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« À 0,37 €/l, on ne gagne pas sa vie ! »

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« En agriculture, les prix sont en dessous de tout. Que ce soit en viande ou en lait, on n’arrive plus à couvrir nos coûts de production», se révolte Éric Jonkeau. « Déjà lors de la première crise du lait en 2009, j’étais en plein investissement pour la première partie d’étable. A cette époque, j’avais déjà calculé que le lait revenait à 0,37 €/l en amortissement mon bâtiment sur 15 ans et non sur 40 comme le préconisent certains. Je ne suis donc pas d’accord que l’on dise qu’avec un tel prix du lait, on puisse gagner sa vie ! D’autant qu’on en est encore loin depuis le changement des paramètres liés à la matière grasse et aux protéines. On nous paie sur un prix de base à 4,2 % MG 3,4 % TP alors que nous étions payés précédemment pour un lait à 3,9 % MG et 3,2 % TP… C’est une baisse indirecte du prix du lait puisque nos coûts de production augmentent pour y parvenir. À 0,37 €/l, ce n’est donc pas rentable de traire » s’insurge-t-il encore.

La tendance est la même en allaitant. « Nous avions des vaches qui se vendaient facilement à 3.000 euros dans les années 80-90, aujourd’hui il faut une super vache pour atteindre péniblement les 2.500 euros. Si on y ajoute l’augmentation des coûts d’entretien de la mécanisation, nous ne sommes plus vraiment dans la marge ! », ajoute-t-il.

« C’est la raison pour laquelle nous nous sommes remis en question en 2015 et que nous avons commencé à produire de la glace et des yaourts. Le circuit court reste rémunérateur même si on ne valorise que des petits volumes. Nos 500 l de lait transformés par semaine ont une tout autre valorisation que celui qui part à la laiterie. Au bout de 4 ans d’activité, cela commence à bien fonctionner, et ce grâce au bouche-à-oreille. Nous avons de nombreux partenariats avec des commerces locaux et sommes également en contact avec un porteur de projet pour viser les collectivités et les restaurants »

M. Jonkeau reste relativement acerbe envers la filière bio qui, si elle a pris pas mal de parts de marché, devient trop industrelle à son goût. « Les grandes enseignes vendent un bio « international ». Le problème ? Le producteur bio reste coincé entre la grande surface et d’autres firmes… On risque de voir d’ici quelques années, un bio rémunéré au même prix qu’un conventionnel. Ce n’est pas logique ! Voilà pourquoi je crois davantage dans le développement des filières locales pour lesquelles on a un bon retour. »

Depuis le début de l’année, ils ont à leur disposition deux distributeurs, l’un de produits frais, l’autre de glace qui semblent avoir leur petit succès.

« Nous avons investi dans une ferme très diversifiée, et c’est ce qui nous a permis de tenir dans la durée », conclut l’éleveur.

P-Y L.

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