L’épandage proche du sol plébiscité

Au total, c’est une trentaine d’entrepreneurs qui ont répondu à l’enquête pour la Région wallonne (RW). Notons qu’un tiers d’entre eux n’est pas actif dans l’épandage de lisier.

Les quantités de lisier de bovins, lisier de porcs et digestat reprises dans l’enquête sont de 354.000 m³ en RW et épandues par les 20 entrepreneurs actifs dans l’épandage de lisier. Précisons que le terme lisier désigne l’ensemble des engrais de ferme liquides à action rapide.

Les chiffres en RW

Cette année, en discutant avec les entrepreneurs, nous avons constaté que les techniques d’épandage proche du sol (surtout les systèmes à patins) sont de plus en plus demandées par les agriculteurs, surtout en ce début d’année, 2017 ayant été très sèche avant la 1ère et la 2e coupe.

Nombreux d’entre eux, sont déjà en partie équipés avec du matériel comme les patins ou comptent investir dans cette technique à l’avenir.

Le facteur qui les freine le plus ? La concurrence relative au coût d’épandage. Un équipement proche du sol les obligera à augmenter le prix de l’épandage. Les entrepreneurs équipés avec des systèmes d’épandage proche du sol font recours aux systèmes d’épandage en surface, uniquement lorsque les conditions météo sont favorables, c’est-à-dire temps couvert, frais et pluvieux.

La majorité des épandages de lisier sont réalisés en prairie (78 %, voir Fig. 1).

Si l’on s’intéresse à la période, on observe que La toute grande majorité des épandages (77 %) est réalisée le premier semestre. Ceci correspond à 272.000 m³ de notre enquête (voir Fig. 2).

Si en prairie, 80 % des épandages sont réalisés le premier semestre ; en culture, ce ne sont que 65 % des épandages qui sont effectués lors des six premiers mois de l’année (voir Fig. 3 et 4).

En surface

La majorité des épandages sont réalisés en surface (66 %, voir Fig.5).

Quelque 77 % des systèmes d’épandage en surface sont des épandeurs pendulaires du type Möscha qui ont l’avantage d’épandre par un système de va-et-vient le lisier en grosses gouttes. Celles-ci atteignent rapidement le sol et souillent moins les herbages en comparaison avec les systèmes qui épandent les lisiers en nappe (buse à palettes). Le pas suivant en prairie est de passer du système pendulaire au système de dépôt du lisier proche du sol (patins…) (voir Fig. 6).

En prairie, 72 % des épandages sont réalisés en surface. La marge d’amélioration c.-à-d. de réduction des pertes est donc encore très grande (voir Fig. 7).

Si la majorité des épandages en culture sont réalisés en surface (42 %, voir Fig. 8), plus de la moitié du lisier est épandue proche su sol ou injectée dans le sol. L’incorporation des lisiers au sol permet de réduire notablement les pertes ammoniacales. Les techniques d’injection dans le sol et proche du sol sont déjà fréquentes. Pour les épandages en surface, nous ne connaissons pas la proportion des lisiers incorporés par l’agriculteur après l’épandage.

L’injecter ?

Grâce à l’injection du lisier, les pertes ammoniacales sont quasi nulles. L’usage systématique en prairie permanente par contre peut être néfaste pour le gazon et favoriser le développement de graminées médiocres comme le pâturin annuel et le pâturin commun. Cette technique est la plus coûteuse et le tassement du sol causé par de plus nombreux passages des engins risque d’être préjudiciable comparé aux machines avec des largeurs de travail plus élevées.

Quant aux systèmes d’épandage équipés de patins, ils présentent une excellente alternative en prairie. Les pertes par volatilisation sont très limitées et on est moins confronté aux problèmes de lisier qui colle sur la végétation et qui y forme des dépôts.

Les techniques d’injection et de dépôt sur le sol atteignent leurs limites en terrain accidenté. La qualité et l’homogénéité de l’épandage ne sont plus garanties.

L’enquête révèle que près de 354.000 m³ ont été épandus en Wallonie en un an(voir Fig. 9).

Notons encore qu’en RW la plus grande partie des lisiers est épandue par l’entreprise. Pour améliorer l’impact environnemental des épandages de lisier, deux leviers peuvent être actionnés à l’avenir :

– le recours aux systèmes d’épandage proche du sol (patins, sabots…) en prairie.

– l’injection ou l’incorporation des lisiers simultanément à leur épandage en culture.

J. Wahlen et P. Luxen

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