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Ne négligez pas la fumure des fruitiers !

Une fois les fruitiers en place, il faudra s’efforcer de maintenir et si nécessaire d’améliorer encore la fertilité du sol dans ses paramètres physiques, chimiques et biologiques. Le but : assurer un bon développement et un bon fonctionnement du système radiculaire, avec une bonne alimentation des plants en eau et en éléments minéraux.

Temps de lecture : 6 min

Avant la plantation, l’analyse chimique a indiqué la fertilité initiale du sol, ainsi que les excès et les manques d’éléments minéraux. La fumure de fond aura permis dans une certaine mesure d’arriver à un équilibre. Par la suite, une analyse du sol est conseillée tous les 4 à 5 ans.

Connaître les besoins des fruitiers

De manière générale, si on se base sur les exportations d’éléments minéraux, les besoins des arbres et arbustes fruitiers sont modérés, en comparaison par exemple avec des cultures agricoles ou légumières. Ce qui ne veut pas dire qu’il faille négliger leur alimentation minérale ! Celle-ci a une influence importante sur la croissance et la fructification.

Le calcul des exportations annuelles prend en compte les fruits, ainsi que le bois ; on considère que les feuilles sont recyclées sur place, après un broyage qui accélère leur décomposition. Les valeurs observées sont évidemment très variables selon les cas, les âges et les climats. Nous ne pouvons présenter ici que des moyennes, qui ont pourtant une valeur indicative, et non une valeur absolue.

Sur base de leurs exigences, les arbres fruitiers se subdivisent en trois groupes :

– les moins exigeants sont les poiriers-pruniers-cerisiers ; par are, les exportations moyennes sont de 400 g d’azote, 100 g d’anhydride phosphorique, 400 g d’oxyde de potassium et 500 g de chaux ;

– les pommiers exportent un peu plus de minéraux : par are, 550 g d’azote, 150 g d’anhydride phosphorique, 700 g d’oxyde de potassium et 650 g de chaux ;

– les pêchers sont nettement plus consommateurs de minéraux : par are, 850 g d’azote, 200 g d’anhydride phosphorique, 800 g d’oxyde de potassium et 1.250 g de chaux.

Si on compare ces valeurs aux exportations de céréales, de pommes de terre ou de betteraves, on voit que les arbres fruitiers sont nettement moins exigeants.

Satisfaire leurs exigences

La fumure minérale par épandage au sol doit compenser à la fois les exportations d’éléments par les arbres et les pertes par percolation, en tenant compte de la texture et de la structure du sol. Elle doit aussi corriger les carences éventuelles et tenir compte des excès de certains éléments susceptibles d’être causes d’antagonismes (par exemple potassium><bore ou potassium><calcium).

Outre l’analyse du sol à réaliser tous les 3 à 5 ans, les arboriculteurs professionnels recourent aussi à l’analyse des feuilles, prélevées selon un protocole précis (époque de prélèvement, localisation des feuilles…) qui tient compte aussi de différents paramètres culturaux : variétés, SPG, conditions climatiques… À côté de cela, ils pratiquent aussi une analyse des fruits, principalement dans le but de déterminer leur aptitude ou non à une longue conservation frigorifique. Dans les vergers professionnels, plusieurs éléments fertilisants sont aussi apportés aux arbres pendant la belle saison par pulvérisation sur le feuillage : azote, calcium, oligoéléments…

En pratique, dans un jardin fruitier d’amateur, qui par nature présente une diversité d’espèces et de variétés, il est possible d’utiliser un engrais ternaire : « composé pour jardins, pauvre en chlore » et qui apporte aussi de la magnésie, ou des engrais simples ou binaires. L’épandage se réalise sous toute la surface de la couronne + 10 %.

Dans le premier cas, l’épandage se fait début mars, à raison de 5 à 7 kg par are (= 50-70 g/m²) en fonction de la teneur en éléments fertilisants, avec en juin un complément d’azote (20 unités) sous forme de nitrate d’ammoniaque 27 % (0,8 kg/are), de sulfate d’ammoniaque 21 % (1 kg/are) ou de nitrate de chaux 15,5 % (1,3 kg/are).

Si on utilise des engrais simples, pendant l’hiver on apporte 50 unités d’anhydride phosphorique (sous forme de superphosphate concentré ou de scories de déphosphorisation) et 50 à 75 unités de potasse sous forme de patentkali, qui apportera aussi de la magnésie. L’azote est apporté en deux fois : 50 unités en mars et 20 unités en juin.

Les apports de chaux se font tous les 3 à 5 ans, en hiver, en fonction des indications de l’analyse du sol. Dans les parcelles où le pH est déjà supérieur à 7, certains engrais alcalinisants doivent être évités : par exemple la cyanamide de chaux ou les scories Thomas.

En ce qui concerne la fumure organique d’entretien, annuellement, en fin d’automne après la chute des feuilles, on épand sur la même surface du compost mûr ou du fumier composté émietté, à raison de 4 à 5 kg/m². La quantité d’éléments minéraux apportés par cette fumure organique est très faible, insuffisante pour couvrir les besoins des arbres. Selon l’origine des déchets végétaux et/ou animaux, un compost « maison » contient 0,5 à 0,6 % d’azote, 0,25 à 0,3 % d’anhydride phosphorique, 0,8 % d’oxyde de potassium, 0,25 % d’oxyde de magnésium et 1 % de calcium.

Des apports localisés en vergers enherbés

Dans les vergers haute-tige ou demi-tige adultes, enherbés sur toute la surface, la fumure minérale doit bénéficier à la fois à la croissance et la fructification des arbres, et à la croissance de la couverture herbacée. Il y a donc deux doses d’engrais à calculer puis à apporter. Nous ne considérerons que la fumure nécessaire aux arbres, qui sera apportée au niveau de leurs racines. La fumure destinée à l’herbe dépend du mode de gestion de la prairie : pâturage intensif, pâturage extensif, fauche…

En raison de la faible mobilité dans le sol de certains éléments (par exemple le phosphore et dans une moindre mesure le potassium), si un engrais composé ternaire est appliqué en surface, seul l’azote qu’il contient a une chance d’arriver au niveau des racines en temps utile ; l’herbe sera la principale bénéficiaire de cet engrais.

Traditionnellement, comme en atteste la figure ci-jointe, la localisation des engrais minéraux en profondeur implique de faire des trous de 25-30 voire 40 cm de profondeur sous la couronne (+10 %) : 4 trous/m², c’est-à-dire tous les 50 cm en tous sens et de glisser dans chaque trou la dose d’engrais indiquée. Si on utilise un composé pour jardins à raison de 6 à 8 kg par are, cela représente 15 à 20 g par trou, en fin février-début mars. L’opération sera suivie d’un arrosage.

Cette façon de faire, qui peut sembler fastidieuse et désuète, permet d’améliorer l’efficacité des apports d’engrais. Si nécessaire, un épandage de chaux magnésienne en surface se fera en fin d’automne, suivi d’un hersage.

Combiner fumure organique et fumure minérale

Le commerce propose différents engrais organo-minéraux en poudre ou mini-granulés. Selon les marques, ils contiennent 5 à 10 % d’azote, 3 à 7 % d’anhydride phosphorique, 6 à 10 % d’oxyde de potassium et 3 % d’oxyde de magnésium, ainsi qu’environ 50 % de matière organique d’origine végétale et/ou animale. Leur prix plus élevé est compensé par une plus grande facilité d’emploi.

Ir. André Sansdrap,

Wépion

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