Toutes variétés confondues, les stocks

au 1er avril affichent un niveau assez élevé

Pour la 19e année consécutive, la Fiwap, le Carah et Inagro/PCA ont mené une enquête auprès des producteurs belges de pomme de terre. En Wallonie, 96 agriculteurs ont répondu à l’enquête, tandis qu’en Flandre, elle a permis de contacter 127 agriculteurs cultivant de la pomme de terre de consommation.

Bintje : un manque d’intérêt…

Selon l’enquête (tableau 1), les stocks en Bintje pour l’ensemble du pays s’élevaient au 1er avril à quelque 40 % de la production initiale. Ce chiffre confirme le désintérêt du commerce pour la Bintje, cette saison. Le dégagement en mars-avril a toutefois été normal (10 % de la récolte initiale par mois). Les stocks actuels sont équitablement répartis entre « libres » et « déjà vendus ».

En Fontane, avec un tiers de la récolte initiale, les stocks sont proportionnellement du même ordre de grandeur que lors de ces 2 dernières années. La part libre reste assez élevée en raison des rendements élevés qui ont amené beaucoup de « surtonnes ». Le dégagement a été intense en février et mars (14 % par mois) ! Les volumes libres et volumes déjà vendus sont équivalents.

Quant aux autres variétés, essentiellement Challenger, Innovator, Markies, Ramos, Lady Claire, elles montrent un niveau normal de stock au 1er avril de 28 % de la récolte initiale, et un dégagement assez faible en février et mars (8 % par mois). La grande majorité des stocks actuels est déjà vendue.

Au final, toutes variétés confondues, il restait au début de ce mois 35 % en stocks, contre 27 % en moyenne pour les 5 dernières années. Pour la première fois, une majorité considérable des stocks totaux au 1er avril (environ 57 %) est déjà vendue, ce qui confirme l’importance des volumes contractés en pré-saison et des achats avec livraison retardée.

… de la part de l’industrie

Évalués à 680.000 tonnes au 1er avril, les stocks belges de Bintje (tableau 2) sont inférieurs à l’an dernier (-100.000 t) mais supérieurs aux 2 années précédentes. Depuis le début de la présente saison, le commerce a utilisé 1,03 million de tonnes de Bintje, soit 30 % de moins que la moyenne des 5 dernières années (1,50 Mt). La période février-mars a dégagé à peine 340.000 t de Bintje, contre 610.000 t l’an dernier. La variété n’est clairement pas prisée par les industries cette saison.

Les stocks actuels sont pour moitié déjà vendus (340.000 t) et pour moitié encore libres (340.000 t également). Il reste moins de libre que les 2 dernières années.

Les stocks de Bintje au 1er avril étaient donc plus faibles que l’an passé (- 13 %), mais plus élevés de 10 % que la moyenne des 3 dernières années.

L’enquête révèle enfin un volume déjà vendu (moins de libre) plus important que lors de toutes les récentes années.

Fontane a le vent en poupe

Depuis le début de saison, les marchés ont déjà consommé environ 600.000 t de Fontane cette saison (tableau 3), contre 400.000 tonnes l’an dernier et 300.000 t en 2013-2014 et 200.000 t en 2012-2013. La progression est donc fulgurante, et Fontane devrait dépasser Bintje à très court terme dans l’approvisionnement industriel. Il resterait environ 300.000 t de Fontane en stocks, dont seulement 150.000 t en libre.

Autres variétés de conservation

L’enquête révèle pour les autres variétés (tableau 4) un stock de l’ordre de 320.000 t, dont à peine 70.000 seraient encore à vendre. En raison de la progression des surfaces de ces autres variétés (surtout Challenger et Innovator), ce stock actuel est plus élevé que l’an dernier (+40.000 t) et que la moyenne des 3 dernières années (+110.000 t). Les marchés ont consommé +/- 810.000 t de ces variétés depuis le début de la saison : c’est moins que la saison dernière (850.000 t), mais plus que la moyenne des 3 dernières saisons (740.000 t).

Stocks et dégagement de la production

La production initiale 2015 a été estimée à 4,08 millions de t, soit 500.000 t de moins qu’en 2014, mais 300.000 t de plus que la moyenne des 3 dernières années. Les hangars belges contenaient début avril environ 1,29 million de t de pommes de terre, très comparable à l’an dernier (1,28 Mt), mais 32 % de plus que la moyenne des 3 dernières années (980.000 t). Les marchés ont dégagé environ 2.800.000 t sur 8 mois (hâtives comprises), très semblable à la moyenne des 3 dernières années. Cela correspond à une utilisation de l’ordre de 350.000 t par mois depuis début août.

Le dégagement est toutefois inférieur à la saison dernière (3,3 millions de t, mais sur 9 mois) basée sur une récolte 2014 record et caractérisée par des « pertes » importantes. La comparaison avec l’an dernier n’est donc pas pleinement pertinente, d’autant que la saison actuelle a commencé avec 1 mois de retard puisque les usines ont utilisé la récolte 2014 jusque début août 2015.

Et les perspectives ?

Le stock actuel correspond à environ 3,5 mois d’approvisionnement des marchés, soit jusque mi-juillet, à rythme de commerce inchangé ; les premiers échos montrent que les usines ne fermeraient quasiment pas en été. Il reste donc a priori suffisamment de pommes de terre dans les hangars de notre pays.

Notre transformation consomme à elle seule actuellement près de 350.000 t de matière première par mois (dont les approvisionnements dans les pays voisins, mais des pommes de terre belges sont aussi expédiées vers la France et les Pays-Bas). Toutefois, pour fabriquer le même tonnage de frites, il faudra davantage de matière première avec Bintje, que les usines devront prendre par défaut, qu’avec les variétés Fontane ou Challenger.

Des lignes de transformation supplémentaires se sont ouvertes ces derniers mois, de sorte que la capacité de transformation en Belgique est plus élevée aujourd’hui qu’en début de saison. Les besoins mensuels ont donc aussi augmenté.

Le retard pris dans les plantations de hâtives en Flandre est bien réel et devrait prolonger l’actuelle saison en juillet. On restera donc attentif aux conditions de levée et de croissance de ces cultures.

Les stocks estimés au 1er avril comprennent 150.000 t de Fontane libres : vu la priorité accordée par les usines à cette variété, ses cours devraient rester soutenus ; idem pour Challenger et d’autres variétés de longue conservation dont la part libre dans les stocks est particulièrement faible. Revers de la médaille : l’importance des contrats dans les stocks actuels permet aux acheteurs de temporiser leurs achats sur les marchés libres, plus que lors d’autres saisons.

La qualité de Bintje restera déterminante pour sa valorisation. On continuera donc à surveiller l’évolution des cuissons fritures dans les prochaines semaines.

D’après la Fiwap et le Centre pilote pomme de terre

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