Chasseurs, agriculteurs, entrepreneurs agricoles et environnementalistes, ainsi que Monsieur Scohy, inspecteur général du DNF, Monsieur Widar (Fourrage Mieux) et deux experts (chargés de l’estimation des dégâts aux cultures, surfaces et coûts), sans oublier Monsieur Jennequin, échevin à la ville de Couvin et Madame Brogniez, députée wallonne MR. Preuve que le sujet préoccupe ! Après un petit mot d’accueil, deux évidences se sont rapidement dégagées : la forte croissance des populations des sangliers et le fait que les responsables politiques ne semblent pas prendre la pleine mesure du problème !
L’impact sur l’environnement est aussi rapidement venu sur le tapis. Il faut dire que les dégâts particulièrement spectaculaires occasionnés à mes prairies cette année interpellent voisins et passants. On m’a même rapporté que des personnes se déplaçaient expressément pour voir le spectacle.
Nous ne sommes pas les seuls à tirer la sonnette d’alarme ! Au Parlement wallon, en commission de l’agriculture, Monsieur Domb (Pairi Daiza) a présenté le projet Nassonia et également relevé, devant le Ministre Collin et une dizaine de députés, le problème de surpopulation du grand gibier.
Quant au monde de la chasse, on le sent très partagé. Les « chasses business » se montrent peu enclines à entendre les préoccupations agricoles, par contre, les « petites chasses » sont plus à l’écoute.
La problématique « accidents de la route » a également été abordée. Il semblerait que sur la N5 à Roly (Philippeville), il y aurait pratiquement un impact par semaine ! Au cours de la rencontre, le nourrissage, le « lâchage » de gibier et l’élevage font aussi l’objet de nombreuses questions.
Rappelons ce que le DEMNA (Département de l’Étude du milieu naturel et agricole) dit du sanglier : « machine à se reproduire exceptionnelle avec un taux de reproduction de 180 % en moyenne avec des pics à 200 ou 300 % ; capacité d’adaptation ; opportuniste ; population multipliée par 4.5 en 30 ans ; la chasse hobby ne peut plus contrôler cette évolution, risque pour l’agriculture en Condroz… »
« Si des déséquilibres persistent, il faudra trouver des solutions ! » avait dit François Ghysel au nom du Ministre Collin lors d’un colloque à Namur en 2014 en ajoutant que le Ministre travaillait à des pistes. Aujourd’hui, nous avons le sentiment, au contraire, qu’on a davantage écouté la voix des chasseurs que celle des agriculteurs !
Monsieur Scohy, inspecteur général du DNF, confirme qu’au Cabinet du Ministre, on considère qu’il n’y a ni « points noirs », ni surpopulation…
De son côté, le Ministre-président Paul Magnette a donné réponse à mon interpellation et se dit navré des désagréments subis. Il rappelle que la loi prévoit que les titulaires des droits de chasse doivent répondre « aux dommages causés aux champs, fruits et récoltes par les cervidés, chevreuils, daims, mouflons ou sangliers provenant des parcelles boisées sur lesquelles ils possèdent le droit de chasse, sans qu’ils ne puissent invoquer le cas fortuit, ni la force majeure ». Il ajoute : « Par ailleurs, j’attire votre attention sur le fait que la réglementation prévoit que des mesures spécifiques de destruction du sanglier peuvent être activées ce que je vous invite à faire. N’hésitez pas à prendre contact directement avec le conseil cynégétique englobant vos terrains agricoles, à savoir le Conseil cynégétique des Grands Bois de Chimay, Couvin et Viroinval ASBL, afin de trouver au mieux les solutions à la problématique de dégâts que vous évoquez dans vos courriels ».
Nous ne voulons évidemment pas interdire la chasse ! Nous sommes favorables à une chasse qui assure une vraie régulation des populations de gibier. L’invitation à la journée relevait qu’aucun entrepreneur n’accepterait de subir de tels préjudices économiques. N’oublions pas non plus les préjudices à l’environnement et subis par les particuliers.
Pour conclure, voici une anecdote, rapportée par des chasseurs eux-mêmes. Lors d’une chasse, quelques 28 sangliers ont été abattus sur les 210 individus comptés par les chasseurs postés. Le chasseur y voit « un beau tableau »… J’aimerais vous faire remarquer que 182 sangliers courent toujours. Si vous ne faites rien, votre responsabilité face aux statistiques d’accidents restera évidente.
« Il faudra trouver des solutions », nous disait-on. Et bien, les agriculteurs et les citoyens trouvent qu’il en est grand temps de respecter cet engagement… n’en déplaise à certains chasseurs !