification plus que réussie

En 1981, alors qu’il termine ses études agricoles, Baudouin Fastré rejoint ses parents sur l’exploitation familiale d’une quarantaine d’hectares installée à Modave. Son papa y élève du bétail de type mixte tandis que sa maman y a développé la vente directe de beurre de ferme.

Pour se faire de l’argent de poche

En parallèle, Baudouin décide, un peu par hasard, d’élever quelques poulets. Également vendus à la ferme, ils lui permettent de gagner son argent de poche. « À l’époque, on considérait que c’était à la fermière de s’occuper de la basse-cour. Mais de mon côté, j’en tirais une réelle satisfaction professionnelle », se souvient-il.

Très rapidement, le succès sera au rendez-vous et d’autres volailles viendront s’ajouter au poulet. Un succès que Baudouin attribue en partie à la chance : « L’exploitation est située sur une route fréquentée, ce qui est un avantage. De plus, j’aime la vente directe et les contacts avec les consommateurs ».

En 1989, il reprit entièrement l’exploitation familiale, sans pour autant abandonner l’activité de diversification qu’il avait développée quelques années auparavant.

À croissance lente

Dès le départ, l’éleveur a choisi de travailler uniquement avec une race de poulet à croissance lente. « Les poussins viennent de Flandre et sont nourris avec un aliment à base de céréales, de lin et de soja garanti non-Ogm acheté à la Scar. Ils ont également la possibilité de s’ébattre en prairie où ils complètent leur alimentation », explique-t-il.

Les poulets sont abattus à 84 jours (1,4 kg) au minimum et 120 (2,5 kg) au maximum. « En étalant l’abattage sur cinq semaines, je peux sélectionner les animaux en fonction de leur état d’embonpoint et les abattre au meilleur moment. »

Poulardes, coqs, chapons…

En 1994, Baudouin Fastré décide de remettre à l’honneur la poularde, ce qui lui a valu d’être reconnu centre de référence par la Région wallonne. « Pour moi, c’était un sacré coup de pouce. Avec l’argent obtenu, j’ai pu aménager le magasin à la ferme et promouvoir mes produits », dit-il.

Progressivement, d’autres volailles viennent encore faire grandir son élevage : coquelets, coqs, pintades, chapons, dindes, poules, canards, pigeonneaux, lapins…

Si la plupart de ces autres volailles disposent de la même alimentation que les poulets, certaines sont finies d’une manière particulière. « C’est le cas de la poularde, issue de poussin de sexe féminin, du chapon, issu de poussin de sexe masculin castré, et de la dinde. Nous les nourrissons comme les poulets durant quatre mois puis vient la finition durant un mois avec une pâtée composée de froment gorgé de lait entier de vache. C’est ce qui leur procure tendreté et jutosité. »

L’élevage de lapins a quant à lui été stoppé. « Ce n’est pas un élevage facile au vu des maladies mais je continue d’en proposer à la vente grâce à un jeune éleveur qui me fournit », ajoute Baudouin.

S’organiser pour s’améliorer

À la Ferme de Limet, le travail se fait par lot. Ce qui facilite le quotidien de Baudouin qui gère seul, ou presque, cette partie de l’exploitation.

Un premier lot de poussin est réceptionné aux environs du mois de février. Après engraissement, les poulets, pintades, coquelets… sont abattus et vendus aux mois de mai-juin. Deux autres lots arrivant début juin et début août sont engraissés durant l’arrière-saison ; les ventes s’étalant alors de septembre à novembre. « Pour moi, c’est la façon optimale de travailler. L’organisation est meilleure et la gestion des volailles s’en trouve améliorée. »

La poularde, le chapon et la dinde ne constituent quant à eux qu’un seul et unique lot par an, réceptionné en août et engraissé pour être abattu et vendu à Noël.

Seules les poules pondeuses, vendues comme poules à bouillir après deux ans de ponte, n’entrent pas dans le « système » de lots. « Celles-ci sont disponibles au gré de leur fin de ponte. »

Des volailles abattues…

En 2006, l’abattoir Bolly, situé à Verlaine, où se rendait Baudouin pour faire abattre ses volailles a définitivement fermé ses portes. C’est en mêlant chance et audace qu’il décide alors d’investir dans ses propres installations d’abattage. « La Ferme de Limet devenant ainsi entièrement autonome. »

… et vendues à la ferme

Toutes les volailles abattues sur l’exploitation y sont vendues le samedi matin sur réservation. « De cette manière, je ne tue que ce qui est commandé et ne me retrouve pas avec des invendus. De son côté, le client n’est pas non plus déçu si le stock est écoulé lorsqu’il arrive au magasin », explique Baudouin.

Et ce dernier d’ajouter : « La vente directe requiert temps et disponibilité. Il faut également avoir l’esprit commerçant, aimer les contacts et accepter d’arrêter ce que l’on fait pour servir le client. Mais j’adore ça et j’estime que c’est une façon idéale de valoriser notre travail ».

Et l’éleveur ne s’arrête pas là. Il s’est aussi lancé dans la vente de poulets, pintades et dindes démarrés et dans le commerce de poules pondeuses suite à la disparition de ce commerce aux alentours de son exploitation. « Cette dernière activité me demande d’ouvrir deux matinées de plus par semaine, c’est qui est un peu plus éprouvant. »

Le bouche-à-oreille avant tout

Si les médias ont aidé à faire connaître la Ferme de Limet et ses produits, c’est bien grâce au bouche-à-oreille que se sont construites sa réputation et sa clientèle. « Celle-ci est principalement constituée d’habitués mais doit progressivement se renouveler car peu de jeunes se rendent encore à la ferme », nuance-t-il.

Ce renouvellement passe notamment par la création de nouvelles activités. « Depuis quelques années, nous vendons les œufs de nos poules dans le magasin de la ferme. Et il y a un an, nous avons lancé avec succès une vente d’œufs livrés à domicile lors d’une tournée bimensuelle. »

Toujours dans cette optique d’être accessible au plus grand nombre, mais aussi parce que ce mode de production ne le convainc pas tout à fait, Baudouin a choisi de ne pas se convertir à l’agriculture biologique.

« Noël, c’est la cerise sur le gâteau »

Noël correspond au pic d’activité le plus important de l’année pour la Ferme de Limet qui y fait 30 % de son chiffre d’affaires. Certaines volailles dites festives, telles que la poularde, le chapon ou la dinde, sont engraissées et vendues spécialement pour l’occasion.

« C’est une période qui me demande beaucoup d’organisation afin que les volailles soient tuées et nettoyées dans les temps pour être vendues les 22 et 23 décembre. Je ne peux pas faire la moindre erreur ! Je n’imagine pas ne pas honorer une commande alors qu’un client compte sur mon produit pour son repas de fête », insiste l’éleveur.

Bien que cette période soit stressante, Noël est un moment de consécration. Et Baudouin de conclure : « C’est à ce moment que je ressens la reconnaissance des consommateurs pour mes produits. C’est réellement la cerise sur le gâteau qui vient récompenser le travail de toute une saison ! ».

J.V.

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