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Scar se veut un outil structurant, qui orientele développement des filières de ses coopérateurs

« Sans conteste, 2018 a marqué les mémoires d’un point de vue climatique : des températures records et une sécheresse sévère ont profondément impacté certaines de nos productions. Le réchauffement climatique est brusquement devenu une évidence », a analysé Alain Demonceau, président de la Scar, lors de l’assemblée générale de la coopérative. « Face à des phénomènes climatiques extrêmes plus nombreux à l’avenir, tant l’agriculteur-producteur que le citoyen-consommateur, vont devoir s’y adapter. »

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Comme pour toute société, s’adapter et une nécessité ! Si Scar existe depuis 120 ans, voilà 25 ans que la coopérative se doit d’anticiper et d’accompagner les évolutions de la société et du comportement du consommateur pour répondre au mieux aux besoins de ses clients.

Un besoin

d’outils structurants

Et plus on avance dans le temps, plus les rapports de force entre les différents acteurs de la société changent… Et ce, plus rapidement que jamais. Et L4agriculture n’est évidemment pas épargnée.

Eric Walin, directeur de la coopérative : « Notre agriculture wallonne devient donc toujours plus marginale face à une agriculture mondialisée, elle-même devenue une valeur d’ajustement face aux autres contingences planétaires. »

Les modes de productions sont donc conditionnés par toute une série de facteurs, de contraintes, d’opportunités, de leviers. « Le secteur agricole doit-il dès lors subir cet état de fait ou peut-il développer des outils structurants pour orienter son développement et ses perspectives futures ? », se demande M. Walin.

« Je pense que notre coopérative est l’un de ces outils qui existe depuis des dizaines d’années et qui opère une transition très importante depuis 25 ans. Notre politique d’investissements, nos choix raisonnés nous ont permis d’anticiper énormément de choses. »

Si l’on observe les facteurs orientant ces choix, Scar fait le lien entre le mode de production et ce qui se passe en amont et en aval de la filière. En outre, la coopérative s’implique dans des filières de qualité différenciées. « C’est ambitieux, peut-être naïf, mais très démonstratif d’une structure qui joue un rôle de levier dans cette orientation agricole. Celle-ci se repose aujourd’hui sur deux grands axes presque équivalents : conventionnel différencié et biologique. »

Et pour gagner en efficacité, ces différentes unités de production sont toutes reliées entre elle par une plateforme on-line pour une gestion unique. Notons encore que leur offre commerciale leur permet une très grande flexibilité. Les 4 grands axes de différenciation, que sont les cahiers de charge différenciés, le bio, la spécialisation à la carte, le hobby & petit élevage, démontre que la coopérative est un acteur de développement de filières de production animale différenciée.

Un travail

d’anticipation validé

Concrètement, Scar en 2018, c’est une progression 4,6 % en aliments composés par rapport à l’année précédente. Sur 22 ans, c’est une augmentation de la production de 135 %, soit une progression annuelle moyenne de 6,2 %

L’année dernière, la coopérative a commercialisé 73.000 t d’aliments composés, dont 67 % pour le département « agricole » (dont 41,9 % en bio) et 33 % pour le département hobby-graineterie (dont 5 % en bio). « Cette croissance réalisée sur ces 25 dernières années démontre cette volonté d’anticipation et tout le travail qualitatif de long terme qui a été réalisé et validé par les opérateurs.

Le chiffre d’affaires de 37,7 millions (+8 % par rapport à 2017) est essentiellement dû à deux grands axes de progression : les augmentations du prix unitaire des carburants (+16,3 % en 2018), et du volume de vente des aliments composés agricoles (+4,5 % dont 6,3 % pour les volumes bio).

En ce qui concerne les autres volumes, les composés graineterie ont augmenté, les aliments simples ont connu une forte hausse. A contrario, du côté des engrais, ils ont fortement diminué. Les volumes de carburant vendus sont quant à eux équivalents.

Les tendances du marché

Comme déjà dit, le prix des carburants a connu une forte augmentation, soit une hausse de 94 €/1.000 l soit 16,3 %.

Au niveau des engrais, les volumes ont diminué mais en fin de campagne leurs prix ont augmenté, soit une hausse moyenne pour 2018 de 20 €/t ou 9,3 %.

Les aliments composés ont en moyenne augmenté de 10 €/t, soit 2,4 % mais il faut distinguer le conventionnel du biologique. Les aliments bio sont en effet nettement plus chers que le conventionnel et que leur part progresse chaque année. En 2018, ce n’est pas tellement le bio qui a augmenté, (+0,8 % ou 4 €/t), mais bien le conventionnel avec une hausse de 14 €/t, soit 4,2 %.

« Si les tendances actuelles se maintiennent, les perspectives de 2019 sont plutôt stables voire à la baisse », analyse le directeur.

Quelques matières premières sous la loupe

Eric Walin : « On a connu une très grande volatilité de 2000 à 2015 et une certaine stabilité depuis. Aujourd’hui, on voit que les « déshydratés » sont particulièrement chers (au 5 avril, les pulpes sont à 235€/t et la luzerne à 228 €/t. Ce sont des marchés de niche (luzerne et pulpes).

Les céréales – le blé surtout – sont plus élevées (193 €/t) mais nettement plus bas que le pic spectaculaire de fin août 2018. « Si nous pouvons baisser aujourd’hui le prix des aliments, c’est parce que ce pic se tasse. »

Quant aux protéines, leur prix a baissé par rapport aux deux dernières années (le soja est à 339 €/t et le colza à 242 €/t).

M. Walin conclut en abordant le marché des matières premières bio. « Il reste explosif ! Opaque, le marché est réduit, fort régional. La demande a d’ailleurs très fort augmenté du fait d’une excellente moisson en 2018, tant en quantité qu’en qualité. »

Il craint toutefois qu’à terme, tous les opérateurs, même ceux qui le décrient, veulent faire vendre du bio. « Cela pourrait mener à de nombreux scandales et donc à une certaine volatilité explosive ! »

P-Y L.

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